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Sans Rick Grimes, The Walking Dead continue de (sur)vivre

Sans Rick Grimes, The Walking Dead continue de (sur)vivre

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© Gene Page/AMC

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Par Adrien Delage

Publié le

La saison 9 du show zombiesque s'est terminée sur un épisode neigeux et de belles promesses pour la suite.

Des saisons inégales, des pertes d’audience drastiques, des vétérans qui se font la malle à la pelle, des haters qui se comptent par dizaines de milliers… Après neuf saisons, The Walking Dead continue d’évoluer sur un fil d’acrobate qui ne cesse de se rétrécir à mesure que les années passent. Et pourtant, le noyau dur de fans est toujours présent, sous l’impulsion d’une nouvelle showrunneuse qui a su relever le niveau et orchestrer une saison 9 plus que convaincante, car porteuse d’espoir voire de rédemption.

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Angela Kang a opéré plusieurs changements appuyés dans la série, quitte à froisser les aficionados de The Walking Dead. Il faut dire que le business et son équipe ne lui ont pas rendu la tâche aisée, dont Andrew Lincoln et Lauren Cohan, partis vers d’autres horizons. Mais la showrunneuse, productrice et scénariste depuis la saison 3, s’est battue de front en misant sur ses atouts : les personnages féminins, l’arrivée des Chuchoteurs et une sacrée dose d’audace avec le diptyque “The Calm Before” et “The Storm”.

Des femmes au pouvoir

© Gene Page/AMC

Avec le mâle alpha Negan recroquevillé dans une cellule et Rick Grimes à bord d’un hélicoptère destination “une trilogie filmique The Walking Dead, Michonne, Carol, Tara (pour un temps, RIP) et Alpha ont pris le lead. Quatre personnages féminins capables de prendre des décisions difficiles, quitte à se fâcher avec leur communauté. C’est le cas de Michonne et son règne basé sur une sorte de protectionnisme extrême, afin de prendre soin de sa famille et éviter tout risque qu’un nouvel intrus ne la trahisse.

On pense aussi à Carol – pardon, à la reine Carol –, mise sur un pied d’égalité avec Ezekiel au Royaume. Le souverain de ce peuple ne prenait plus une seule décision sans l’aval de sa bien-aimée, qui a malgré elle entraîné la mort de leur fils adoptif Henry. Impossible de ne pas évoquer aussi l’assurance et l’optimisme de Tara, qui lui ont coûté la vie. Sa mort nous rappelle au passage qu’être leader de la Colline est un poste décidément bien dangereux. Bref, dans la saison 9, les femmes brillent, souffrent, commettent de terribles erreurs et en assument les conséquences comme n’importe quel leader, normalisant les valeurs et les dérives du pouvoir quel que soit le sexe de celui ou celle qui le détient.

The Walking Dead a également son premier et véritable antagoniste féminin dans cette saison, avec l’arrivée d’Alpha et ses Chuchoteurs. Diabolique, calculatrice et impitoyable, la mère de Lydia est une ordure de la pire espèce, à mettre sur un pied d’égalité avec le Negan d’une autre époque. On retiendra principalement sa tuerie de l’épisode “The Calm Before” en summum d’atrocités, plus subtil mais tout aussi choquant que le “Am, stram, gram” macabre de l’homme à la batte. À travers ces profils complexes et étoffés de femmes, Angela Kang ne dit pas que les femmes sont fortes, mais qu’elles sont tout court, qu’importe si elles ont choisi de suivre la voie du bien ou du mal au beau milieu d’une apocalypse zombie.

Des prises de risque assumées

© Gene Page/AMC

Entre l’inutilité des Scavengers, la stupidité d’écriture des survivants principaux ou cette biche pixélisée devenue culte bien malgré elle, Scott M. Gimple a remis à Angela Kang les clés d’un appart saccagé après une rave décadente de trois ans. Pour remédier à ces inepties et redonner du peps à une série “mort-vivante”, la showrunneuse a opté pour un mélange savant mais risqué : revenir à la source des comics et d’une histoire où les zombies sont une menace de tous les instants, et tenter de nouvelles choses tout en évitant de balayer huit années de mythologie.

Outre les femmes, Angela Kang a redonné de la vigueur et du caractère à Daryl, qui en avait bien besoin après ses chamailleries enfantines avec Rick. L’effort peut sembler logique quand on connaît la popularité de l’arbalétrier auprès des fans, mais Angela Kang ne s’est pas contentée de lui regraisser les cheveux et de le faire grogner. Elle a donné à Norman Reedus de vrais dialogues, une forme de paternité vis-à-vis d’Henry et Lydia, et surtout apporté une profonde mélancolie à ce personnage qui parvient difficilement à faire son deuil de Rick, symbolisé par l’aile droite effacée de sa veste.

Le deuxième risque pour la showrunneuse, c’était d’ajouter des personnages secondaires pour pallier les gros départs des vétérans. Si le groupe de Magna n’est pas franchement passionnant à suivre, deux survivants tirent leur épingle du jeu. On pense à Luke, nouveau comic relief qui fait du bien à une série qui avait tendance à se prendre trop au sérieux depuis quelques saisons.

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Mais notre coup de cœur se porte sur Connie, personnage malentendant et ô combien attachant, campé par une actrice lumineuse (et elle-même handicapée), porté par une mise en scène minutieuse, qui se penche sur ses méthodes de communication et s’attarde à lui donner de la voix plutôt que de la laisser dans le silence. Un effort de diversité à souligner, pour une série qui parle tout de même à l’origine de rednecks blancs de Géorgie face à des morts-vivants.

Enfin, Angela Kang est allée emprunter quelques idées au spin-off, plus décomplexé depuis la saison 3. Après la tornade de Fear The Walking Dead, l’épisode “The Storm” a lui aussi accueilli une catastrophe naturelle sous la forme d’un blizzard. Une situation encore jamais explorée dans la série mère, qui se prête aussi au jeu du clin d’œil à sa plus grande rivale en termes de popularité, deux semaines avant le début de son dénouement. L’hiver est là dans Game of Thrones et The Walking Dead, pour sceller le sort de la série dans le premier cas et pour la faire renaître de ses cendres flocons dans le second.

Une mythologie toujours en expansion

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C’est à la fois la plus grande force et la plus grande faiblesse de The Walking Dead : son cycle narratif qui recommence éternellement. Trouver un endroit sûr, le rendre habitable, être envahi, tuer l’envahisseur ou fuir vers un autre havre de paix… La saison 9 n’échappe pas à la règle avec l’arrivée des Chuchoteurs et la chute du Royaume, mais en tant que fan, c’est aussi la culture de ce mystère qui nous retient et fait que l’on reste accro à la série. Qui seront les futures communautés ? Qui pour remplacer le Gouverneur, les Cannibales, Negan et Alpha ? Nos survivants vont-ils réussir à rebâtir la civilisation et exterminer les rôdeurs de la planète ?

Tant de questions qui trouveront probablement toujours pour réponses des points de suspension, mais qui participent toutefois à l’expansion de la mythologie The Walking Dead. Plutôt que de conclure la saison 9 avec le cliffhanger violent et sanglant de “The Calm Before”, Angela Kang a opté pour le mystère et la surprise de “The Storm” : qui se cache derrière l’appel radio du poste d’Ezekiel ?

AMC et l’équipe de la série ont donc choisi la voie de la théorie pour tenter de ramener un peu de hype et d’attente autour de la dixième saison du show, déjà validée par la chaîne. Selon nous, la voix de la radio ne peut appartenir qu’à quatre personnages, même si la série pourrait encore prendre des libertés avec les comics :

  • Rick Grimes : le moins probable, mais assurément le plus excitant. Beaucoup pensaient qu’Andrew Lincoln reviendrait à la fin de la saison 9, mais le shérif de The Walking Dead a définitivement quitté la série. En revanche, rien n’empêche AMC de commencer à teaser via la série la trilogie filmique qui viendra conclure l’arc narratif de Rick et débutera en 2020, afin de drainer le plus de spectateurs possible.
  • Maggie Greene : on le sait, et malgré ses infidélités à la série zombiesque, Lauren Cohan reviendra dans la saison 10. Son départ précipité n’a toujours pas été expliqué dans le show et Angela Kang devra tôt ou tard justifier l’abandon de la Colline par Maggie. En attendant, la voix de la radio semble féminine et la fiancée de Glenn a peut-être trouvé une puissante communauté sur son chemin.
  • Georgie : voilà qui nous amène à notre troisième possibilité, Georgie. Apparue très brièvement dans la saison 8, cette ancienne institutrice est à la tête d’un groupe énigmatique mais qui s’est donné pour mission de rebâtir une forme de civilisation. Elle avait confié à Maggie un ouvrage permettant de construire des machines primaires pour l’agriculture et l’élevage contre une poignée de disques. L’ex-leadeuse de la Colline s’est peut-être rendue dans la communauté de Georgie afin d’en apprendre plus ou de s’éloigner de souvenirs trop douloureux.
  • Stephanie (attention, spoilers potentiels) : si Georgie ne remplit pas ce rôle en saison 10, alors Stephanie, personnage existant dans l’œuvre de Kirkman et Adlard, s’en chargera. Elle est membre d’une gigantesque communauté baptisée le Commonwealth, où cohabitent plus de 50 000 individus. Ils sont possiblement propriétaires du fameux hélicoptère aperçu à plusieurs reprises dans la série, qui a notamment emmené Rick et Jadis au milieu de la saison 9. Dans les comics, c’est une société élitiste, opposante parfaite d’Alpha et ses Chuchoteurs, qui tente de vivre dans l’opulence malgré la présence des zombies.

En France, la saison 9 de The Walking Dead est disponible sur OCS Go.