Vinland Saga, une épopée sanglante et époustouflante dans la mythologie viking

Vinland Saga, une épopée sanglante et époustouflante dans la mythologie viking

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Ⓒ Wit Studio

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Par Adrien Delage

Publié le

Après L'Attaque des Titans, Wit Studio frappe fort une nouvelle fois avec l'adaptation du manga de Makoto Yukimura.

The Promised Neverland, Mob Psycho 100 II ou encore Dr. Stone se distinguent parmi les nouveaux animes les plus prometteurs de 2019. Mais la dernière production de Wit Studio, à qui l’on doit notamment L’Attaque des Titans et The Ancient Magus Bride, va complètement rebattre les cartes. Longtemps réputé inadaptable pour sa complexité historique et narrative, ainsi que le trait virtuose de Makoto Yukimura, le manga Vinland Saga a finalement été transposé en anime grâce au travail herculéen du studio d’animation nippon, qui promet une épopée spectaculaire dans la mythologie viking après seulement trois épisodes diffusés.

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Le seinen se déroule peu de temps après que Leif Erikson, un explorateur islandais, s’aventure au-delà du Groenland pour découvrir les terres édéniques de l’Amérique, qu’il baptise alors Vinland (littéralement “la terre des vignes”). De retour sur son île natale, il s’installe dans une colonie menée par un illustre guerrier, Thors, qui a déserté l’armée du roi du Danemark, las des sempiternels conflits scandinaves et souhaitant mettre sa famille à l’abri de tout danger.

Malheureusement, son passé le rattrape lorsqu’une colonie viking du Wessex est massacrée par les Anglais. La troupe des Jomsvikings commanditée par le roi est alors chargée de le ramener lui et ses hommes en Norvège pour envahir la Grande-Bretagne. Mais Floki, le chef des Jomsvikings, rêve en secret de vengeance et engage le mercenaire Askeladd pour l’assassiner lors de son passage aux Îles Féroé. Pour ne rien arranger, son fils Thorfinn, âgé d’une dizaine d’années, s’est embarqué discrètement sur leur navire pour combattre aux côtés de son père.

Un Valhalla de couleurs

Ⓒ Wit Studio

Autant ne pas y aller par quatre chemins : Vinland Saga est un must-see rien que pour la beauté de ses dessins. Wit Studio a relevé l’insurmontable défi avec un panache à toute épreuve, transposant à merveille l’œuvre historico-fictive de Makoto Yukimura. À la croisée de Berserk et Kingdom, l’animation de la série est nerveuse et nous montre des visages réalistes. Malgré la galerie impressionnante de personnages, on ne se perd jamais tant le studio a été pointilleux sur les détails des faciès.

Le tour de force de Wit Studio se situe d’ailleurs au niveau des combats et des séquences d’action. Animation contemporaine oblige, les animateurs font souvent appel au numérique et à la 3D pour donner vie aux mouvements. Utilisés avec parcimonie grâce au réalisateur et spécialiste du genre Shūhei Yabuta (Overlord, L’Attaque des Titans), les effets de CGI se fondent parfaitement dans le décor, montrant toute la puissance des guerriers vikings sans jamais les ralentir ou les transformer en formes floues sur les plans larges. Un travail d’orfèvre qui fait honneur à la richesse des dessins du mangaka.

En tant que sériephile averti, on ne peut s’empêcher d’observer des similitudes avec la série Vikings de la chaîne History : même période, des figures historiques, les thématiques de l’exploration et de la violence… Pourtant, l’œuvre de Makoto Yukimura précède de plusieurs années le show créé par Michael Hirst (la première publication du manga au Japon remonte à 2005, alors que la série américaine a commencé en 2013). Reste que Wit Studio a forcément dû jeter un œil à Vikings, ne serait-ce que pour la scène d’introduction du pilote : une bataille sur les flots, avec des cadavres et des haches coulant au fond de la mer, qui rappellent le générique de la série.

Ⓒ Wit Studio/History

À gauche, l’introduction de <em>Vinland Saga</em>. À droite, le générique de la série <em>Vikings</em>. Simple coïncidence ou réelle source d’inspiration ? (Ⓒ Wit Studio/History)

Mais le grand plus de Vinland Saga, ce sont ses somptueux décors naturels, au service d’une poésie miyazakienne. Les représentations de l’Islande, de la Norvège ou des Îles Féroé, aperçues rapidement dans les trois premiers épisodes, et qui évoquent régulièrement des tableaux pastel, flattent la rétine. Au-delà des thématiques de la guerre, la vengeance, la politique et la religion, l’anime nous offre aussi une fresque qui donne vie aux sagas islandaises d’antan, du Flateyjarbók à celle d’Erik le Rouge en passant évidemment par celle des Groenlandais.

D’ailleurs, le réalisateur Shūhei Yabuta et le scénariste Hiroshi Seko (Ajin, L’Attaque des Titans) ont fait le choix d’un cycle romanesque qui prend son temps. L’anime est assez verbeux dans ses premiers épisodes et s’aventure quelques fois dans une narration non-linéaire, afin de permettre au spectateur de s’imprégner d’une mythologie touffue et de personnages complexes qui ne sont pas régis par les clichés habituels des Vikings. Le meilleur exemple étant Thors, qui a refusé la gloire de guerroyer, et donc l’honneur de festoyer à la table d’Odin au Valhalla après sa mort, pour mener à la place une vie paisible auprès de sa famille et de son peuple.

Les lecteurs du manga le savent et comprendront rapidement que l’anime a considérablement rallongé le prologue pour permettre une adaptation compréhensible et accessible de cet univers. On sait que le cadre tragique de l’histoire va rapidement évoluer pour se concentrer sur Thorfinn et sa quête de vengeance qui ne sont pas sans rappeler les grandes icônes du genre dans la pop culture, comme le Punisher et Beatrix Kiddo. Avec son souffle épique, son animation grandiose et ses héros attachants, Vinland Saga a tout de l’épopée onirique capable de remplacer L’Attaque des Titans et Vikings dans le cœur des fans à la suite de leurs annulations respectives.

En France, la première saison de Vinland Saga sera diffusée prochainement sur Amazon Prime Vidéo.