Inventing Anna : comment Netflix a permis à la vraie Anna Delvey de sortir de prison

Inventing Anna : comment Netflix a permis à la vraie Anna Delvey de sortir de prison

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©Netflix/@picture alliance/Contributeur

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Par Marion Olité

Publié le

Netflix a payé des droits à la fausse héritière pour raconter sa vie en série.

Lancée le 11 février dernier sur Netflix, la série Inventing Anna met en scène la vie palpitante d’Anna Delvey, en réalité Anna Sorokin, une jeune femme née en Russie et naturalisée allemande, qui s’est fait passer entre 2013 et 2017 pour une riche héritière venue d’Allemagne, arnaquant des centaines de milliers de dollars à la bonne société new-yorkaise. À fond dans son fantasme, elle s’était mis en tête de créer la “Fondation Anna Delvey”, dédiée à l’art contemporain. Finalement, la jeune femme a été arrêtée et condamnée à de la prison, le tout avant ses trente ans (chacun·e son projet !). La série de Shonda Rhimes raconte toute cette période, mais pas la suite ! Or, elle est toute aussi folle et méta, et concerne les coulisses du projet.

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C’est en 2018 que Netflix et Shonda Rhimes acquièrent les droits d’adaptation d’une enquête du New Yorker, intitulée “How Anna Delvey Tricked New York’s Party People” et réalisée par la journaliste Jessica Pressler. Avec sa team créative, la créatrice de Scandal et Grey’s Anatomy s’attelle à la tâche d’adapter cette histoire rocambolesque pour la plateforme. Pendant ce temps-là, l’histoire dans la vraie vie n’est pas tout à fait terminée. Anna Sorokin a été arrêtée en octobre 2017, mais le temps que son procès ait lieu et qu’on reconstitue le puzzle, elle est condamnée pour vol aggravé par la Cour suprême de Manhattan en avril 2019.

Elle encourt quatre à douze ans de prison. Et elle finit par purger sa peine à Rikers Island puis à la prison de femmes de Bedford Hills, à partir du 15 mai 2019. Là, selon un fonctionnaire de l’administration pénitentiaire, elle aurait commis une dizaine d’infractions, comprenant “des bagarres et de la désobéissance aux ordres”. Elle aurait ainsi passé du temps en isolation. On se croirait tout à coup dans un spin-off d’Orange Is The New Black

Libérée, délivrée

Finalement, Netflix a contacté Anna Delvey, et convenu avec elle de lui verser 320 000 dollars pour l’adaptation de son histoire. Dans un premier temps, la justice américaine a refusé de lui donner accès à ses fonds, en vertu de la loi “Son of Sam”, selon laquelle un·e criminel·le ne peut pas profiter d’un gain financier grâce à ses crimes. Mais finalement, étant donné qu’elle était condamnée à une amende de 24 000 dollars et de 199 000 dollars de dommages et intérêts, un juge a ordonné le déblocage de ses fonds. Et c’est donc grâce à l’argent versé par Netflix qu’Anna Sorokin a finalement pu être libérée, également pour bonne conduite (là, on ne comprend pas trop au vu de ce qui est raconté plus haut, mais ajoutons cela à la longue liste des mystères entourant la criminelle en col blanc) pas plus tard que le 11 février dernier.

Non, vous n’avez pas rêvé : c’est la même date que celle de la sortie de Inventing Anna sur la plateforme ! La suite ne sera pas non plus un long fleuve tranquille : elle n’a pas encore remboursé toutes ses dettes, et elle pourrait être expulsée dans les prochains jours d’Amérique vers l’Allemagne. En attendant, celle qui voulait être riche et célèbre a donné une première interview post-prison à Business Insider, qualifiant cette période derrière les barreaux “d’énorme perte de temps”

Si la série Inventing Anna lui aura permis de sortir de prison, cela ne veut pas dire que la principale intéressée l’a adorée pour autant. Elle a pu la visionner en avant-première quelques scènes de la série, avec une journaliste de Cosmopolitan, et craint que cette fiction “supplante la réalité”. Voici quelques-unes de ses pensées : “C’est étrange de regarder sa propre vie possédée par une autre personne. […] C’est comme si plein de personnes ayant croisé votre vie vous disaient ce qu’elles pensaient de vous, toutes en même temps. […]”. Au visionnage du trailer, elle lance en riant : “Je suis si insupportable que cela ? Je pense que je ne pourrai pas être amie avec moi-même.”