Fiertés, un triptyque poignant et symbolique sur l’évolution de l’homosexualité en France

Fiertés, un triptyque poignant et symbolique sur l’évolution de l’homosexualité en France

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Par Florian Ques

Publié le

Une fois encore, Arte vise plutôt juste avec Fiertés, une chronique familiale et engagée qui mêle amour passionnel et droits LGBTQ+.

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Dans notre Hexagone comme à l’étranger, les droits des personnes LGBTQ+, à l’instar de ceux des femmes et de toute autre minorité, ne sont jamais vraiment acquis. Il aura fallu tout de même attendre 2013 pour que le mariage gay, tant controversé, soit enfin adopté par la législation française. Dans sa toute dernière mini-série Fiertés, Philippe Faucon (récompensé aux Césars pour Fatima il y a deux ans) retrace les efforts accomplis par notre douce France quant aux droits des personnes homosexuelles, le tout grâce à une fresque familiale diablement réaliste.

Tout commence au printemps 1981. Victor, 17 ans, employé sur le chantier de son paternel pour la saison estivale, explore sa sexualité avec un jeune collègue. De fil en aiguille, la découverte de son orientation sexuelle va venir corser sa relation avec son entourage. Des hauts et des bas, qui s’étaleront sur trois épisodes, chacun dépeignant une époque charnière dans la vie de notre héros tourmenté, de sa puberté jusqu’à l’âge adulte.

Il est difficile d’en dévoiler plus sur le pitch de Fiertés sans spoiler. Conçue comme un véritable triptyque logiquement découpé, la série raconte avant tout l’histoire d’une famille, à travers le regard de trois hommes. “Pour moi, c’est une œuvre sur la filiation plutôt que sur l’homosexualité, explique Niels Rahou, scénariste. C’est plutôt sur les rapports père-fils, qui sont compliqués qu’on soit homo ou hétéro.”

Un parti pris qui se ressent très rapidement, l’intrigue de Fiertés faisant la part belle à ses protagonistes masculins, négligeant de facto les femmes dans son récit (la mère de Victor, justement interprétée par Emmanuelle Bercot, aurait mérité davantage de temps à l’écran). La fiction d’Arte se rattrape à bien des égards, notamment par la construction et l’évolution de Charles, le père du héros, qui passe de gauchiste intolérant à parent résigné et aimant.

Abordé à travers des clins d’œil et références çà et là, le climat politique de la France, présent en filigrane, sert à nous rappeler l’époque dans laquelle les personnages évoluent. Incarné avec brio par Frédéric Pierrot, Charles représente à lui seul le glissement progressif de la pensée dans notre Hexagone. À chaque volet de cette trilogie poignante, il est celui qui reflète au mieux la société dans laquelle il vit, apprenant de ses erreurs et faisant fi de ses préjugés pour s’ouvrir au monde, et surtout à son fils.

Là où Fiertés tape également dans le mille, c’est dans sa façon de capturer les émotions qui rythment, encore aujourd’hui d’ailleurs, le quotidien d’un homme gay. La solitude, l’incompréhension, le rejet… Des sentiments pas toujours faciles à mettre en scène, mais impeccablement illustrés à travers l’atmosphère globalement pesante de ces trois épisodes. “Si Fiertés peut provoquer des discussions, des changements, des réévaluations, ne serait-ce que sur une seule partie du public, déclare l’un des scénaristes, ce serait génial.”

Plutôt que de représenter les activistes comme dans 120 battements par minute ou encore la websérie Les Engagés, la mini-série d’Arte explore les luttes LGBTQ+ à sa façon, ici en brossant le portrait d’une famille qui évolue en parallèle des avancées sociétales. En tandem avec J’ai 2 amours (également signée Arte), Fiertés est symbolique par sa volonté d’élargir l’éventail des sexualités dépeintes sur la petite lucarne. En somme : un petit pas pour la représentation, un grand pas pour la fiction française.

Fiertés est diffusée en intégralité dès ce jeudi 3 mai sur Arte, et est d’ores et déjà disponible à la demande juste ici.