De Freaks and Geeks à Love, comment Judd Apatow a marqué l’histoire des séries

De Freaks and Geeks à Love, comment Judd Apatow a marqué l’histoire des séries

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Par Marion Olité

Publié le

“Je travaille avec HBO depuis mes 18 ans et ma relation avec cette chaîne est tout simplement parfaite. Mon premier boulot fut sur Comic Relief en 1986 en tant que stagiaire. J’y suis resté des années. Mon premier travail en tant qu’auteur a été d’écrire pour Tom Arnold. J’adore travailler chez HBO.” (Hitfix)

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Judd Apatow apprend pendant ces années toutes les ficelles du métier. Sa plume et ses talents de producteur sont vite sollicités. Après le Ben Stiller Show, il travaille chez HBO sur The Larry Sanders Showde 1993 à 1998.

Coup d’essai, coup de maître

“À l’époque, on passait pour des fous à vouloir repousser les limites des networks. Les gens étaient offensés si vous ne suiviez pas les règles habituelles attendues pour un projet sur une grande chaîne américaine. Tout s’est renversé aujourd’hui, analyse Judd Apatow dans une interview récente accordée à Alan Sepinwall pour Hitfix. La seule façon de survivre, c’est d’être révolutionnaire. Il y a une énorme pression à faire le show le plus génial que la Terre ait portée. L’arrivée de toutes ces plateformes et chaînes payantes a créé cela. C’est fou !

L’expérience avec un network, de courte durée, ne refroidit pas Judd Apatow, cette fois crédité en tant que créateur de la série Undeclared (Les années campus). Il embarque à nouveau avec lui Seth Rogen et Jason Segel, et lance un petit nouveau, Jay Baruchel (Man Seeking Woman) dans ce show qui narre les aventures de six ados pendant leur première année d’université.
Un certain Charlie Hunnam (Sons of Anarchy) figure aussi au générique. Judd Apatow est incontestablement doté d’un sixième sens quand il s’agit de dégoter les futurs talents de la comédie US, et de les accompagner vers le haut de l’affiche.

Comme Freaks and Geeks, Undeclared reçoit des critiques dithyrambiques, mais son ton politiquement incorrect ne correspond pas du tout à son diffuseur, la Fox. La série est annulée après 17 épisodes.

La voix d’une génération

Par la suite, Apatow s’éloigne du petit écran pour exploser sur le grand. Ses personnages de névrosés adulescents et de Peter Pan adultes séduisent le grand public. 40 ans, toujours puceau , En cloque, mode d’emploi, Funny People, 40 ans, mode d’emploi… L’homme garde toujours un œil sur la télé US, produisant des programmes comme Funny or Die Presents.
Dans les années 2010, il mise sur une jeune inconnue, Lena Dunham, et sa série semi-autobiographique, Girls. Sa tête à claques, Hannah, 25 ans, veut être “la voie de sa génération”. Bingo : l’actrice-showrunneuse-productrice analyse cette nouvelle génération d’adulescents, un état si cher à Apatow, avec son propre ton, juste, cru, dérangeant parfois. Que ces deux-là se soient trouvés relève de l’évidence.

“J’ai vu son premier film, Tiny Furniture. C’était exactement ce que j’aimais : un film personnel sur sa famille, dans un style moderne, à la James L. Brooks. Je me suis dit que j’adorerais bosser avec elle. Et je pense que des gens comme Lena ont vraiment ouvert une porte qui mène vers tous les possibles. Elle inspire les jeunes femmes à se lancer dans la réalisation et l’écriture d’une façon qui n’existait pas avant. Car maintenant, il y a du boulot pour elles.” (Hitfix & Rolling Stone)

Comédie romantique malsaine

“Récemment, je me suis surpris à penser : ‘Bon Dieu, qu’est-ce que j’aimerais recommencer à zéro.’ C’est peut-être pour ça que je choisis souvent de travailler avec des gens qui développent leurs premiers projets. Cela m’oblige à retrouver cet état de désir intense, quand on veut que son premier film marche ou que sa carrière fonctionne. C’est un moment vraiment fou dans la vie, qui définit ce que vous allez être.”

Dans Love, Gus et Mickey ne savent pas encore bien ce qu’il veulent être, seuls ou l’un pour l’autre. Mais ils grandissent et vont tenter de mieux se comprendre, et de s’aimer, même maladroitement.
Quinze ans après Freaks and Geeks, Judd Apatow se passionne à nouveau pour les états d’âme d’un petit geek maladroit (Paul Rust), qui pourrait être Sam Weir avec quelques années de plus, ou tout simplement lui-même il y a quelques années. Les époques changent, pas les sentiments et les étapes drôles et douloureuses qui mènent vers l’âge adulte.