Fin de séries, un docu passionnant qui nous aide à faire notre deuil télévisuel

Fin de séries, un docu passionnant qui nous aide à faire notre deuil télévisuel

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Par Delphine Rivet

Publié le

Point final

Qu’elle soit unanimement saluée, controversée ou prématurée, une fin de série n’est vraiment ratée que si on l’oublie. L’indifférence, il n’y a rien de pire quand on tire sa révérence. Les ultimes chapitres de Lost ou des Sopranos, pour ne citer qu’elles, ont beau avoir fait couler beaucoup d’encre (c’est même toujours le cas), ils ont aussi contribué à faire entrer ces fictions dans la légende, au même titre que tous les épisodes qui les précédaient. Trop d’interrogations laissées en suspens seraient mauvaises pour une série. À moins que ce soit pour notre bien. Après des années de sériephilie intensive, on n’a pas encore tranché la question.
Patrick McGoohan, cocréateur et star du Prisonnier, raconte, dans des images d’archives, que le grand final de sa série avait été très décrié à l’époque, au point de le pousser à partir se cacher dans les montagnes durant deux semaines : “Les gens ont eu le sentiment d’avoir été trompés.” La trahison… qui n’a jamais ressenti cela devant une fin de série décevante ? Un émoi qui grandit proportionnellement à notre investissement émotionnel au fil des saisons. Certains ne s’en remettent jamais, comme en témoigne Damon Lindelof, coshowrunner de Lost, qui, encore aujourd’hui, reçoit des torrents d’insultes par mail ou sur Twitter, accusé par des fans d’avoir “volé” six ans de leur vie. Une colère qui a valu au scénariste de tomber en dépression. Lindelof a dû apprendre à faire la paix avec cette fin, qu’il continue de défendre comme il a pu le faire récemment à Séries Mania. L’histoire aurait pu se répéter avec sa dernière série, The Leftovers, et les vieux démons ressurgir. Heureusement, ce final-là a fait l’unanimité.
Mais il y a aussi les fins de séries apaisées, qui aident à faire le deuil, à tourner la page. Pourtant rien n’y fait. Des années après, on y repense encore. On ne compte plus les sériephiles hantés par le final de Six Feet Under, une merveille d’épisode qui vient boucler la boucle de cette famille de croque-morts. Il suffit d’entendre les premières notes de “Breathe Me”, de Sia, pour replonger dans une profonde mélancolie. Si Damon Lindelof préconise une fin “messy”, bordélique et sans théâtralité, comme dans la vraie vie (il a perdu son père brusquement juste avant les débuts de Lost), Alan Ball, le showrunner de Six Feet Under, a tenu à mettre en scène, non pas une fin, mais les fins. Celles de tous ses personnages, les uns après les autres. D’aucuns pourraient trouver cela cruel, mais pour lui, c’était la seule façon de dire au revoir. Et quels adieux !

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