Girlboss ou la success story d’une diggeuse de la mode au début des années 2000

Girlboss ou la success story d’une diggeuse de la mode au début des années 2000

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Par Marion Olité

Publié le

Netflix nous fait revivre la fièvre technologique et créative du début des années 2000 dans Girlboss, ou la success-story fashion d’une vingtenaire qui assure côté fringues. 

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La plateforme américaine a trouvé le remède idéal à l’excellente mais bien déprimante aussi (il faut l’avouer) 13 Reasons Why en mettant en ligne Girlboss, série beaucoup plus lumineuse qui nous propulse dans le San Fransisco de 2006. On y suit les pérégrinations d’une jeune femme un peu paumée, Sophia, qui enchaîne les petits boulots de merde. En conflit avec des parents qui n’acceptent pas sa vie décousue, elle est toujours prête à faire la fête et à donner dans l’illégalité. Sophia réalise bientôt qu’elle a le chic pour découvrir les pièces vintage rares dans les friperies, et commence à les revendre sur Internet. Elle décide bientôt de lancer sa boutique sur Ebay.

Produite par Charlize Theron et créée par Kay Cannon (scénariste et productrice exécutive sur New Girl), la série est adaptée du livre #Girlboss (éditions Portfolio), dans lequel la vraie Sophia Amoruso raconte sa success-story. Elle est l’une des premières à avoir monté un véritable empire de la mode sur internet, avec sa marque Nastyl Gal (“mauvaise fille” en français). Dans le rôle de cette tornade de créativité, aussi drôle que politiquement incorrecte, on retrouve une actrice souvent sous-exploitée, Britt Robertson, vue dans Life Unexpected, Secret Circle ou encore Under the dome. L’actrice donne toute sa fougue et son côté “nasty” jusqu’ici peu mis en avant (elle a longtemps joué les gentilles filles) au personnage.

Génération débrouille

Parfois à la limite de la clochardisation, la jeune femme néglige sa santé, ne rate pas une occasion de se faire virer de ses jobs et se laisse porter au gré du vent. De galères de galères, elle va pourtant tracer sa voie et faire de belles rencontres. C’est aussi un des propos de la série : comment se réaliser sans suivre un schéma classique, ne pas avoir peur de se lancer dans la vie, de réaliser des expériences quitte à se planter. Girlboss, c’est aussi un état d’esprit borderline et une certaine idée du cool, qui passe par la créativité. Sophia n’est jamais aussi géniale que quand elle transforme en quelques coups de ciseaux une robe aux bons imprimés fleuris mais à la coupe patate en kimono stylé.

Voilà une série qui donne envie de créer et (accessoirement) de sortir de chez soi. Et qui a trouvé un vrai ton à la fois frais, drôle et un peu malaise (cette histoire d’excroissance sur le corps de Sophia est super awkward). La réalisation, colorée et virevoltante, est à l’image de la personnalité de Sophia, mi-héroïne (on kiffe son talent de styliste et sa niaque) mi anti-héroïne (en bonne millenial, elle se regarde pas mal le nombril) que les Girls auraient pu croiser si la série de Lena Dunham avait commencé six ans plus tôt.

Le début des années 2000, parlons-en. Netflix s’intéresse à une époque où elle-même a littéralement explosé, passant d’une entreprise de location de DVD en ligne à une plateforme de streaming légal aux ambitions mondiales. Pas étonnant que la firme de Los Gatos ait eu un crush sur ce projet qui nous ramène aux débuts du e-commerce. Elle sait aussi que la nostalgie est une valeur sûre (coucou Stranger Things) et que les adulescents de 2017 ont envie de retrouver une époque où régnaient le Nokia 3310, les iPods, Justin Timberlake et où Miley Cyrus jouait les enfants de chœur dans Hannah Montana. On gravait encore des CD vierges, on téléchargeait sur eDonkey et Instagram n’existait pas (Facebook avait 2 ans en 2006, au moment où la série débute).

Si ces petits détails sont toujours fun à observer dans le show, l’essentiel n’est pas là. Girlboss est une série foncièrement positive mais pas cucul. Sophia traverse bien des galères et elle est âprement déterminée, tout ne lui tombe pas tout cuit dans le bec. Même si la série commence deux ans avant la crise financière de 2008, elle est précurseuse de cette génération slasheuse, qui a du mal à trouver un job et préfère cumuler les petits boulots alimentaires qu’embrasser une vie de bureau bien chiante, qui rassurerait ses parents.

En sous-texte, Girlboss dit aux jeunes adultes d’aujourd’hui qu’il est toujours possible de trouver sa voie en se remuant un peu le popotin. On croyait le rêve américain enterré pour de bon. Il a seulement muté avec la révolution technologique des années 2000. Commencer tout en bas de l’échelle pour devenir PDG, ce n’est plus le modèle. On veut devenir des Sophia Amoruso, des Evan Spiegel et devenir milliardaire à 24 ans. Ou au moins gagner assez pour vivre de sa passion. Sophia c’est la mode. Et vous ?

La première saison de Girlboss est disponible en intégralité sur Netflix.