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Jour polaire : Leïla Bekhti brille dans un nordic noir classique

Jour polaire : Leïla Bekhti brille dans un nordic noir classique

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Leila Bekhti (Kahina), Gustaf Hammarsten (Anders Harnesk)

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Par Marion Olité

Publié le

Canal + lance ce lundi 28 novembre Jour polaire, thriller franco-suédois baigné de lumière, et porté par l’actrice Leïla Bekhti.

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Cinq ans après le hit The Killing, la France commence à produire ses propres fictions “Nordic noir” (thriller froid et réaliste se déroulant en Europe du Nord, le plus souvent un “whodunit”). Avant Glacé sur M6, la chaîne Canal + nous offre en coproduction avec la Suède Jour polaire, créée par Måns Mårlind et Björn Stein, deux vétérans du genre à qui l’on doit le succès de Bron (The Bridge). 

La série met en scène Leïla Bekhti dans le rôle de Kahina Zadi, capitaine française de l’Office central pour la répression des violences aux personnes. La jeune femme, qui lutte avec un passé tumultueux, est envoyée à Kiruna, ville suédoise du cercle polaire, pour enquêter sur le meurtre violent d’un citoyen français. Elle va devoir faire équipe sur place avec la police locale, et le procureur Anders Harnesk (Gustaf Hammarsten), s’adapter à un pays qu’elle ne connait pas et vivre dans une région où le soleil ne se couche pas.

Une élève (trop) appliquée

La première référence qui vient en tête au visionnage des épisodes de Jour polaire, ce n’est pas une série, mais Insomnia (lui-même remake d’un film norvégien) de Christopher Nolan, avec un Al Pacino en pleine traque d’un serial killer autour du cercle polaire, et tout aussi désorienté que Leila Bekhti ici. On suit ainsi la perte de repères spatio-temporels des personnages dans les deux cas, et cette lumière de plus en plus oppressante, qui s’insinue partout et les empêche de dormir, d’avoir les idées claires.

Pour le reste, les showrunners Måns Mårlind et Björn Stein appliquent avec soin la recette du “Nordic noir” : un duo d’enquêteurs aux backgrounds fouillés, une photographie très soignée (coup de chapeau à Erik Sohlström pour ses sublimes plans baignés de lumière), un fond social (ici le racisme latent des Suédois envers le peuple autochtone des Samis), et bien entendu un serial killer retors. Au programme donc : découvertes de scènes de crime saisissantes, courses-poursuites au fin fond de la Laponie et cliffhangers à chaque fin d’épisode.

C’est beau et poétique quand la caméra suit les états d’âme de Kahina et son comportement autodestructeur, et l’enquête tient la route. Cependant, il aurait fallu un peu plus d’audace pour vraiment bousculer un genre largement rebattu ces dernières années. Les scénaristes tentent bien de nouvelles propositions — une ville à la luminosité oppressante en opposition aux univers pluvieux de Bron & co, une anti-héroïne française aux origines algériennes mises en avant, une volonté de parler du peuple des Samis — mais elles sont malheureusement soit survolées, soit traitées de façon trop mélodramatique.

Le passé de Kahina, par exemple, tient une place importante dans la série. Il est bien exploité au début de la saison, avant d’être surligné au Stabilo et utilisé trop grossièrement par la suite. Heureusement, ces passages qui frôlent le carton rouge sont sauvés par l’interprétation toujours très juste de Leïla Bekhti, un excellent choix de casting.

Jour polaire s’avère donc un honnête thriller, qui a le mérite de nous intéresser à des sujets rarement abordés en France — comme l’histoire du peuple Sami. La série ne manquera pas de dépayser le téléspectateur français. Il lui manque en revanche un petit grain de folie qui la fasse dérailler de son chemin tout tracé.

La première saison de Jour polaire est diffusée tous les lundis à 21 heures sur Canal + et disponible en intégralité sur Canal + à la demande.