À la découverte d’Everything Sucks!, le teen show dopé à la nostalgie 90’s

À la découverte d’Everything Sucks!, le teen show dopé à la nostalgie 90’s

Image :

© Netflix

photo de profil

Par Florian Ques

Publié le

Après les années 1980 bien rétro de Stranger Things, immersion la plus totale dans une décennie marquée par les VHS, les chouchous hypercolorés et la discographie d’Oasis. Attention, spoilers.

À voir aussi sur Konbini

À l’heure où les technophiles avertis bataillent pour avoir accès au wi-fi dans les tunnels du métro parisien, on se souvient d’une époque pas si lointaine où la connexion à Internet était aussi imprévisible que la carrière de Lindsay Lohan, et où une page Web se chargeait en approximativement cinq minutes (le temps de télécharger un film via BitTorrent en 2018, grosso modo). Une époque où il fallait se traîner jusqu’au vidéoclub pour espérer pécho une VHS de Scream ou encore Trainspotting. Une époque où porter des chemises à motifs n’était pas considéré comme vintage ou hipster, mais simplement à la mode.

On rembobine jusqu’au milieu des 90’s avec Everything Sucks!, série ado au fort potentiel nostalgique, tout juste débarquée sur Netflix à l’international. Rien ne va plus dans la bourgade de Boring, paumée dans l’Oregon, alors que le club d’audiovisuel se retrouve forcé de s’associer à la troupe de théâtre du lycée pour produire leur tout premier film. Deux groupes sociaux qui n’ont a priori rien en commun, contraints de passer du temps ensemble et d’apprendre à se découvrir ? Si vous pensez à la mythique Freaks and Geeks, ne vous inquiétez pas, ça nous a aussi traversé l’esprit.

Après avoir doucement ingurgité (pas de binge-watching cette fois) les épisodes d’Everything Sucks!, il est évident que cette dernière ne surpasse pas son aînée. Au contraire de la série signée Judd Apatow qui, elle, avait énormément de choses à dire sur son époque, la dernière production de Netflix paraît légèrement vaine. Elle n’a pas grand-chose à raconter sur les 90’s, misant surtout sur l’esthétique de cette décennie à coups de décors et d’accessoires tape-à-l’œil à la limite du stéréotype.

Des posters de Tori Amos ou Fiona Apple sont disséminés dans la chambre d’une des adolescentes, un employé de vidéoclub conseille de mater le long-métrage vampirique Une nuit en enfer, et les expressions de l’époque (“as if”, “all that and a bag of chips”…) sont utilisées un peu trop généreusement. Pour peu que l’on ne soit pas réceptif à cette décennie et tout ce qui s’y rattache, Everything Sucks! peut être assimilée à une sacrée overdose de vintage. Et jusqu’à la moitié de la saison, on en vient à se demander si elle a véritablement quelque chose à nous raconter.

Il s’avère que oui, à travers Kate, une seconde un peu larguée au look garçon manqué, qui au fil des épisodes va explorer sa sexualité. Sensible et touchant, son personnage est indubitablement le plus travaillé et le plus abouti de cette première fournée d’épisodes. Il est d’autant plus important étant donné que, historiquement, les personnages LGBTQ+ sont souvent secondaires et n’héritent que d’une intrigue périphérique, effacés d’office pour mettre leurs homologues hétérosexuels sur le devant de la scène.

Everything Sucks! possède aussi un autre protagoniste féminin captivant, en l’occurrence Emaline, la drama queen de la clique des théâtreux… voire de tout l’établissement. En une dizaine d’épisodes, cette blonde au regard perçant passe de mean girl méprisante et méprisable à jeune fille apaisée et, osera-t-on le dire, agréable. Sans crier gare, la série remet en question avec une étrange justesse la notion de féminité et s’intéresse subtilement aux définitions de genres. Il est nécessaire de mentionner le huitième épisode, point culminant d’une saison autrement lancinante.

En définitive, les filles d’Everything Sucks! ne passent peut-être pas le test de Bechdel avec brio, mais elles sont complexes, creusées et, forcément, fascinantes. On aimerait en dire autant des autres teenagers de la bande qui, eux, sont trop unidimensionnels et ressemblent plus à des clichés de séries pour ados qu’autre chose. Sans être renversant, le dernier bébé de Netflix est un divertissement plutôt louable, au scénario un peu faiblard par moments, heureusement rattrapé par un casting impeccable. Et si les teen shows ne sont pas vraiment votre came, vous pourrez toujours laisser la bande-son so 90’s de la série vous enivrer.

Everything Sucks! est disponible en intégralité sur Netflix dès maintenant.