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Hate watching : Pretty Little Liars, une mort à petit feu

Hate watching : Pretty Little Liars, une mort à petit feu

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Par Mégane Choquet

Publié le

Après sept saisons, la série de Freeform prendra fin en juin 2017. L’occasion de revenir sur le déclin progressif de ce teen drama sans prétention. Attention, spoilers.

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Tirée des livres young adult de Sara Shepard, Pretty Little Liars est une série pour adolescents créée par Marlene King. Diffusée depuis 2010 sur ABC Family, le teen drama fait désormais partie de la grande palette de la chaîne Freeform. Dans une ère de Peak TV, les téléspectateurs deviennent de plus en plus exigeants avec les séries qui leur sont proposées et les teen dramas n’échappent pas à la règle. Néanmoins, Pretty Little Liars avait tout pour être un bon divertissement pour adolescents, mais sa qualité a considérablement chuté avec les années.

Le show de nos petites menteuses fait partie de ces séries qui ont popularisé le live tweeting trend et peut se targuer d’avoir une fanbase solide. Dès qu’un twist improbable avait lieu, un hashtag atterrissait directement dans les trending topics. Forcément, quand les situations rocambolesques se succèdent, il faut bien s’en plaindre sur les réseaux sociaux. Personnellement, je regarde Pretty Little Liars depuis le début (c’est-à-dire sept ans) et je ne me suis pas arrêtée. J’ai pourtant complètement lâché Grey’s Anatomy, une série que j’adorais au début, mais dont la succession d’évènements catastrophes a eu raison de moi. Trop de drama tue le drama. Mais pourquoi ai-je laissé tombé la série médicale alors que je m’obstine à regarder Pretty Little Liars ? Parce que j’aime les teen dramas et que je suis passée à l’âge adulte avec ces héroïnes.

Les teen dramas sont un petit plaisir coupable pour beaucoup d’entre nous, moi la première (et j’assume). Mais si certaines sont très réussies, à l’image dernièrement de 13 Reasons Why ou encore Riverdale, certaines sont pitoyables dès le lancement (coucou Famous in Love !) quand d’autres se cassent la gueule après quelques saisons. C’est le cas de Pretty Little Liars.

Les jolies petites menteuses étaient pourtant si sympathiques

La série avait si bien commencé. On découvrait le club des 5 une nuit d’orage pour une petite soirée entre filles : Aria, Emily, Hannah et Spencer forment un groupe d’amies uni, sous l’autorité de la queen bee Alison. Mais dès le lendemain de la soirée pyjama, Alison disparaît et les filles s’éloignent peu à peu. C’est au retour d’Aria à Rosewood que le corps d’Alison est découvert et que les ados commencent à recevoir des textos menaçant d’un mystérieux A. Le pitch est sympa au premier abord et promet du bon drama. Bien sûr, chacune des héroïnes a ses problèmes personnels, ses histoires de cœur et, dans ce mélange de mensonge, mystère et manipulations, les parents ne sont pas en reste. Bref, tous les ingrédients étaient réunis pour faire de Pretty Little Liars un bon teen drama.

Les deux premières saisons étaient clairement les meilleures de la série, bénéficiant d’un rythme adéquat et d’intrigues plutôt cohérentes. Surtout, la série traitait de thèmes intéressants comme le harcèlement scolaire, les relations homosexuelles ou encore la boulimie. En somme, le show tenait la route. Mais c’est à partir des saison 3 et 4 que tout va à vau-l’eau. La showrunneuse Marlene King nous balade avec des intrigues foireuses, des histoires de couple bidons et, surtout, les fils narratifs s’entremêlent pour créer un joli foutoir incompréhensible. Dès lors, les fans sont perdus et remarquent beaucoup d’incohérences. De saison en saison, on assiste toujours aux mêmes schémas narratifs avec des psychopathes, des animaux (ours, cochon, perroquet), des personnes enterrées vivantes, des héroïnes qui échappent toujours in extremis de tentatives de meurtre (comme c’est commode) et des morts pas très impressionnantes (Shana, si tu nous entends).

Je ne préfère même pas parler du spin-off, Ravenswood, centré sur le personnage de Caleb. Inutile de s’attarder sur cet échec aux tendances fantastiques bas de gamme. Mais sa grande sœur est toujours présente dans la grille des programmes et continue de recevoir des récompenses, notamment aux Teen Choice Awards. Si les fans de la première heure sont toujours au rendez-vous, l’équipe du teen drama a enfin compris qu’il fallait arrêter les frais. La saison 7 est donc bel et bien la dernière, et c’est mieux comme ça. Pretty Little Liars aura au moins eu le mérite d’ériger ses actrices au rang de it girls d’Instagram, surtout Shay Mitchell et Ashley Benson (vue depuis dans Spring Breakers).

Le jour où j’aurais pu (dû ?) vraiment décrocher

Là où les showrunners de la série se sont clairement foutus de notre gueule, c’est avec la révélation de Big A. Oui, parce qu’il faut savoir que A est partout et tout le monde. Si Mona était la première A, d’autres maîtres-chanteurs lui ont succédé : Big A, Uber A, A.D., mais aussi Mega A, Super A (non, je déconne, la série ne va pas virer “super-héros” non plus, quoiqu’on n’en est pas loin…). Cette ribambelle de méchants terrorisant les filles à coups de textos est vite devenue insupportable. Celle qui menace les filles depuis le début est en fait Cece Drake, une amie d’Alison qu’on avait un peu oubliée.

Sortie de derrière les fagots, cette révélation est à mourir de rire. On apprend qu’en fait Cece Drake est la sœur cachée d’Alison, enfin, son frère. On aura attendu une centaine d’épisodes avant que le voile ne soit levé sur l’intrigue principale, à savoir : qui est A ? Et c’est Cece qui était en fait un homme, appelé Charles, enfermé dans un hôpital psychiatrique (celui de Rosewood a décidément du taf) par la famille DiLaurentis. Voilà, voilà. La série introduisait là (maladroitement) un personnage transgenre qu’il aurait pu être intéressant de développer, mais sa transsexualité ne semble être qu’une justification bidon pour expliquer qu’Alison n’a pas reconnu son frère. Too bad.

Le retour d’Alison était aussi un twist très mal amené. Parmi les retournements de situation farfelus et toujours plus poussifs, on apprend en fin de saison 4 qu’Alison n’est finalement pas morte et qu’elle se cachait pendant tout ce temps. For real. Grâce à des flashbacks fumeux, on découvre qu’Alison a été enterrée vivante par sa mère qui la croyait morte. Mais grâce à ses dons de voyance, la vieille Miss Grunwald (elle aussi sortie du chapeau) sauvera Alison pour qu’elle puisse se cacher. Donc, le corps qui a été retrouvé n’était pas celui d’Alison, mais d’une pauvre fille qui lui ressemblait et qui n’avait rien demandé à personne. Quand je vous dis que c’est devenu du grand n’importe quoi.

Dans cette dernière saison (enfin la dernière !), les showrunners ont fait le choix de faire un bond de cinq ans. En soit, l’idée, à défaut d’être innovante, n’est pas mauvaise pour tenter de donner un dernier souffle à la série, mais le résultat est sans appel : c’est un epic fail. On nous sort encore et toujours des twists improbables : une jumelle maléfique pour la mère d’Alison, qui de surcroît serait la vraie mère de Spencer. Sérieusement, je n’ai jamais connu des histoires de famille aussi incroyables, à part peut-être dans une telenovela. Pour couronner le tout, les actrices ne sont vraiment pas crédibles (l’ont-elles jamais été ?) et notre ras-le-bol est parfaitement incarné par Hannah, qui souffle à tout bout de champ et en a clairement marre de ces petits jeux. Nous aussi, Hannah. Nous aussi.

Parce qu’il faut savoir dire au revoir

Si Pretty Little Liars est loin d’être une série de référence, elle a le mérite de soulever une bonne question : quand une série doit-elle s’arrêter ? Certains shows sont usés jusqu’à la corde et n’ont pas la fin qu’ils méritent. Les décisions des chaînes de télé entachent souvent la qualité d’une série, peu importe son genre. À trop vouloir surfer sur son succès, les chaînes offrent aux fans des intrigues de plus en plus foireuses, au risque que certains décrochent complètement.

Mais dans le cas de Pretty Little Liars, il subsiste encore et toujours des irréductibles sentimentaux qui n’arrivent pas à délaisser leurs héroïnes, quitte à souffrir à chaque épisode. L’équipe de Pretty Little Liars a eu beau teaser les dix derniers épisodes, l’envie n’est plus tellement là. Espérons juste que le series finale saura clore la série en beauté et satisfaire les attentes des fans, notamment en répondant sans détour aux dernières questions laissées en suspens.

On a tous une série qu’on suit encore mais qu’on n’apprécie plus vraiment de regarder. J’ai commencé Pretty Little Liars en fin d’adolescence et j’ai donc partagé pas mal d’années avec ces petites menteuses. Même si je regarde les derniers épisodes dans la douleur, j’ai besoin de savoir comment se termineront leurs aventures. Il est clair que Pretty Little Liars est désormais à la ramasse en comparaison des nouvelles venues telles que 13 Reasons Why ou Riverdale. Mais au moins, quand j’aurai fini le dernier épisode, j’aurai le sentiment du devoir accompli. Et je pourrai rayer la série de ma liste de visionnage. Une bonne chose de faite avant de binge-watcher un tout nouveau show.

La saison 7 de Pretty Little Liars est en cours de diffusion sur la chaîne Freeform. Le dernier épisode sera diffusé le 20 juin 2017.