American Horror Story Hotel : l’univers, les dieux, les mères

American Horror Story Hotel : l’univers, les dieux, les mères

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Par Marion Olité

Publié le

La saison 5 de la série anthologique American Horror Story s’est achevée en janvier sur FX. Ryan Murphy y explore l’un de ses thèmes favoris, la maternité. 

[Il est préférable d’avoir vu la saison entière avant de lire cet article.] Toujours aussi foutraque, brouillonne, déséquilibrée mais aussi flamboyante et surprenante, American Horror Story s’est revigorée cette saison avec l’arrivée de Lady Gaga dans un second rôle qui finit par prendre toute la place, au point que l’actrice en herbe a reçu un Golden Globe pour son interprétation de la Comtesse, vampire hypnotique à la vie sexuelle et sentimentale intense.
Ce qui humanise cette créature inspirée de la comtesse hongroise Élisabeth Báthory (1560-1614), c’est l’amour qu’elle porte non pas à ses “toy boys” ou à son fantasme de grand amour, mais à ses créations, ses enfants. La maternité est abordée par le prisme de trois personnages : la Comtesse, Iris (Kathy Bates) et Alex (Chloë Sevigny).
Dans tous les cas, leur amour est inconditionnel et absolu. Il peut étouffer (le fils d’Iris incarné par Matt Bomer), protéger ou se révéler autodestructeur.

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Sacrifice

“Is there anything more beautiful than a sleeping child?” (La Comtesse, épisode 5)

La notion de sacrifice est largement mise en avant cette saison, aussi bien du côté de la mère que des enfants. La progéniture dévouée de la Comtesse (comparable dans son immortalité et son pouvoir à une déesse grecque) doit se résoudre à lui donner son sang et à mourir pour sauver leur “mère”. Ce personnage est une matriarche dysfonctionnelle, “cassée” : le seul enfant qu’elle ait jamais portée dans son corps est d’ailleurs un monstre.
Une autre de ses enfants, “sauvé” par la Comtesse d’une vie de négligence parentale, Wren, finira par se suicider, ne supportant plus sa condition maudite. Quant à Iris, personnage plus en retrait, elle est prête à mettre fin à ses jours pour le bonheur de son fils. Toute sa vie et ses choix de femme tournent autour de lui. 

Little Monsters

Sans mère, les enfants contaminés par mégarde par Alex deviennent des monstres incontrôlables, prêts à répandre le chaos. Dans une scène horrifique saisissante, ils s’en prennent au corps enseignant de leur école, telle une meute sur sa proie. Sans guide maternel, sans protection, les enfants retournent à l’état animal, à la fois impartial et cruel.
Cette saison revisite via le prisme de l’horreur les grands thèmes explorés par les mythes fondateurs grecs : la maternité, la fonction du sacrifice ou encore les différents visages de la monstruosité.
Vu le ton très sombre de la série, le dernier épisode prend étonnamment la forme d’un happy end. Une façon de rappeler que tous ces fantômes – aux pouvoirs bien supérieurs à ceux généralement accordés à cette figure (ils peuvent manger, tuer) – règnent sur l’hôtel Cortez comme les dieux sur le mont Olympe.