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Virgin River, l’équivalent d’un téléfilm de Noël… en série Netflix

Virgin River, l’équivalent d’un téléfilm de Noël… en série Netflix

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© Netflix

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Par Florian Ques

Publié le

Autrement dit, c'est bourré de stéréotypes, mielleux as fuck et pas original pour un sou. Mais on a regardé quand même.

On ne vous apprendrait rien en disant que Netflix ratisse large avec ses productions originales. Loin d’un HBO qui cultive une patte singulière reconnaissable sur ses moult projets, la plateforme états-unienne sait se montrer éclectique en s’adressant à des cibles aussi diversifiées que bien distinctes. Dans cette perspective, son catalogue regorge de séries modernes et progressistes (on pense à When They See Us ou encore Sex Education)… pour compenser pour ses autres fictions, plus rétrogrades et peu élaborées. Ainsi, dans le genre, Virgin River est un véritable cas d’école. Explications.

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Dans cette nouvelle série Netflix, notre héroïne s’appelle Melinda. Mel, pour les intimes. En quête d’un nouveau départ, Mel abandonne l’effervescence citadine de Los Angeles pour élire domicile à Virgin River, bourgade fictive isolée de Californie. En plus de fuir son passé (évidemment douloureux, vous l’aurez deviné), elle emménage ici pour épauler le seul médecin de la ville, ce dernier étant vieillissant et sans personne pour prendre sa relève. Mais tout ne se passe pas comme prévu.

D’une part, Melinda est d’emblée rejetée par le docteur auquel elle est censée venir en aide. Oui, c’est bien le genre de vieux schnock réfractaire à tout changement, d’autant plus s’il sent que son job est menacé. En plus de ça, la maison de bois pittoresque qu’on lui avait promise est en réalité un taudis nécessitant pas mal de rénovations. Mais malgré ces complications, une personne est là pour illuminer ses journées à Virgin River : Jack, le propriétaire du seul restaurant des alentours ouvert après 17 heures (oui, c’est précis et surtout ouvertement dit dès le premier épisode). Et au cas où vous vous poseriez la question, oui, Jack est beau gosse pour peu qu’on aime les daddies.

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Si ce pitch vous semble peu inspiré, c’est normal. À première vue, il évoque les innombrables téléfilms romantiques diffusés sur TF1 ou M6 en plein milieu d’après-midi. Et après avoir vu les trois premiers épisodes de Virgin River, c’est exactement la même sensation qu’on retrouve devant la série. Pour vous la faire courte, on alterne entre trouver cet univers familier terriblement réconfortant et vouloir se taper le crâne contre un mur tellement tout est téléphoné et ô combien gnangnan.

Pour info, Virgin River est l’adaptation d’une longue séries de romans, publiés sous le même titre et signés Robyn Carr. Et par longue, on parle ici de 21 volets, tous publiés entre 2007 et 2012. Autant dire que le matériau de base est quasi inépuisable et peut donner lieu à tout autant de saisons sur Netflix. Mais en a-t-on envie et/ou besoin ? Là est une tout autre question.

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Car, au-delà du fait que l’originalité soit aux abonnés absents dans ce début de saison, Virgin River fait appel à des clichés de genre et les solidifie. Bien qu’elle réussisse à susciter un minimum d’empathie grâce à la prestation d’Alexandra Breckenridge (This Is Us), Melinda est globalement insipide, sans doute parce qu’elle est constamment ramenée à sa condition de femme. Et quand elle ne l’est pas, c’est qu’elle interagit avec un homme.

Un homme qui s’avère très souvent être Jack, ce type tout droit sorti de bouquins à l’eau de rose (pour le coup, c’est le cas). Le hic, c’est que derrière son apparence de mec prétendument parfait, Jack n’a rien de si charmant. À maintes reprises, il s’immisce dans la vie de Mel, impose ses choix en prétextant vouloir son bien. Les trois-quarts du temps, lorsqu’ils partagent une scène ensemble, on ressort avec l’impression amère que Jack a eu l’ascendant sur elle tout du long. En soi, Virgin River reproduit des schémas patriarcaux dont on se passerait volontiers.

Des séries comme Virgin River, il y en a eu plusieurs ces dernières années. On pense à Cedar Cove ou encore Chesapeake Shores et elles ont toutes un postulat de base peu ou prou similaire : une femme, blanche et mince de préférence, débarque dans une petite ville et trouve l’amour en même temps qu’un sens à sa vie. C’est plat, convenu et dénué de tout propos sociétal, en somme. Quand on voit que Netflix reproduit ce sous-genre en 2019, on a un peu envie de crier au scandale. Ah, la dure loi de l’algorithme.

La première saison de Virgin River est disponible en intégralité sur Netflix.