Good Girls, le Breaking Bad de trois mères de famille au bout du rouleau

Good Girls, le Breaking Bad de trois mères de famille au bout du rouleau

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Par Florian Ques

Publié le

Mamans névrosées recherchent grosse somme d’argent désespérément : voilà (plus ou moins) le postulat initial de Good Girls, dramédie douce-amère en pleine crise identitaire. Attention, spoilers.

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Les séries aiment dénoncer. On ne le répétera jamais assez, bien plus que du divertissement écervelé, les fictions du petit écran qu’on affectionne tant se veulent le reflet de la société. C’est pourquoi, ces dernières années, plusieurs œuvres se sont mis en tête de souligner les imperfections et les failles du système américain. Ça a été le cas avec Atlanta, fraîchement sortie de son hiatus, mais aussi de séries plus confidentielles comme Queen Sugar ou encore The Resident. C’est désormais au tour de Good Girls d’attaquer gentiment la société états-unienne, ou au moins de s’en servir comme prétexte à une intrigue barrée.

Beth est une femme au foyer, mère de plusieurs gamins débordant d’énergie, qui apprend que son mari a fait n’importe quoi avec leur argent et, en prime, qu’il s’est amusé à la tromper (avec une potiche blonde, forcément). Annie, sa sœur cadette, n’a pas un quotidien des plus enviables, bossant en tant que caissière dans un supermarché et devant se préparer à être poursuivie en justice par son ex, lequel veut récupérer la garde de leur fille. Enfin, Ruby, leur amie proche, doit composer entre sa fille, gravement malade, et son manque d’économies pour lui apporter les soins hors de prix dont elle a besoin.

En définitive, ces trois nanas ont des vies tout bonnement affreuses et il ne faut pas être un génie pour cerner le dénominateur commun qui vient ternir leur quotidien : leur manque de thunes. Avec un compte en banque plus rempli, Beth pourrait s’émanciper de son époux, Annie serait en mesure de se payer un avocat en béton et Ruby aurait enfin accès aux médicaments onéreux nécessaires à la santé de sa fille. Alors, comme n’importe quel être humain doté de bon sens (pas du tout), ce trio décide de braquer un supermarché. Mais au lieu de dérober quelques milliers de dollars, elles se retrouvent avec près d’un demi-million sur les bras.

OK, ce pitch, aussi improbable qu’il soit, porte à rire. Et Good Girls, son pilote du moins, est drôle, principalement grâce à l’alchimie entre ses trois actrices principales qui n’ont plus à faire leurs preuves auprès des sériephiles. Christina Hendricks rebondit après ses années Mad Men avec un rôle prometteur bien que peu étoffé, l’hilarante Retta de Parks and Recreation montre l’étendue de son jeu d’actrice avec des scènes plus mélodramatiques et, enfin, Mae Whitman (Parenthood) délivre une performance impeccable. Sur ce plan-là, il n’y a rien à redire.

Mais à cette tonalité désopilante vient s’ajouter un autre registre, plus dark. Outre les moments larmoyants entre Ruby et sa gamine malade, Good Girls vrille totalement, par exemple quand, sans trop entrer dans les détails, Annie évite un viol de justesse. Mais ce premier épisode comprend aussi d’autres moments auxquels on ne s’attend pas, comme un homicide involontaire ou bien la séquence avec les arnaqueurs qui font dans le blanchiment d’argent. Autrement dit, il se passe beaucoup de choses, souvent décousues, dans ce pilote qui essaie de réunir trop de sujets en trop peu de temps.

Seulement, le souci majeur de Good Girls, c’est son ADN. Tout au long des quarante minutes qui composent cet épisode introductif, la série ne sait pas si elle veut être une comédie pure avec des dialogues trop loufoques pour être réalistes, ou si elle préfère tendre vers un drame qu’il faut prendre au sérieux. Si l’équilibre des deux genres est maîtrisé, cela peut aboutir à une dramédie efficace. Or ici, ce n’est pas le cas, et Good Girls est en proie à une véritable crise identitaire, passant d’un genre à l’autre avec une maladresse évidente.

Cela dit, ce n’est pas parce que Good Girls est maladroite qu’elle en devient mauvaise. A contrario, elle témoigne d’un certain potentiel, empruntant certains codes à Desperate Housewives et les mêlant à une intrigue qui fleure bon l’iconique Breaking Bad (en moins, moins bien, évidemment). C’est surtout l’histoire de trois amies en galère, luttant contre un système stagnant et dont la solidarité est sans bornes. Rien pour ça, on est curieux de découvrir la suite.

Good Girls est diffusée depuis le 26 février sur NBC outre-Atlantique, et reste inédite en France.