Après l’annulation de sa condamnation, Bill Cosby est libéré de prison

Après l’annulation de sa condamnation, Bill Cosby est libéré de prison

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Par Marion Olité

Publié le

L’acteur avait été condamné pour une agression sexuelle, sur une soixantaine d’accusations tombant dans la prescription.

L’ancienne star du Cosby Show aura passé moins de trois ans derrière les barreaux. Reconnu coupable d’agression sexuelle en 2018 par un jury populaire de Pennsylvanie, Bill Cosby, 83 ans, a vu sa condamnation (pour trois à dix ans de prison) annulée par la Cour suprême de Pennsylvanie mercredi 30 juin. Il avait été reconnu coupable d’avoir drogué et agressé sexuellement Andrea Constand, une femme invitée à son domicile en 2004. Mais la Cour suprême a annulé cette condamnation pour vice de procédure. Le premier procureur en charge du dossier ne l’a en effet pas poursuivi au pénal mais a incité Bill Cosby à témoigner dans une autre procédure, au civil, intentée par la plaignante.

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Un accord verbal protégeant l’acteur d’une nouvelle accusation au pénal sur la même affaire avait alors été passé en 2005 entre Cosby et le procureur Bruce Castor. Or il n’a pas été respecté, car le témoignage en question a été retenu contre lui en 2018 par un nouveau procureur, ont expliqué les magistrats. Les droits constitutionnels de Bill Cosby n’ont pas été respectés selon ces derniers. 

“Le poids collectif de ces considérations a conduit le procureur Pastor à conclure que, à moins que Cosby n’avoue, il n’y avait pas suffisamment de preuves crédibles et admissibles sur lesquelles toute accusation contre M. Cosby liée à l’incident avec Andrea Constand pourrait être prouvée au-delà de tout doute raisonnable”, stipule le nouveau jugement.

Au total, depuis le début des années 2000, c’est plus de 60 femmes qui ont témoigné avoir été victimes de tentatives de viols, viols et agressions sexuelles, avec un modus operandi similaire, à savoir l’invitation dans la demeure de Bill Cosby, puis la drogue et l’agression sexuelle quand elles ne sont plus en mesure de se défendre. Les faits s’étendent du milieu des années 1960 à la fin des années 2000. Malgré les nombreuses tentatives d’inculpations de Bill Cosby, au final seul le dossier d’Andrea Constand avait pu être retenu, les autres étant couvertes par les délais de prescription ou le manque de preuves matérielles. La condamnation de Bill Cosby en 2018 représentait l’une des rares (et la première) victoires judiciaires du mouvement Me Too.

Lancé en octobre 2017 dans l’industrie hollywoodienne à la suite de l’affaire Weinstein, il avait vu de nombreuses actrices témoigner d’agressions sexuelles et de violences sexistes, avant que le mouvement de libération de la parole des femmes n’atteigne toutes les strates de la société, enfin presque toutes. Visiblement, l’appareil judiciaire, censé rendre officiellement la justice, a plus d’un tour dans son sac pour protéger les personnes puissantes et leur éviter la case prison, malgré l’amoncellement de témoignages. Les condamnations suite au mouvement Me Too se font en effet extrêmement rares. 

De son côté, Bill Cosby a célébré sa libération sur Twitter avec ces mots : “Je n’ai jamais changé ma position ni mon histoire. J’ai toujours affirmé mon innocence. Merci à tous mes fans, supporters et amis qui m’ont soutenu durant cette épreuve. Un remerciement spécial à la Cour suprême de Pennsylvanie pour avoir fait respecter l’état de droit.” 

On rappelle que Bill Cosby n’a pas été reconnu innocent par la justice, sa condamnation a été annulée pour vice de procédure.