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La star de la NBA Russell Westbrook va produire un docu-série sur le massacre de Tulsa

La star de la NBA Russell Westbrook va produire un docu-série sur le massacre de Tulsa

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Par Delphine Rivet

Publié le

Le lynchage de la population noire de cette ville des États-Unis en 1921, a récemment été remis en lumière par la série Watchmen.

Les 31 mai et 1er juin 1921, dans la ville de Tulsa dans l’Oklahoma, la population noire du quartier prospère, appelé le Black Wall Street, va subir un déchaînement de violences sans précédent. En plus des habitants lynchés et des maisons et commerces pillés et incendiés, on estime aujourd’hui que le nombre de morts s’élève à des centaines. Un événement tragique, paroxysme de la haine raciale qui gangrène les États-Unis, qui fera bientôt l’objet d’un docu-série produit par Russell Westbrook, star de la NBA et le réalisateur de documentaires Stanley Nelson.

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Intitulée Terror in Tulsa: The Rise and Fall of Black Wall Street, la série documentaire est décrite comme “un regard urgent et qui prête à réfléchir sur les lignes sociales, économiques et politiques qui divisent le pays”. Pour son réalisateur, Stanley Nelson, “L’histoire de Tulsa révèle un chapitre essentiel de l’expérience américaine, qui a conduit à ce moment. C’est une histoire qui doit être traitée avec dignité, ancrée dans l’authenticité culturelle et dépeinte avec un souci de précision historique pour véritablement comprendre l’impact qu’elle a eu sur notre nation.”

Presque oublié des livres d’histoire, le massacre de Tulsa a récemment été remis en lumière par la série Watchmen, qui a fait de la nuit de lynchages sa scène d’introduction. Le déferlement de haine de cette nuit de juin 1921 serait parti, selon les enquêtes, d’accusations d’agression sexuelle à l’encontre d’un jeune homme noir, Dick Rowland. En réalité, ce cireur de chaussures, en entrant dans l’ascenseur d’un bâtiment où se trouvaient les seules toilettes du quartier réservées aux Noirs, aurait trébuché et malencontreusement marché sur le pied de l’opératrice, blanche, nommée Sarah Page.

La rumeur d’agression sexuelle fait vite le tour de la ville et une expédition punitive s’organise. Le quartier sera mis à feu et à sang par les résidents blancs. Pillages, incendies et mises à mort des habitants noirs (femmes et enfants compris) s’ensuivent. Des avions normalement réservés à l’épandage des champs sont également mobilisés et balancent des bombes depuis le ciel. À ce jour, beaucoup de corps n’ont pas été retrouvés (selon les témoins de l’époque, certains auraient été jetés dans la rivière, d’autres mis dans des fosses communes). Aucun responsable blanc n’a été inquiété par la justice et aucune victime ou descendant·e de victime n’a été officiellement dédommagé·e.

Depuis deux décennies, des associations tentent de faire la lumière sur ce massacre à caractère raciste, à coups de commissions, d’enquêtes et d’incitations à lancer des recherches pour retrouver les corps et à envisager des réparations financières pour les survivant·e·s ou leurs descendant·e·s, mais les dossiers ont souvent été relégués au fond du tiroir par les autorités. Depuis 2018, cependant, le maire de Tulsa a ordonné des fouilles archéologiques pour retrouver les fosses communes.

La diffusion, en octobre dernier, de la série Watchmen sur HBO (sur OCS, en France) a aussi permis de sortir cette nuit tragique du relatif oubli dans lequel les institutions américaines l’avaient plongée. La vague de colère qui traverse actuellement les États-Unis, suite au meurtre de George Floyd par un policier, n’est qu’un triste rappel, s’il en fallait, que la haine raciale est toujours bien présente dans nos sociétés occidentales.