De Kiss Me First à The Rain, nos coups de cœur repérés à Séries Mania

De Kiss Me First à The Rain, nos coups de cœur repérés à Séries Mania

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Par Delphine Rivet

Publié le

On the Spectrum

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Elle n’a pas reçu le Grand Prix du jury à Séries Mania pour rien. Créée par Dana Idisis et Yuval Shafferman, cette dramédie israélienne raconte le quotidien de trois jeunes adultes en colocation, tous atteints de troubles du spectre autistique. On se prend rapidement d’affection pour ces trois protagonistes, formidablement incarnés par Niv Majar, Naomi Levov et Ben Yosipovich, qui tentent tant bien que mal de trouver un équilibre dans leur vie et d’interagir avec les autres. Une série d’une grande humanité, qui vous fera passer par toute une palette d’émotions contradictoires. À l’image de ce que ressentent les personnages. On espère qu’une chose : qu’On the spectrum trouve rapidement preneur en France.

American Woman

Si Cher Horowitz, l’héroïne de Clueless, avait grandi dans les années 1960, elle aurait pu devenir Bonnie Nolan, elle aussi incarnée par Alicia Silverstone. Cette femme au foyer, qui évolue dans le milieu aisé du Beverly Hills de 1975, va se retrouver fort dépourvue en apprenant que son mari la trompe. Sans ressources, et avec deux enfants sur les bras, elle peut heureusement compter sur le soutien sans faille de ses deux copines, Kathleen (Mena Suvari) et Diana (Jennifer Bartels), et sa détermination à s’émanciper du joug financier de son mari.

American Woman nous plonge, avec une belle énergie, au cœur de la seconde vague de féminisme, vue par une “desperate housewife” qui doit apprendre, par la force des choses, à travailler pour vivre. American Woman aurait pu s’écrire au pluriel grâce à ses trois héroïnes, touchantes et rafraîchissantes, interprétées avec fougue et justesse par son trio d’actrices. La série, paradoxalement créée par deux hommes pour Paramount Network, John Wells et John Riggi, adopte un ton léger, gentiment extravagant, et, en dépit d’une approche un brin simplette du féminisme, nous offre de beaux et drôles portraits de femmes.

Kiss Me First

Déjà diffusée en Angleterre sur Channel 4, Kiss Me First devrait débarquer sous peu en France, sur Netflix. Bryan Elsley, le créateur de Skins, est aux commandes de cette adaptation du roman éponyme de Lottie Moggach. Cette série ovni mélange chronique adolescente et monde virtuel, en mettant en scène une jeune femme timide à la vie fade, Leila, qui trouve refuge dans un jeu vidéo multijoueur, Azana. Elle va y découvrir un lieu secret et un groupe de joueurs menés par un énigmatique leader, Adrian. C’est un tour de force que réussi Bryan Elsley avec Kiss Me First, alliant les mondes réels et virtuels en conservant une harmonie et une vraie poésie. Le premier épisode promet une mythologie passionnante en nous plongeant dans l’univers d’Azana, sans oublier de rester à hauteur de femme, à travers la trajectoire de la jeune Leila. Une saison 2 a déjà été commandée.

The Oil Fund

Le pitch de cette série norvégienne n’était, sur le papier, pas franchement sexy. Mais le résultat s’avérera, heureusement, bien plus plaisant. Dans un fonds d’investissement pétrolier appartenant à l’État, Per, le golden boy de la boîte et génie de la finance, va voir son ascension fulgurante compromise par l’arrivée de Katrine, une employée du conseil d’éthique très droite dans ses bottes. La mécanique des antagonismes fonctionne à plein régime dans cette comédie de bureau créée par Tom Gulbrandsen et Harald Zwart, somme toute assez classique, mais pleine de malice, et qui repose sur une petite galerie de personnages immédiatement attachants.

Ad Vitam

L’association entre Arte et anticipation nous incite à la méfiance. Par le passé, Trepalium et Transferts ont fait preuve d’ambition pour finalement nous décevoir. Ad Vitam, créée par Thomas Cailley, semble éviter cet écueil. La série nous plonge dans un futur pas si lointain où l’on a repoussé les limites du vieillissement. La mort devient alors un acte politique, voire terroriste, lorsqu’un groupe sectaire met en scène des suicides collectifs.

Quand les corps de sept mineurs (la majorité ayant été repoussée à 30 ans) sont retrouvés sur la plage, Darius (Yvan Attal), un flic de 120 ans, fait appel à Christa (Garance Marillier, révélée par le film Grave), une jeune femme un peu paumée, pour infiltrer le groupuscule et retrouver son leader. Ad Vitam se heurte parfois à des dialogues trop écrits – la gangrène des séries françaises – mais brille par l’audace de son sujet et l’interprétation de son héroïne à vif. Une jolie exploration de la jeunesse, dans tous les sens du terme, et de la perte de repères qui accompagne la disparition du concept même de deuil.

The Rain

Tout juste ajoutée au catalogue de Netflix, The Rain s’est d’abord dévoilée sur grand écran dans le cadre de la compétition lilloise. Toute première fiction made in Danemark pour le géant du streaming, elle nous dépeint une Scandinavie ravagée par un virus létal qui contamine les humains… par les gouttes de pluie. À travers le regard d’une bande d’ados ayant survécu à cette extinction de masse, nous sommes plongés dans un monde post-apocalyptique où l’être humain semble s’être délesté de toute notion d’humanité.

Un poil manichéenne dans l’avancement de son intrigue (l’influence des US se fait sentir par moments), The Rain délivre tout ce qu’on pouvait attendre d’elle : des personnages un brin caricaturaux qui gagnent vite en profondeur, un fil rouge captivant et une dose mesurée d’action qui fait que le rythme ne fléchit pas (The Walking Dead pourrait en prendre de la graine). Un premier pas en terres danoises franchement réussi.

Hubert & Fanny

Pur produit canadien, Hubert & Fanny relate la rencontre cataclysmique entre deux trentenaires. D’un côté, nous avons Hubert, un tatoueur solitaire et phobique de toute forme d’engagement. De l’autre, Fanny, une assistance sociale altruiste au possible qui tente de concevoir un enfant avec son conjoint de plusieurs années. Les deux ne se connaissaient pas, jusqu’au jour où ils sont pris en otage suite à un hold-up dans leur banque de quartier. De longues heures ensemble où ils vont se découvrir et remettre en question toute leur vie.

Avec son casting particulièrement séduisant et son intrigue de fond qu’on jurerait copiée-collée d’un téléfilm à l’eau de rose, Hubert & Fanny pourrait passer pour une série de la CW. C’était sans compter sur l’alchimie entre les deux acteurs principaux et sur les diverses storylines périphériques de la série, étonnamment modernes. Le rendu est une fiction sincère, parfois touchante, parfois mielleuse, qui devrait ravir les fans de This Is Us.

Bonus : Kiki and Kitty

On vous a déjà proposé une sélection de formats courts, mais, mea-culpa, nous n’avions pas découvert à ce moment-là la petite perle Kiki and Kitty et son pitch des plus originaux. On y suit le quotidien d’une jeune aborigène loseuse de la life, Kiki, qui en gros est la tête de Turc de ses collègues et possède une vie amoureuse au point mort. Saoulé par la passivité de la jeune femme, son vagin va alors se matérialiser et lui apparaître sous les traits d’une femme noire aux courbes généreuses et au bagout irrésistible. La créatrice Nakkiah Lui compense son manque de moyens par une écriture fraîche et irrévérencieuse et des idées complètement loufoques. Cette série australienne n’a pas de diffuseur en France, mais on espère vivement qu’elle aura tapé dans l’œil d’Arte, Studio+ ou Blackpills.