Si vous aimez les séries pulp à la Banshee, vous aimerez Hap and Leonard

Si vous aimez les séries pulp à la Banshee, vous aimerez Hap and Leonard

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James Purefoy as Hap Collins and Michael Kenneth Williams as Leonard Pine – Hap and Leonard _ Season 1, Press Kit – Photo Credit: Hilary Gayle/SundanceTV

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Par Adrien Delage

Publié le

Une bande-son country, des dialogues remplis de vannes, l’Amérique profonde… Pas de doute, Hap and Leonard est une ode à la série pulp.

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HBO, AMC, ABC, NBC, CBS, Starz, Showtime, la CW… Ces grandes chaînes publiques ou câblées ont l’habitude de gâter les sériephiles avec le nombre incroyables de séries qu’elles produisent et diffusent chaque année. Mais derrière ces mastodontes se cachent de petites chaînes indépendantes qui font de l’excellent boulot également. C’est notamment le cas de Sundance TV, rattachée au festival du même nom, qui nous a offert ces dernières années Rectify, Cleverman, Top of the Lake, The Honourable Woman ou encore Deutschland 83.

En 2016, un nouveau programme complètement déjanté a débarqué sur Sundance TV : Hap and Leonard. Ce show est adapté d’une série de romans d’aventure écrits par l’auteur américain Joe R. Lansdale. Ses bouquins narrent les péripéties catastrophiques de deux copains de toujours, au milieu des années 1980 dans l’Amérique profonde. Un duo de rednecks tordants et touchants, incarnés par James Purefoy (Rome, Following) et l’inénarrable Michael K. Williams (Omar dans The Wire, The Night Of).

Hap and Leonard s’adresse clairement aux sériephiles orphelins de Banshee. Si la série de Sundance TV est moins rythmée et musclée que celle de Cinemax, elle reste un show pulp drôle et violent. Tout comme Lucas Hood, Hap et Leonard sont rapidement dépassés par les événements, la plupart du temps sans en être à l’origine. Dans la première saison, les deux zigotos partaient en quête d’un trésor, traqués par deux tueurs à gages complètement timbrés. Dans la deuxième, ils découvrent le cadavre d’un enfant sous la maison du grand-père décédé de Leonard. Bref, des histoires sans queue ni tête au programme.

Un duo barjot et attachant

Dès ses débuts, Hap and Leonard suit la forme d’un bon vieux buddy movie, dans lequel un soleil noir surplombe une ville imaginaire de Louisiane (la série est tournée à Baton Rouge). On y fait la rencontre de ce vieux couple. Hap est blanc, droit dans ses bottes et était un objecteur de conscience pendant la guerre du Viêt Nam, ce qui l’a amené à passer quelques mois en prison dans les sixties. Leonard est noir, gay, décomplexé et a servi dans les Marines pendant ce même conflit. Tout les oppose et pourtant ils s’entendent comme larrons en foire.

Les deux amis sont inséparables et cultivent des champs de roses dans la première saison, chapeau de cow-boy planté sur la tête. Ce sont deux héros sympathiques qui passent leur temps à écouter du rock sudiste. La sérénité de Hap nuance merveilleusement bien avec l’aigreur de Leonard, qui balance des punchlines vulgaires au possible dès qu’il en a l’occasion. Ils se disputent, s’engueulent, se mettent des cuites au whisky, mais s’aiment finalement comme deux vrais frères.

L’évolution de leur relation est particulièrement drôle et divertissante à regarder. On s’ennuie rarement, même si les scènes d’action ont parfois du mal à décoller. Les visages sévères et fermés de James Purefoy et Michael K. Williams expriment à merveille la déception et la tristesse profonde de leurs personnages, qui se lassent de cette vie tranquille et dénuée d’avenir. Le rêve américain est clairement une utopie pour ces deux adeptes du spleen baudelairien.

“Si tu fais encore chier, je te viole si fort que le trou du cul de ton papa saignera”, Leonard en saison 1

Derrière les vannes et la BO résolument country, Hap and Leonard est ponctuée de séquences musclées à la Banshee. Moins chorégraphiées, plus vives et réalistes, elles surviennent souvent sans crier gare. À la manière de Quarry et Breaking Bad, l’intrigue agit comme un slow burner, c’est-à-dire que la tension monte jusqu’à exploser d’un coup et de toute part. La série nous balance alors en pleine gueule toute la nervosité qu’est capable d’exprimer ce tandem terriblement résigné.

Autour d’eux gravitent des personnages hauts en couleur, aux caractères bien trempés et aux répliques tordantes. Dans la première saison, ce sont Soldier et Angel qui menaient la danse. Ces deux fans de disco capable d’un déluge de violence avaient embrasé le season finale par leur ingérable démesure. Aux méchants froids en apparence, mais d’une cruauté sans précédent que sont Proctor et Burton dans Banshee, Hap and Leonard répond par des vilains délirants et aussi drôles que monstrueux.

Pour le moment, la deuxième saison met du temps à décoller et se montre assez radine en nouveaux personnages, si ce n’est une avocate sexy incarnée par Tiffany Mack (iZombie) et des flics bedonnants. Mais avec le cadavre d’un inconnu sur les bras, le cœur de Hap en miettes et les soupçons qui pèsent sur Leonard, les scénaristes de la série nous promettent encore de joyeuses catastrophes à venir. Car ils sont les maîtres pour jouer de ce racisme ambiant, de cette violence des bas quartiers et de ces personnages fatalistes sans jamais tomber dans le pompeux ou la vanité.

En France, la saison 2 de Hap and Leonard reste inédite.