Why Women Kill, la nouvelle série aguicheuse du créateur de Desperate Housewives

Why Women Kill, la nouvelle série aguicheuse du créateur de Desperate Housewives

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Ⓒ CBS All Access

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Par Florian Ques

Publié le

Marc Cherry revient dans le game des séries et entreprend d'explorer la colère féminine, toujours avec une dose d'humour.

Pour beaucoup de sériephiles né·e·s après 1990 comme moi, Desperate Housewives est une madeleine de Proust ultime comme on n’en fait plus. Elle renvoie à ces soirées devant M6, passées à scruter avec une fascination rare les tribulations des voisines névrosées de Wisteria Lane. Jusqu’ici, hormis Devious Maids (qui partage le même créateur), aucune série n’est parvenue à me procurer le même plaisir jouissif que Desperate Housewives. Certains ont essayé, comme Grand Hotel, mais personne n’égale avec justesse la patte de Marc Cherry.

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Alors on se dit que le mieux, c’est peut-être de miser sur ce dernier pour nous gâter avec une nouvelle série addictive du même acabit. Ça tombe bien, puisque Marc Cherry est de retour avec Why Women Kill. Diffusée sur la plateforme de streaming CBS All Access, cette production flambant neuve explore le quotidien de trois femmes qui ne se connaissent a priori pas. Leur point commun ? Toutes ont vécu sous le même toit, c’est-à-dire dans la même baraque à des époques différentes.

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En 1963, Beth Ann emménage avec son époux dans cette immense demeure luxueuse de Pasadena. Ménagère modèle, elle va vite prendre conscience que vivre dans l’ombre de sa moitié n’est peut-être pas le meilleur choix qu’elle puisse faire. Plus tard, en 1984, la très sociable Simone est effarée d’apprendre que son mari est homosexuel et voit son monde s’écrouler après cette découverte. Enfin, de nos jours, Taylor, avocate à qui tout semble réussir, voit sa vie de couple devenir instable alors que son petit ami et elle s’éprennent de la même jeune femme.

Si la fin inéluctable de Desperate Housewives vous avait fait un pincement au cœur et que, oui, l’annulation abrupte de Devious Maids a eu l’effet d’une douloureuse rupture, reprenez-vous. Parce qu’avec Why Women Kill, on a très certainement trouvé de quoi panser vos maux, pour la simple et bonne raison que cette nouvelle série signée Marc Cherry s’impose comme l’héritière directe de ses productions précédentes. Tonalité, esthétique, personnages, intrigues… tout est là pour vous happer.

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En soi, le showrunner copie-colle les schémas dont il a déjà fait usage par le passé. Les décors évoquent Wisteria Lane, avec une banlieue résidentielle qui y ressemble comme deux gouttes d’eau. Les trois personnages féminins font également écho aux femmes au foyer désespérées qu’on chérit tant : Beth Ann (incarnée par Ginnifer Goodwin de Once Upon a Time) se présente comme une Bree 2.0, tandis que Simone (Lucy Liu, qui semble réfractaire à tout signe de vieillissement) fait penser à Gabrielle Solis de par son appétence pour l’argent et le paraître. Pour ce qui est de Taylor, le personnage le plus contemporain joué par l’excellente Kirby Howell-Baptiste (Killing Eve, Veronica Mars), on a envie de la comparer à Lynette pour sa soif d’indépendance. Mais ce serait réducteur, puisque Taylor est assurément un personnage post-MeToo bien ancré dans son époque – la nôtre.

Au niveau des multiples storylines, déployées sur trois lignes temporelles distinctes donc, Why Women Kill s’attaque à des histoires qui auraient tout aussi bien pu se dérouler à Fairview. Cependant, il y a un parti pris bien plus ouvertement progressiste que dans Desperate Housewives, ne serait-ce qu’à travers le personnage de Beth Ann dont l’intrigue générale équivaut à un éveil de conscience féministe. Comme c’est du Marc Cherry, l’écriture n’est pas toujours très fine, mais le rendu final n’en est pas moins efficace grâce à un rythme de croisière maîtrisé.

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Globalement, comme dans toute œuvre de Marc Cherry, on n’a pas le temps de s’ennuyer. Pour ça, il faut remercier les gimmicks classiques du showrunner, que ce soit au niveau de la bande-son comme de ses répliques piquantes teintées d’humour qui font la différence. En prime, l’exploration des trois générations se fait avec une étonnante fluidité, notamment grâce à d’astucieuses transitions de scène en scène.

Là où on émet quelques réserves, c’est concernant le propos de la série en filigrane. Comme son titre l’indique, Why Women Kill a pour ambition de creuser la psyché féminine, et surtout d’essayer d’appréhender comment une femme peut en arriver à commettre un meurtre. Pour l’heure, la série se montre bien trop légère pour qu’un tel sujet se révèle traité avec pertinence. En attendant, tout est là pour qu’on tombe sous le charme de Beth Ann, Simone et Taylor. À défaut d’innover quoi que ce soit, Marc Cherry sert du réchauffé… Mais bon sang, qu’est-ce que ça nous avait manqué !

La première saison de Why Women Kill n’a pas encore de diffuseur en France.