Les producteurs de 24: Legacy s’excusent après l’utilisation d’images d’archives terroristes

Les producteurs de 24: Legacy s’excusent après l’utilisation d’images d’archives terroristes

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Par Adrien Delage

Publié le

C’est la dégringolade pour le spin-off de 24 heures chrono, qui enregistre de mauvaises audiences et choque ses spectateurs.

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Sur le papier, 24: Legacy avait des chances de plaire : une franchise solide et connue des spectateurs, un acteur principal performant, le retour des cocréateurs Robert Cochran et Joel Surnow de 24 heures chrono, sans oublier une retouche sympatoche du chrono, qui passe du jaune au bleu. Quatre épisodes plus tard, la sauce ne prend pas. À première vue, c’est surtout le charisme de Kiefer Sutherland qui manque à une partie des fans. Pour autant, Corey Hawkins (The Walking Dead, Straight Outta Compton) est tout à fait convaincant dans la peau du nouvel agent de la Cellule Anti-Terroriste.

Non, le vrai problème vient de l’écriture catastrophique de certains points de l’intrigue. Elle entretient notamment le sentiment d’islamophobie au pire des moments au vu des récents événements, comme le décret anti-immigration signé par Donald Trump. Et pourtant, les scénaristes ont tout de même poursuivi cette histoire où des hommes basanés, armés de couteaux et de Kalach, tuent femmes et enfants après les avoir torturés.

En tant que Français, assister à des fusillades impitoyables de ce genre nous évoque forcément les attentats du 13 novembre. Dans l’Amérique de Trump, 24: Legacy va jusqu’à suggérer que tous les musulmans ont une part sombre en eux, en jouant sur les stéréotypes et la paranoïa, surlignés par le président des États-Unis. Dans l’épisode “3:00 PM – 4:00 PM”, la série a encore franchi une limite en incorporant au montage des images d’archives d’un attentat terroriste qui a vraiment eu lieu.

L’attaque du centre commercial Westgate

Au cours de l’épisode 4, Rebecca Ingram, l’ex-directrice du CTU, relate aux conseillers du président américain les dernières attaques terroristes opérées par Jadalla Bin-Khalid. Au lieu de tourner des images de fiction, les équipes de 24: Legacy ont choisi d’intégrer des images d’archives de l’attentat de Nairobi, qui a lieu le 21 septembre 2013. Des jihadistes armés de fusils d’assaut étaient entrés dans le centre commercial Westgate, tirant sur la foule et tuant 68 personnes (selon la Croix-Rouge du Kenya). Le groupe terroriste islamiste de Somalie Al-Shabaab avait par la suite revendiqué l’attaque.

Si aucune image sanglante ne survient dans l’épisode, on distingue très bien des terroristes équipés d’AK ou encore des civils tentés de fuir pour sauver leur vie. Et puis histoire de mieux faire passer le montage, les scénaristes ont déplacé l’attentat de Nairobi à Alexandrie, en Égypte. Le Nairobi News s’est insurgé contre cette utilisation controversée de ces images. En conséquence, les producteurs de la série ont rédigé un communiqué pour présenter leurs excuses, dont voici un extrait :

“Dans l’épisode 4 de 24: Legacy, nous avons malheureusement inclus un montage de l’attaque de Nairobi. Il sera retiré de toutes les futures diffusions et versions de la série. Nous tenons à nous excuser pour la peine que nous aurions pu causer aux victimes et à leurs familles. Nous sommes profondément désolés.”

Un porte-parole de la Fox a également exprimé ses excuses au nom de la chaîne et des équipes travaillant sur 24: Legacy. “Heureusement” pour eux, les audiences du show sont très mauvaises. Dès le deuxième épisode, la série a perdu 20 % de ses curieux selon TVLine. L’épisode 4 a attiré moins de 5 millions de spectateurs, alors que le pilote, diffusé après le Super Bowl, avait rassemblé 17,6 millions d’Américains devant leur écran.

Si 24: Legacy venait à être supprimée, la Fox pourrait dire adieu à la franchise 24 une bonne fois pour toutes. Mais c’est bien dommage d’avoir sali sa réputation au passage. Et d’avoir transformé une bonne série d’action en série dangereuse.

En France, la saison 1 de 24: Legacy reste inédite.