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Banshee : Lucas Hood au bout du rouleau

Banshee : Lucas Hood au bout du rouleau

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Par Adrien Delage

Publié le

La quatrième et dernière saison de Banshee a repris le 1er avril sans private joke. Au contraire, la série diffusée sur Cinemax n’a sûrement jamais été aussi sombre. Retour avec spoilers sur ce season premiere.

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Banshee est peut-être la série la plus violente de ces dernières années. Scènes de sexe démonstratives, dialogues crus, combats sanglants viennent régulièrement ponctuer le show créé par Jonathan Tropper et David Schickler, deux écrivains de romans contemporains. Classé R-Restricted aux États-Unis, la série se rapproche d’un film de série B à l’atmosphère bien sombre. Elle est en effet située dans un bled à première vue paisible qui évoque l’Amérique profonde.

Porté par Antony Starr (Outrageous Fortune), au charisme un peu sobre pour jouer les gros durs, la série tient en haleine avec ses intrigues secondaires (la communauté des Amish et les réserves indiennes) et son dynamisme scénaristique de tous les instants. La bonne surprise de Banshee vient des rôles principaux et des personnages secondaires, à la psychologie bien plus complexe que notre héros badass. On pense tout de suite à Kai Proctor (Ulrich Tomsen), businessman séduisant aux premiers abords, capable d’actes de violence démesurés. L’acteur incarne un némésis froid, réfléchi et franchement sinistre qui apporte une dimension dramatique à la série.

On évoque aussi Job, protagoniste plébiscité par le public, quelque part entre Daryl de Walking Dead et Jesse de Breaking Bad. Un énergumène transgenre à l’animosité élégante, qui apporte une touche d’humour et de légèreté au ton bien dark du show, à l’aide de ses lignes de dialogues à l’insolence et à la répartie attachantes.

Annulée pour des raisons artistiques alors que l’audience cartonnait sur Cinémax, cette saison finale nous avait promis un épilogue dantesque. Attardons nous sur ce season premiere, histoire de vérifier si la messe est dite.

Récap’ des forces en présence

Plus d’un an s’est écoulé entre la diffusion de l’épisode final de la saison 3 et l’arrivée de cette quatrième et ultime aventure. Le temps d’oublier les (très nombreuses) péripéties de cette cuvée particulièrement violente. On assistait entre autre à la montée au pouvoir de Chayton, nouveau leader du gang des Redbones, qui venait massacrer du beau monde à Banshee. Un ennemi fondamentalement mauvais, qui brisait sans remord la nuque de la romance naissante de Hood, et son adjointe au poste de shérif, Siobhan. Impuissant et dévasté, Hood prit soin de se venger en faisant exploser la cervelle de l’Indien à coups de fusil à pompe. On était aussi témoin de la venue d’un nouveau flic, ancien skinhead désabusé au corps recouvert de tatouages, Kurt Bunker.

Puis, la petite troupe de voleurs formée par Carrie, Sugar, Job et Hood tentait un dernier cambriolage afin de se mettre à l’abri du besoin. Débarquait alors un militaire dégénéré, le colonel Douglas Stowe (Langley Kirkwood, vu dans Black Sails). Ce dernier chercha à faire chanter l’équipe jusqu’à ce que Carrie l’éventre profondément. Gordon, son mari, succombait à ses blessures dans un torrent de stupeur générale. Quant à Job, il se faisait enlever par les mercenaires du colonel et constatait l’impuissance de ses compagnons. Bref, le final de la saison était chargé en termes d’émotion et de rebondissements.

Ellipse temporelle et bouleversements

Dix-huit mois plus tard, la ville et ses habitants ont bien changé. Proctor est devenu maire, Carrie passe sa rage sur les truands du coin, et le Cadi a été remplacé par un commissariat tout neuf (avec des vitres blindées, obviously). Plus attendu, Brock est devenu shérif, tandis que Bunker est resté à ses côtés. Nina Cruz, une nouvelle adjointe, a pris la place de la regrettée Siobhan. Mystérieuse, elle paraît aussi sexy que pernicieuse. Quant à Sugar, il continue de ronger son frein dans son bar miteux.

Mais la vraie différence, qui a certainement changé la donne, c’est que Lucas Hood a disparu. C’est d’ailleurs sur cette révélation que la première scène de cette reprise commence. Brock, sur le terrain, se rend dans une cabane abandonnée. Il tombe face à un revenant, barbu comme jamais, au faciès fatigué et vieilli. Les deux hommes se mettent en joue avant de se rendre compte qu’ils se connaissent. Générique (toujours rempli d’easter eggs photographiques indiquant les péripéties de l’épisode). Comme à son habitude, Banshee frappe fort dès les premières secondes et nous captive immédiatement.

Un tour de force scénaristique

Attention à la crise cardiaque en découvrant la raison de l’enquête de Brock : Rebecca Bowman, aka le personnage le plus sexy et sulfureux de la série, a été abattue. Froidement. Violemment. Son corps est retrouvé bourré d’entailles près d’un lac. Et d’un côté, c’est jouissif. Car l’intrigue repart de plus belle, et les scénaristes nous prennent en traîtres. Au fur et à mesure de l’épisode, le mystère sur ce qu’il s’est passé pendant ces deux ans hantera votre esprit. Et ne cessera de s’épaissir malgré un début de réponses, notamment autour du départ de Hood.

C’est par de nombreux flash-back “orbitaux”, comprenez à travers les yeux des protagonistes, que la mort de Rebecca est révélée. Un brin gênants pour la visibilité de l’épisode, ils restent cependant dans la continuité de ce que fait la série depuis ses débuts, à savoir traumatiser et brutaliser ses héros. Souvent en quête de rédemption, les personnages donnent l’impression d’avoir tout abandonné. Notamment Hood, qui s’est résolu à accepter la mort de Job sans en être persuadé. On ressent aussi une certaine culpabilité à travers leurs réactions : Hood par rapport à Job donc, Carrie et sa dépression liée à la perte de ses enfants et de Gordon, Proctor vis-à-vis de sa nièce… Cette saison, plus sombre, comme on vous le disait, laisse surtout transparaître des espoirs envolés et des protagonistes chamboulés.

Et l’action dans tout ça ?

Banshee, c’est aussi et surtout le plaisir coupable de voir les personnages se prendre des tatanes. Elles sont douloureuses, souvent joliment chorégraphiées, voire exceptionnelles comme ce faux plan-séquence inoubliable entre Burton, le bras droit de Proctor, et Nola du refuge des Redbones.
Et justement, on reste un peu sur notre faim côté baston sur ce season premiere. Il y a bien cette scène de fureur gratuite de la part de Carrie, qui massacre deux bandits du coin. Ou encore cette séquence de torture du groupe néo-nazi mené par le frère de Kurt, Calvin (Chris Coy), qui va probablement prendre de l’ampleur dans cette saison (voire devenir l’antagoniste principal ?). Mais on s’attendait à un départ plus violent pour ce show qui nous a habitués à des scènes de combat de qualité.

En dépit de ces quelques défauts, le premier épisode de cette ultime saison nous a grandement plu. L’ADN de la série est bien présent, et on prend beaucoup de plaisir à retrouver nos protagonistes tourmentés. Reste à conclure cette épopée impétueuse de manière bien sanglante, pour mettre un point final aux aventures de Lucas Hood. Et on l’espère, d’enfin connaître l’identité de notre héros, jamais révélée depuis le début de la série.

Note : 4/5