La chasse à l’or reprend de plus belle dans la saison 2 haletante de Guyane

La chasse à l’or reprend de plus belle dans la saison 2 haletante de Guyane

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Par Adrien Delage

Publié le

Vincent et Serra vont s’attirer des ennuis pour exploiter la mine légendaire de Sarah Bernhardt.

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Le paysage télévisuel de l’Hexagone a toujours été saturé de séries policières et de feuilletons quotidiens made in France Télévisions, comme si nous étions condamnés à ne produire et ne regarder que ça en boucle. Heureusement, il y a parfois des scénaristes audacieux comme Fabien Nury qui osent sortir du genre et la saison 2 de Guyane, série d’aventure et thriller exotique, est là pour nous le rappeler.

Après une saison initiale imparfaite mais solidement produite, le show de Canal+ retourne dans la jungle amazonienne alors que Vincent Ogier et Antoine Serra ont découvert Sarah Bernhardt. Cette mine troglodyte, longtemps considérée comme un mythe, renferme plus de dix tonnes d’or, soit l’équivalent de 300 millions d’euros. Les deux explorateurs vont tenter de l’exploiter illégalement et se frotter ainsi à une guerre de territoire entre les indiens Wayana, la mafia brésilienne, les trafiquants surinamais et les concurrents locaux.

La Guyane, ça vous gagne

Dans la saison 1, Kim Chapiron, Fabien Nury et Philippe Triboit avaient fait un superbe travail de mise en scène pour donner vie à la Guyane et à la forêt amazonienne qui l’entoure. Si le trio de têtes a laissé sa place à de nouveaux réalisateurs (Julien Despaux, Jérôme Cornuau et Olivier Panchot), on retrouve cette patte de mysticisme qui imprègne la série depuis ses débuts : des paysages brumeux et majestueux, une humidité à faire frissonner un dragon et surtout le superbe fleuve Amazone, personnage à part entière, qui ondule comme un serpent entre les chantiers d’or.

Par ailleurs, la saison 2 a gagné en maturité niveau écriture grâce aux arrivées des scénaristes Didier Lacoste (Les Hommes de l’ombre) et Pierre Leccia. Le second a notamment bossé sur Mafiosa et y a insufflé avec succès les composants du genre : la saison 2 de Guyane s’imprègne comme jamais de la série corse et de Gomorra, avec une représentation crue de la violence, dictée par des familles mafieuses qui souillent la terre promise avec le sang de leurs victimes. Comme sa cousine italienne, Guyane n’a pas peur de faire appel à des figurants et acteurs non-professionnels locaux, quand bien même leur partition manque d’intensité, voire de justesse de jeu.

Le duo formé par Vincent (Mathieu Spinosi) et Serra (Olivier Rabourdin), grande force de la première saison, continue de fonctionner dans ces nouveaux épisodes. Les scénaristes en profitent pour inverser leur rapport de force (le petit nouveau veut passer dans l’illégalité, le vétéran se ranger du bon côté) et les rendent moins caricaturaux que dans la première saison. Plus rythmée, subtile et explosive dans son écriture, Guyane gagne vraiment en intensité et en crédibilité sur ce deuxième effort.

Toutefois, elle n’a pas corrigé tous les défauts de son premier essai. Les méchants patibulaires sonnent creux, tandis que les rôles féminins sont toujours inexistants, même si on sent une volonté de la part des scénaristes d’éviter les clichés sexistes. En effet, à la manière de la saison 2 de Marseille, Guyane a réduit les scènes de sexe gratuites et les dialogues risibles (on se souvient encore de la “chiasse de la forêt” en saison 1). Ainsi, la série oublie parfois de relâcher un peu la pression et de se prendre moins au sérieux, mais les enjeux dramatiques n’en sont que plus forts.

Une saison 2 plus engagée

La vraie bonne surprise de la saison 2 de Guyane, c’est son point de vue critique qui apparaît en sous-texte. Pour la première fois, les scénaristes s’attaquent aux conséquences néfastes de la chasse à l’or sur l’environnement. Le mercure, la déforestation et les autres pollutions liées à l’exploitation des mines ravagent l’Amazonie et ses alentours. Elles mettent en péril la vie des habitants et les qualités flagrantes de ce pays d’Amérique du Sud : ses paysages boisés à couper le souffle.

L’approche visuelle des réalisateurs est très intéressante par rapport à cette prise de conscience. Plus Vincent et Serra s’efforcent de puiser dans les ressources de Sarah Bernhardt, plus ils s’attirent des ennuis avec les familles mafieuses. Ces conflits incessants finissent par laisser des traces sur leurs visages, marques de leurs souffrances et des coups reçus en peine face. C’est comme si Dame Nature influait sur l’esprit des hommes pour se venger, et que ces derniers s’autodétruisaient par appât du gain.

Ces petites séquences, un peu trop discrètes mais jamais alarmistes, font passer Guyane dans une dimension plus contemporaine. On pense notamment à cette mère indienne dans l’épisode 2, qui est effrayée par les Blancs et leur reproche d’avoir empoisonné son fleuve, qui transmet des maladies à ses enfants. Le rapport avec le scandale actuel autour du glyphosate n’est pas très loin. Même si le côté grand aventurier de la jungle manque toujours dans cette deuxième saison, Guyane a suffisamment mûri et progressé pour mériter votre attention et en faire un thriller efficace et haletant.

La saison 2 de Guyane est diffusée tous les lundis soirs sur Canal+ depuis le 24 septembre et est disponible en intégralité sur CanalPlay.