She-Ra et les princesses au pouvoir, un reboot féministe qui fait du bien

She-Ra et les princesses au pouvoir, un reboot féministe qui fait du bien

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Par Florian Ques

Publié le

Loin de sa version 80’s un brin rétrograde, la nouvelle She-Ra fait preuve d’une modernité frappante, dans la droite lignée de Steven Universe.

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C’est une évidence, chaque génération est marquée par les dessins animés qui ont bercé son enfance. Ces madeleines de Proust diffèrent selon les époques et les nationalités. Pour nos voisins d’outre-Atlantique, les 80’s ont par exemple été prises d’assaut par He-Man, connue en France sous le titre des Maîtres de l’Univers, centrée sur le héros du même nom, un grand gaillard tout en muscles déterminé à terrasser le grand méchant Skeletor. Vendue comme étant “pour les garçons”, la série a donné naissance à un spin-off plus coloré, plus “girly”, appelé She-Ra, la princesse du pouvoir.

Parce que même les séries d’animation ne résistent pas à la déferlante des reboots à tout-va, Netflix a décidé de faire revenir She-Ra sur le devant de la scène. Nouveau design, nouvelle équipe aux commandes et, surtout, nouvelle façon d’aborder les personnages qu’on a pu connaître. Pour ma part, étant un pur millennial (1994 représente), je ne suis que vaguement familier avec le She-Ra original. C’est donc avec un regard de néophyte que j’ai foncé tête baissée dans ce reboot… et je ne l’ai pas regretté une seule seconde.

Intitulée She-Ra et les princesses au pouvoir, cette nouvelle version reprend plus ou moins les mêmes éléments que la série mère. En l’occurrence, nous suivons les tribulations d’Adora, une jeune guerrière orpheline qui fait partie de la Horde. Lors d’une errance dans les bois, elle tombe sur une épée lumineuse façon Excalibur qui lui confère des capacités hors du commun et la transforme ainsi en She-Ra, une figure puissante qu’on croyait disparue.

Dans la foulée, Adora prend conscience qu’elle s’est longtemps battue pour le mauvais côté de la force, détruisant la nature et anéantissant des populations innocentes. Déterminée à se rattraper et à vaincre sa famille d’un temps, elle va devoir se trouver de nouveaux et nouvelles allié·e·s pour mener à bien sa mission et rétablir l’ordre à Etheria.

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En deux épisodes seulement (sur les treize que compte cette saison 1), She-Ra parvient à dresser les enjeux des divers personnages tout en détaillant avec brio son univers et les règles qui s’y appliquent, le tout couplé avec une animation traditionnelle (comprendre pas de 3D) qui fait plaisir aux yeux.

Concrètement, si l’on devait la comparer à d’autres séries animées de ces dernières années, ce serait des noms comme Steven Universe ou encore La Légende de Korra qui me viendraient à l’esprit. Pour leur dimension très fantasy, bien sûr, mais aussi pour leur approche progressiste de leurs héroïnes.

D’une part, le titre : le reboot de Netflix troque le singulier du She-Ra des années 1980 pour parler de princesses au pouvoir, au pluriel s’il vous plaît. À raison, puisque la nouvelle série fait la part belle à toutes les camarades de She-Ra. Les princesses en question, chacune maîtrisant un élément ou une aptitude particulière, sont étonnamment bien esquissées. Elles ont toutes des histoires qui leur sont propres, des motivations claires et définies sans pour autant que ça les rende trop lisses. En prime, leurs interactions sont creusées et nuancées, un peu comme Sailor Moon avait pu le faire dans les 90’s.

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Il y a zéro doute à avoir, She-Ra et les princesses au pouvoir est un reboot conçu à travers un prisme résolument féministe, perceptible notamment grâce à la diversité de ses personnages. D’emblée, en comparaison avec les princesses de la série des eighties, les nouvelles n’ont pas de silhouettes filiformes qui viennent rappeler les mannequins de Victoria’s Secret. Plutôt que cette uniformité des corps, les personnages du reboot ont des physiques variés, des couleurs de peau différentes… et même des orientations sexuelles qui changent, avec un couple LGBTQ+ présenté au fil de la saison, n’en déplaise aux fervents adorateurs de la Manif pour tous.

Bien que la série soit composée à 80 % de protagonistes féminins, les rares hommes de la série animée sont bien traités, à l’instar de Bow, l’acolyte dynamique d’Adora à l’optimisme écrasant. L’ennemi, une créature ténébreuse nommée Hordak, s’avère d’ailleurs être un homme, rendant le parallèle avec la force du féminisme vs. le patriarcat évident. Quand on comprend que c’est Noelle Stevenson qui pilote She-Ra et les princesses au pouvoir, tout cela prend son sens. Cette dernière est notamment l’une des créatrices de The Lumberjanes, une série de comics fantasy décalée et très focalisée sur ses personnages féminins.

Autrement dit, si la plateforme de streaming excelle dans l’animation pour adultes avec BoJack Horseman ou encore Big Mouth, Netflix prouve une nouvelle fois qu’elle est aussi douée pour produire des séries animées destinées aux plus jeunes. She-Ra et les princesses au pouvoir est exemplaire, aussi bien de par son storytelling que par le traitement juste, équilibré et socialement pertinent de ses nombreux protagonistes. Bien que son côté “girly” puisse en rebuter certains, il serait dommage de s’arrêter à ça car She-Ra a des choses à dire et elle le fait très, très bien. Comme quoi, un reboot, ça n’est pas toujours une mauvaise chose.

La première saison de She-Ra et les princesses au pouvoir est disponible dès maintenant sur Netflix.