On a classé (objectivement) les huit saisons de Dexter

On a classé (objectivement) les huit saisons de Dexter

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Retour sur les aventures sanglantes du tueur en série qui se prenait pour un justicier.

#1. Saison 4, la plus sanglante

Demandez à n’importe quel·le fan de Dexter quelle est sa saison préférée, il y a de fortes chances que celui ou celle-ci vous réponde que ça se joue entre la 1 et la 4, celle du Trinity Killer. Son nom est resté dans la mémoire collective comme l’un des adversaires les plus iconiques de notre anti-héros, arborant le visage de l’innocence (non) de son charismatique interprète, John Lithgow. L’acteur est d’ailleurs reparti avec un Emmy dans les poches pour son incroyable performance.

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Dexter traquait initialement ce nouveau tueur sur son territoire – ce dernier sévissait pourtant depuis des décennies. Mais il va longtemps tergiverser sur le sort à lui réserver. Découvrant que le Trinity Killer, aka Arthur Mitchell, mène depuis tout ce temps une parfaite petite vie de famille bien rangée, Dexter va le prendre en exemple… avec le résultat que l’on connaît.

Cette saison est le parfait équilibre entre une tension parfaitement distillée, de l’action, et du “character development” comme on aime. Impossible aussi d’oublier ce final sanglant : après s’être finalement débarrassé de son ennemi, Dexter découvre sa femme tuée par le Trinity Killer, gisant dans son bain, et son jeune fils, par terre, seul, dans une flaque de sang. Une image terrible qui évoque immanquablement le passé de Dexter, et qui boucle la boucle. Born in blood. Cette saison 4 aurait pu (aurait dû ?) être la toute dernière de la série. (D. R.) 

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#2. Saison 1, la plus iconique

Aux origines du mal, la toute première saison de Dexter a forcément une place toute particulière dans notre cœur. Elle est celle qui, par définition, a tout déclenché et l’engouement pour Dexter Morgan ne faisait alors que commencer. Michael C. Hall avait réussi sa reconversion depuis Six Feet Under pour devenir un véritable sex-symbol, et on se mettait à vouer une adoration presque malsaine à ce serial killer doté d’un code de conduite. Directement adaptés des romans éponymes de Jeff Lindsay, ces douze premiers épisodes sont une immersion sous haute tension dans la tête du tueur.

La série nous régale aussi en explorant sa relation avec sa sœur Debra et celle, plus compliquée, qu’il entretient avec son père adoptif décédé, tout en jouant allègrement avec le schéma du chasseur chassé. Dexter, comme à chaque saison qui suivra, trouve ici un adversaire de taille en la personne du Ice Truck Killer, et nous gratifie d’un des plus grands twists de la série : le psychopathe n’est autre que son frère, Rudy. Le choc est encore présent quinze ans après. (D. R.) 

#3. Saison 2, la plus parano

Pas facile tous les jours d’être le serial killer le plus booké de Miami. Dexter a à peine le temps d’évacuer sa culpabilité d’avoir refroidi son frère qu’il doit gérer plusieurs nouvelles menaces d’un coup. Il devient le suspect numéro 1 pour Doakes et Lundy, un nouvel inspecteur chevronné qui séduit immédiatement Debra et ses “daddy issues”, qui déduit bien vite que le Bay Harbor Butcher est probablement un membre de sa brigade. Pour ne rien arranger, Dexter joue un jeu dangereux avec la vénéneuse Lila, une artiste portée sur les effets pyrotechniques.

Ça fait beaucoup, et encore on vous épargne les détails. On retiendra surtout de cette saison le grand frisson causé par l’étau qui se resserre de toute part sur notre serial killer. Alors oui, les scénaristes ont peut-être été pris à leur propre piège dans le final, n’ayant d’autre choix que de buter Doakes puis Lila, mais cette conclusion avait un sacré panache ! (D. R.) 

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#4. Saison 3, la plus politique

Dur dur de passer après deux saisons d’excellente facture ! Dexter commençait à montrer des signes d’essoufflement. Pourtant, pour la première fois, notre anti-héros tuait quelqu’un en légitime défense, sans jamais avoir eu la certitude de sa culpabilité et se trouvait donc en parfaite violation du code moral enseigné par son père. Voilà une zone grise intéressante que la série n’avait pas encore vraiment explorée.

Malheureusement, cette saison consacrait aussi beaucoup de temps à la relation perverse, de mentor à élève et plus si affinités, entre Dexter et l’assistant du procureur, Miguel Prado (incarné par le toujours très juste Jimmy Smits). Encore moins enthousiasmant, le “tueur” de la saison, pourtant affublé du sobriquet prometteur “The Skinner” (“l’écorcheur”), ne restera pas dans les mémoires.

Mais cette saison 3, c’est aussi celle où Dexter apprend qu’il va être papa et demande Rita en mariage dans la foulée. Une des grandes qualités de la série fut de faire clasher les noirs desseins de son héros avec son désir, assumé ou non, d’une vie de famille bien plan-plan. (D. R.) 

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#5. Saison 7, la plus vénéneuse

Après deux saisons plutôt moyennes, Dexter finit par retrouver un nouveau souffle dans son avant-dernière saison, et une adversaire à sa mesure en la personne d’Hannah McKay, incarnée par Yvonne Strahovski. Cette empoisonneuse en série est démasquée par le serial killer et elle correspond en tout point au code de Harry. Mais au lieu de la tuer, Dexter préfère en tomber amoureux et avoir des relations sexuelles avec elle sur sa table de boucher (aussi gênant que hot) !

Il faut dire que, contrairement à l’imprévisible et très wild Lila, qu’il avait mise hors d’état de nuire en saison 2, Hannah est beaucoup plus raisonnable dans ses meurtres. Elle n’en tire pas de plaisir particulier, elle tue par nécessité, quand elle se sent menacée. Ce personnage aussi problématique et fascinant possède une origin story qui explique en partie sa façon de penser.

En quelques épisodes, Hannah devient une sorte de pendant féminin de Dexter. La saison voit aussi les relations avec Debra se complexifier. Cette dernière est en plein dilemme moral, ayant maintenant connaissance des agissements meurtriers de son frère. On ne se souvient en revanche pas vraiment du big bad de cette saison, clairement sauvée par ses personnages féminins. (M. O.) 

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#6. Saison 6, la plus religieuse

Pas franchement mémorable, cette saison 6 voit notre tueur en série préféré faire face à des figures religieuses fanatiques. Eh oui, il fallait bien que ça arrive. Le grand méchant a plus d’un tour dans son sac : on le pense incarné par Edward James Olmos (difficile d’imaginer ce bon vieux capitaine Adama de Battlestar Galactica en tueur de sang-froid, mais passons), mais en réalité, le “Tueur du jugement dernier”, dont le but est de provoquer “la fin du monde” à travers une succession de meurtres, était un de ses disciples, Travis Marshall (Colin Hanks).

Cette saison est aussi celle qui mène à un final explosif : de plus en plus soupçonneuse des activités de son frère, Debra finit par surprendre Dexter en flagrant délit, penché sur le corps de Travis. Leur relation a déjà pris un tournant des plus étonnants quand la policière – consultant une psy après sa rupture avec Quinn – réalise qu’elle est peut-être amoureuse de son frère adoptif !

La saison 7 continuera d’explorer cet amour impossible, plus que perturbant. Même si les deux ne possèdent pas de lien de sang, la série s’aventure sur le terrain de l’inceste, au moins symboliquement. Avec le recul, cet arc narratif “romantique” n’était pas exactement nécessaire et semble un peu sorti de nulle part : on avait déjà très bien compris, dès la saison 1 en fait, qu’entre ces deux-là, c’était à la vie, à la mort, et que Debra aimait son frère jusqu’au sacrifice. (M. O.)

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#7. Saison 5, la plus laborieuse

À la décharge de cette cinquième saison, il faut avouer qu’il est compliqué de passer après une saison 4 qui bouclait la boucle et correspondait à celle du départ du showrunner historique, Clyde Phillips, de retour pour le revival attendu à compter du 7 novembre prochain sur Showtime.

Imaginez vous lancer dans une nouvelle saison alors que la précédente a brillamment apporté une conclusion pleine de sens et d’effroi à toute la série ? Le défi est quasiment impossible. Cette saison 5 est donc celle de la reconstruction pour Dexter, père veuf qui tente de se remettre de la perte de Rita, de vivre avec la culpabilité de savoir qu’il est en partie responsable de la mort de la mère de son fils.

Notre anti-héros va croiser le chemin de Lumen (Julia Stiles), une femme comme lui en reconstruction, pour une tout autre raison. Survivante de viols répétés et séquestration, elle est secourue par Dexter, qui finit par lui avouer son secret. Le duo, devenu amants, va se venger du groupe d’hommes responsables du sévisse enduré par Lumen et treize autres femmes. Une saison dark au possible, mais qui va permettre à Dexter comme à Lumen de revenir vers la lumière. (M. O.)

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#8. Saison 8, la plus WTF

Si vous voulez notre avis, la série Dexter aurait été un chef-d’œuvre si elle s’était arrêtée à sa saison 4. Mais Showtime en a décidé autrement, et sur la fin, la série si brillante et dérangeante des débuts n’est plus que l’ombre d’elle-même. On a compris depuis belle lurette que les scénaristes aimaient trop leur anti-héros – en grande partie grâce à l’interprétation sans fausse note du magnétique Michael C. Hall – pour le mettre véritablement en danger et que ni la mort ni la prison ne l’attendaient au bout de cette histoire. Mais alors, pour conserver un minimum de semblant d’enjeux dramatiques, ce sont les proches de Dexter qui doivent trinquer.

Dans cette saison 8, on croise donc de nouveaux tueurs oubliables, Charlotte Rampling dans le rôle d’une docteure énigmatique qui en connaît un rayon sur les origines de Dexter, mais surtout, on perd le cœur de la série, Debra Morgan. En perdition depuis qu’elle s’est retrouvée dans la position de devoir tuer (Laguerta) pour protéger son frère, elle finit par être victime du tueur Oliver Saxon (oui, on l’a toutes et tous oublié !).

C’est Dexter qui abrège ses souffrances en la débranchant et qui la porte jusqu’à son bateau pour nous emmener vers ce final honni de tou·te·s composé de deux temps : une tempête en CGI à laquelle personne ne croit, puis cette scène dans laquelle on découvre que notre marin expert Dexter a survécu et se terre dans une petite ville américaine avec sa barbe et une nouvelle activité : bûcheron.

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Sept ans plus tard, la série, qui représentait un apogée de l’âge d’or des anti-héros, est restée dans les mémoires pour avoir une des pires fins de l’histoire des séries. Sa suite, Dexter: New Blood, réussira-t-elle à rectifier un minimum le tir ou va-t-elle remuer le couteau dans la plaie ? Encore un petit mois de patience. (M. O.) 

Un article écrit par Delphine Rivet et Marion Olité.