La saison 3 d’American Crime vise juste avec un portrait des États-Unis rongés par l’injustice

La saison 3 d’American Crime vise juste avec un portrait des États-Unis rongés par l’injustice

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Par Florian Ques

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Loin des idées préconçues, la saison 3 d’American Crime passe au crible la facette peu reluisante de l’Amérique profonde.

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Oppression, violence, injustice… bienvenue dans ce que la sphère médiatique se plaît à appeler l’Amérique de Trump, où les riches s’enrichissent et les pauvres en pâtissent. Cette lutte des classes virulente est le terrain d’exploration de la saison flambant neuve d’American Crime. À ne pas confondre avec la production estampillée Ryan Murphy, American Crime Story. Pour ce nouveau volet de sa franchise poignante, John Ridley (12 Years a Slave) nous embarque jusqu’en Caroline du Nord où il ne fait pas bon vivre. Et c’est un euphémisme.

Luis est un immigré clandestin hispanophone, fraîchement embauché dans une ferme et voué à vivre dans des conditions insalubres. Shae est une adolescente au visage de poupon embourbée dans ce qui semble être un réseau de prostitution. Coy est un jeune sans-abri accro aux drogues se voyant proposer une offre d’emploi qu’il peut difficilement refuser. De l’autre côté du spectre, à l’opposé de ces trois-là, se trouvent les Hesby, une famille bourgeoise à la tête d’une grande plantation, en recherche désespérée de main-d’œuvre bon marché.

Les divergences avec la deuxième saison, magistrale, se font déjà sentir avec une zone de jeu plus étendue. Cependant, la scène d’ouverture de l’épisode est à l’image de la cuvée précédente, avec un coup de fil anonyme passé à la police. Cette fois-ci, le cadavre d’un homme est retrouvé flottant à la surface d’une rivière. Le fil rouge est donné.

En peu de temps, ce premier épisode présente une trame décousue dont on a peine à cerner les aboutissants tant les enjeux, et les personnages allant de pair, sont nombreux. L’immigration, la prostitution, l’addiction… les thématiques sont plurielles et témoignent de l’envergure de ce troisième tour de piste. Néanmoins, l’idée de rapports de force semble être le mot-clé. En s’intéressant à plusieurs personnalités aux profils différents, American Crime devrait parvenir à dresser un tableau aussi complexe que nuancé de la société occidentale contemporaine.

Au milieu de ces storylines éparses apparaît le personnage presque salvateur de Kimara Walters, rendue consistante par le jeu d’actrice irréprochable de la multirécompensée Regina King. En dépit de sa vie personnelle tragique, Kimara est une sorte d’assistante sociale, venant en aide aux jeunes en galère. Empathique et acharnée, elle fait office de bonne samaritaine et point d’ancrage moral pour nous, les téléspectateurs.

Inégales, les multiples intrigues mises en place n’en demeurent pas moins efficaces, aidées par une réalisation très American Crime, toujours lourde de sens. Les plans rapprochés, les teintes sombres, l’absence de musique d’ambiance… L’oppression que subissent les protagonistes est perceptible dans le visionnage de cet épisode d’exposition. L’introduction de ces personnages est encore superficielle, et pourtant leurs interactions sonnent juste et tous paraissent déjà étrangement familiers. Pour ça, il faut louer l’écriture de John Ridley, dont les dialogues quasi naturels font mouche.

Les férus de l’anthologie le savent, American Crime est un slow-burner qui prend le temps nécessaire pour instaurer un climat particulier. Nul doute que les destins des personnages, pour le moment dispersés, vont s’entrelacer au fil de la saison. Pour l’heure, les bases sont posées et promettent une fresque peu reluisante d’une Amérique divisée, corrodée, pourrie par une lutte des classes en apparence inéluctable. De Felicity Huffman à l’excellent Connor Jessup, un casting quatre étoiles vient faire de cet épisode un pur jackpot. Préparons nos glandes lacrymales, elles risquent d’être mises à rude épreuve au long de cette saison alléchante.

American Crime revient en France sur Canal+ Séries à compter du 14 mars à l’heure US.