De Felicity à Lost, ces séries qui ont fait de J.J. Abrams un maître de la pop culture

De Felicity à Lost, ces séries qui ont fait de J.J. Abrams un maître de la pop culture

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Par Marion Olité

Publié le

Avant de se voir confier la plus grosse franchise de l’histoire du cinéma US, Star Wars 7, J.J. Abrams s’est forgé sa réputation sur le petit écran. Retour sur quatre séries complètement pop.  

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Felicity (1998-2002)


Peu de monde se souvient de la toute première série créée par J.J. Abrams. Avant même la naissance de sa célèbre boîte de prod Bad Robot en 2001, le jeune scénariste réalise quelques piges à Hollywood, bossant notamment sur le script d’Armageddon, avant de se tourner vers les opportunités du petit écran.
Dans une interview accordée au Hollywood Reporter, il évoque cette série portée par Keri Russell dans le rôle d’une jeune femme qui effectue ses premiers pas à la Fac de New-York, très loin de chez elle. Un établissement qu’elle a choisi en raison d’un amour de jeunesse.
“C’était une série purement romantique, avec des personnages adorables qui avaient des coups de coeur les uns pour les autres, et se demandaient à quelle soirée ils allaient se rendre. C’était tellement fun à écrire.” explique-t-il.
Si J.J. Abrams est devenu le roi des geeks, il avoue sans peine : “Ca me manque d’écrire pour un show qui n’aurait absolument aucune touche de fantastique dedans.” 
Très bien accueillie par la critique, Felicity a duré quatre saisons, pendant lesquelles elle se trouve régulièrement citée par d’autres séries (notamment dans Dawson et Buffy). En début de saison 2, l’héroïne se coupe les cheveux court. Un changement capillaire à priori anodin, qui a marqué l’histoire de la série par ses retombées négatives, les audiences du show ayant immédiatement baissé.
Ce “hairstyle gate” rejoint alors le panthéon de la pop culture US. 30 Rocks, Gilmore Girls, One Tree Hill et même Six Feet Under y feront référence. Dès sa première série, J.J. Abrams démontre un fort potentiel à marquer les esprits.

Alias (2001-2006)

Les enjeux montent d’un cran avec Alias, série d’action sur-vitaminée avec à nouveau un personnage féminin fort à sa tête, Sidney Bristow, incarnée par Jennifer Garner. Une révélation. Notons aussi la présence de Bradley Cooper, pas encore sex-symbolisé, en meilleur ami de l’héroïne badass, agent double pour la CIA (c’est ce qu’elle croit au début de la série tout du moins). Le show permet à Abrams de mettre en place une mythologie ultra-complexe et de développer ses compétences d’entertainer-né.
Certaines scènes d’actions, comme ce face-à-face musclé entre Sidney et une tueuse sosie de son amie assassinée, sont restées dans les mémoires.

Côté twists, J.J. Abrams et son équipe de scénaristes (il a écrit une dizaine d’épisodes sur cette série, où il possédait plutôt un statut de “super-showrunner”) se surpassent en saison 3, réalisant un saut dans le temps de deux ans. Sidney se réveille amnésique dans une ville qu’elle ne connait pas. Avant Lost, il expérimente ici la déconstruction de la temporalité linéaire dès son pilote, qui débute par un flashforward.

Alias est aussi la première série produite par sa société, Bad Robot. J.J. Abrams y compose le thème musical du générique, comme pour Felicity et Lost. Toute l’intrigue autour du prophète et inventeur Milo Rambaldi permet aussi au scénariste d’inclure des éléments fantastiques au show.

Lost (2004-2010)

Alias n’est pas terminée que l’impatient reprend un nouveau projet, celui de Lost, passé par plusieurs mains avant d’atterrir dans les siennes. Avec Jeffrey Lieber et Damon Lindelof, il développe l’univers de la série, crée la Bible, imaginant notamment que l’île serait un personnage à part entière et ajoutant des éléments fantastiques.
Sa temporalité, ses flashbacks incessants, ce fameux flashforward en fin de saison 3, la façon qu’a eu le show de tenir en haleine ses fans avec un suspens haletant, n’est pas sans rappeler Alias. Pour son travail sur Lost, J.J. Abrams remporte deux Emmys (meilleure réalisation du pilote, meilleure série dramatique, en 2005). Cette série, qui a influencé quantité de shows récents, l’installe définitivement dans le top des showrunners les plus puissants du petit écran US.
Marque de reconnaissance ultime, elle intègre elle aussi ce grand bazar nommé pop culture, et se retrouve citée dans un grand nombres de shows, notamment Les Simpson, The Office ou Will and Grace. Les répliques et les symboles forts (le logo Dharma Initiative, la trappe, le bouton, les chiffres de Hurley, “Not Penny’s Boat”…) s’échangent sur les internets. Cette année encore, Reddit a lancé un bouton façon Lost, sur lequel les Redditors devaient appuyer à intervalle régulier sous peine de… fin du monde ?
J.J. Abrams acquiert au passage le statut de “roi des geeks”. Une couronne partagée avec Joss Whedon, qui a connu à peu de choses près le même parcours que lui (des séries cultes comme Buffy et Firefly, puis une franchise gigantesque à gérer, les Avengers).

Impliqué au début de la série, J.J. Abrams commence à répondre aux sollicitations ciné, et choisit de se lancer dans la réalisation de Mission Impossible 3. Il tient donc un rôle de producteur sur les autres saisons de Lost, s’impliquant au gré de ses disponibilités (il co-écrit le season premiere de la saison 3 avec Damon Lindelof) et restant producteur exécutif du show.
A propos de la fin de Lost, qui a déclenché l’ire de nombreux fans, il répond dans une interview au magazine Playboy : “J’adore la fin. Je pense qu’elle apporte une conclusion émouvante au show. Il peut y avoir des détails techniques sur des intrigues que les gens ont eu l’impression de ne pas comprendre, comme ce qu’est exactement cette île et pourquoi elle existait. Mais c’est comme la valise de Pulp Fiction. Si vous montrez ce qu’il y a dedans, je peux vous promettre que ce sera décevant.”

Fringe (2008-2013)

L’art du mystère, J.J. Abrams le travaille aussi dans sa série suivante, où transpire tout son amour pour X-Files. Cette série suit les activités de la division Fringe, chargée d’enquêter sur les phénomènes qui se trouvent aux frontières de la science et du transhumanisme. Là encore, la mythologie imaginée s’avère d’une grande complexité au fil des saisons. La temporalité y tient à nouveau une place primordiale : cette fois, J.J. Abrams imagine des réalités alternatives.
Son utilisation obsessionnelle des “lens flare” (également très présents dans le film Super8, déclaration d’amour au cinéma de Spielberg) se ressent particulièrement dans Fringe.

En paralèlle de son travail de producteur et de “super-showrunner”, J.J. Abrams est appelé sur la franchise Star Trek (rappelons qu’il s’agit d’une série à l’origine), qu’il ressuscite avec brio, réalisant deux films plutôt fidèles à l’esprit du show et ouverts aux spectateurs non-initiés. Un succès au box-office qui lui ouvre grand les portes de Star Wars 7.

Soon

Si JJ Abrams s’est donné à fond dans la franchise la plus orgasmique qu’un fan de SF puisse diriger, il n’a pas abandonné son rôle de producteur et de lanceur de shows.
Il a connu quelques revers sur le petit écran, notamment l’échec de sa dernière série, Undercovers, en 2010. Mais son nom est associé à plusieurs projets télé alléchants, à paraître en 2016 : l’adaptation du film Westworld pour HBO, du roman de Stephen King 11.22.63 pour Hulu, ou encore la série rock Roadies pour Showtime écrite par Cameron Crowe.