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Toujours aussi woke, Dear White People revient avec une saison 2 magistrale

Toujours aussi woke, Dear White People revient avec une saison 2 magistrale

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© Netflix

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Par Florian Ques

Publié le

Grâce à une deuxième saison intelligemment conçue, Dear White People est, en définitive, la meilleure série de Netflix que vous ne regardez (peut-être) pas. Attention, (légers) spoilers.

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C’est au printemps 2017 que Dear White People s’est incrustée bon gré mal gré dans le catalogue de Netflix, n’en déplaise à ses détracteurs qui accusaient tout de go le show de promouvoir le “racisme inversé” (les guillemets sont de rigueur tant cette idée n’a pas lieu d’être). Aujourd’hui, près d’un an après la mise en ligne d’une première fournée stellaire, la série de Justin Simien passe la seconde et ne commet vraisemblablement aucun faux pas. S’il est impossible de dire qu’une saison d’un programme est parfaite, celle-ci s’en rapproche très fortement.

Suite aux manifestations du final précédent, le campus de l’université de Winchester et ses étudiants doivent faire face aux répercussions. À cause d’un incendie, Sam et ses camarades afro-américains se voient contraints de cohabiter avec plusieurs camarades blancs, pas toujours aussi “woke” que ce qu’ils aimeraient. En parallèle, en plus de sa rupture douloureuse avec Gabe, notre héroïne doit composer avec un troll de Twitter raciste au possible qui ne cesse de la prendre pour cible. Comme si ça ne suffisait pas, il se pourrait bien qu’une société secrète veuille la recruter…

Et encore, tout ceci n’est que la partie émergée de l’iceberg ! Si l’on peut faire un maigre reproche à Dear White People en saison 2, c’est d’accumuler un nombre conséquent d’intrigues secondaires qui, bien qu’intéressantes, n’ont pas toutes le même poids. Hormis ce bémol (qui n’en est pas vraiment un quand on adhère à l’univers), la série a sérieusement pris du galon et se montre plus sûre d’elle tout en conservant son mordant.

Pour cette nouvelle année universitaire, Dear White People accorde davantage la parole à l’extrême droite, reflétant l’Amérique de Trump sans jamais prononcer le nom du principal intéressé. Un segment radio, Dear Right People, vient faire concurrence à celui de Sam, permettant à trois étudiants blancs conservateurs de cracher sur les ondes leur venin à l’arrière-goût d’ignorance et aux relents racistes. Ils tiennent des propos forts, blessants, une vraie logorrhée pleine de vitriol que l’on peut, nous, retrouver dans les sections commentaires de n’importe quel réseau social.

Habilement, la série de Netflix met la notion de liberté d’expression dans son viseur, soulignant comment celle-ci peut être déformée pour servir les intérêts des suprémacistes blancs. Cette dimension est particulièrement pertinente grâce à l’intrigue de Sam, confrontée cette saison à la fachosphère de Twitter. Son personnage, et à un certain degré celui de sa meilleure amie Joelle, hérite de l’histoire la plus politiquement chargée, avec une résonance des plus actuelles.

Néanmoins, si elle n’a pas atténué son humour piquant (tant mieux !), Dear White People fait preuve d’une véritable volonté de lancer des débats, d’ouvrir le dialogue. Cela est d’autant plus clair dans le huitième chapitre, une sorte de bottle episode où Sam et Gabe règlent leurs comptes dans un long face-à-face tendu. En plus de confronter leurs sentiments conflictuels, ils débattent des rapports entre les Blancs et les Noirs. Et si chacun n’entend pas toujours les arguments de l’autre, le téléspectateur est invité à les écouter et à méditer là-dessus. Rarement une série ne s’est montrée aussi engagée et didactique, et ce avec la même dextérité.

Parallèlement, Justin Simien et son équipe de scénaristes n’ont pas chômé en abordant d’autres thématiques avec beaucoup de justesse et de bienveillance, de l’avortement à l’exploration de sa sexualité. Dear White People fait également plaisir aux puristes de son univers en enrôlant Tessa Thompson (Westworld) et Tyler James Williams (Tout le monde déteste Chris), à savoir les interprètes de Sam et Lionel dans le long-métrage ayant inspiré la série. Giancarlo Esposito, le roi des caméos surprises jusqu’ici cantonné au rôle de voix off, se pointe aussi devant la caméra.

Impeccablement bien écrite (les dialogues sont si percutants et référencés qu’il ne vaut mieux pas faire autre chose en même temps), toujours aussi bien réalisée, Dear White People se situe indéniablement dans le haut du panier des productions Netflix. En adéquation avec son époque, cette saison 2 demeure une satire efficace dont la causticité n’a d’égal que ses personnages, multidimensionnels et éperdument touchants. Doit-on aussi mentionner la bande-son incroyable de ce second tour de piste ?

La saison 2 de Dear White People est disponible dès maintenant sur Netflix à l’international.