Dans José, Jésus revient parmi les siens pour prêcher la bonne parole et se bourrer la gueule

Dans José, Jésus revient parmi les siens pour prêcher la bonne parole et se bourrer la gueule

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Par Adrien Delage

Publié le

La chaîne OCS City lance ce jeudi 8 décembre une nouvelle série, José, qui tourne en dérision la religion.

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Après une plongée dans les tourments des adolescents français avec Les Grands, OCS lance sa nouvelle série originale intitulée José. Derrière ce nom à connotation biblique se cache une comédie potache, à la croisée de la fable existentielle du Tout Nouveau Testament et des grimaces tordantes de Jim Carrey dans Bruce tout-puissant.

Dans José, Jésus revient parmi les siens à l’heure du Jugement dernier. Sauf que le messie est un hipster et un flemmard qui se prend pour “The Dude”. Son père, Dieu donc, lui ordonne de remettre les hommes dans le droit chemin. Autrement, il déclenchera l’Apocalypse sur Terre. Pour ce faire, il doit éradiquer la présence des sept pêchés capitaux de la nature humaine. Sauf que Jésus boit, baise et fume, bref, présente tous les vices de ses semblables.

On doit ce concept dingo à trois scénaristes français : Gaël Toto Brocchi, le fondateur de la chaîne YouTube 10 minutes à perdreFrank Bellocq (qui incarne Jésus) et Jean-Luc Cano, ces deux derniers étant aussi les auteurs de la shortcom Soda. Quant au réalisateur, il s’agit de Jim Ben Soussan, également à l’œuvre sur Soda. Parmi cette bande de joyeux lurons, Frank Bellocq et Jim Ben Soussan ont participé à l’émission Groland sur Canal+. C’est une anecdote essentielle avant de visionner José, vu comment ses créateurs usent et abusent du politiquement incorrect.

Personal Jesus

Une fois arrivé sur Terre, Jésus se lie d’amitié avec Piotr (William Lebghil, Jacky au royaume des filles), un jeune fumeur de bédos qui vit comme les gens du voyage. À eux deux, ils entreprennent de sauver l’humanité et de rassembler de nouveaux apôtres autour de Jésus. Les deux comédiens s’en sortent bien et le duo fonctionne du tonnerre (de Zeus, lol). Leur dialogues font mouche, surtout quand ils se clashent à coups de références à la pop culture. En revanche, certains personnages secondaires alourdissent considérablement l’intrigue et l’ironie de la série, par leur jeu hasardeux et des lignes de dialogues inégales.

Qui dit comédie dit, sans surprise, humour. Dans José, il est noir, politiquement incorrect, souvent vulgaire et il écorche tout le monde : les Noirs, les Roumains, les Juifs, les homosexuels, les prostitués, les pauvres, les Neuilléens, les stars françaises comme Kev Adams (qui apparaît dans son meilleur rôle à ce jour, l’autodérision)… Tout le monde a le droit à sa petite raillerie gratuite, qu’elle soit vraiment drôle ou juste complètement gênante. José prend des risques dans son écriture et même si la série respecte un schéma narratif assez répétitif (on trouve un pêcheur, on lui fait des vannes, on résout le problème et on refait des vannes), elle trouve une forme d’originalité à travers son sous-texte : la satire de la religion.

En effet, la série s’en sort très bien quand il s’agit de tourner en dérision la croyance et la dévotion. La figure divine la plus puissante du christianisme s’avère être un singe en Marcel possédant le ton de la Voix de Secret Story. Un macaque qui passe ses journées à sculpter des nouvelles espèces et à leur attribuer des noms à consonance vénérienne. Quant au personnage de José, il parodie avec drôlerie les souffrances de son passé : “Faudra pas venir pleurer quand je me ferai crucifier une deuxième fois”, bougonne-t-il auprès de son Père dans l’épisode 2, quand ce dernier lui supprime ses pouvoirs.

Si José oscille entre l’humour absurde, le comique de répétition et la parodie, la série est parfois déséquilibrée par des tentations moins subtiles, notamment quand elle fait, dans l’épisode 4, des blagues scatophiles. Heureusement, elle parvient aussi à surprendre. Car derrière cette histoire de repenti qui tourne assez rapidement en rond, les scénaristes ont eu l’idée de rajouter un méchant énigmatique qui pourchasse notre jeune Jésus. Ce Chancelier-like de Star Wars rappelle notamment l’odieux Quincannon de Preacher, preuve que les séries françaises aussi n’ont pas peur de franchir les limites pour rire de tout, mêmes des conventions et des religions.

Audacieuse mais pas toujours bien calibrée, José propose suffisamment de bonnes idées et de punchlines cinglantes pour binge-watcher les dix épisodes de cette première saison. Les scénaristes devront toutefois redoubler d’efforts pour imposer un meilleur rythme à la série et nous convaincre de retrouver ce personnage biblique qui au fond, avec ses vices et ses sautes d’humeur, n’a jamais été aussi humain.

La première saison de José est à retrouver sur OCS City tous les jeudis.