Kiefer Sutherland (Designated Survivor) : “Nous avons l’opportunité de redonner de la souplesse au discours politique”

Kiefer Sutherland (Designated Survivor) : “Nous avons l’opportunité de redonner de la souplesse au discours politique”

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Par Marion Olité

Publié le

Deux ans après avoir rengainé le flingue de Jack Bauer, Kiefer Sutherland revient sur le devant de la scène avec Designated Survivor. Il y interprète rien de moins que le nouveau président des États-Unis. 

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Le principe du “survivant désigné” est inscrit dans la constitution américaine. Il s’agit d’une personne du cabinet présidentiel destinée à prendre la suite du président en fonction si une catastrophe naturelle ou un attentat tuait tous les membres du gouvernement. Il est donc mis à l’écart pendant les grands événements, comme le discours sur l’état de l’Union prononcé par chaque président en début d’année devant le Congrès. La série de David Guggenheim commence ainsi.

Après un effroyable attentat qui a détruit le Capitole et coûté la vie à 900 personnes, le survivant désigné, Tom Kirkman (Kiefer Sutherland), secrétaire d’État au logement et au développement urbain sur le point d’être viré, se retrouve en une nuit président des États-Unis. Il emménage avec femme et enfants à la Maison-Blanche, et va devoir reconstruire un pays sous le choc, qui n’a plus de gouvernement. Un sacré challenge, qui a séduit Kiefer Sutherland. De passage au Mipcom à Cannes, en octobre dernier, il expliquait lors de sa masterclass avoir réfléchi avant d’accepter ce rôle. 

24 heures chrono a été ma plus belle et ma plus gratifiante expérience en tant qu’acteur. C’est pour ça qu’on fait ce métier. Mais ça a aussi été 9 ans de ma vie, à travailler de 12 heures à 15 heures par jour, 10 mois par an. Et au moment où j’ai signé pour 24, je n’avais pas conscience de ça. En revanche, quand j’ai accepté Designated Survivor, je le savais, donc ça a été une grosse décision à prendre. Quand j’ai reçu le script de Mark Gordon, mon ami depuis 20 ans, je tournais un petit film avec Michelle Pfeiffer et je faisais de la musique. Ce n’était pas dans mes priorités de reprendre la responsabilité d’une série.

Je comptais donc lire le script en diagonale et décliner la proposition. Mais je suis arrivé à la page 25, et putain ! Je savais que j’avais entre les mains ce qui allait potentiellement m’occuper pendant les 10 prochaines années, si j’ai de la chance. Et plus je lisais le script, plus j’espérais qu’il reste aussi bon tout du long. David Guggenheim a écrit une histoire qui m’a parlé.”

“Je n’avais jamais vu de ma vie une élection pareille, et je me souviens du Watergate !”

Honnête thriller politique doublé d’un drama familial (Natascha McElhone incarne sa femme propulsée “première dame”), on sent que Designated Survivor est mue par la volonté de bien faire. Les ficelles sont parfois grosses et les intentions un peu trop surlignées, mais la série pose des questions assez pertinentes au moment où un certain Donald Trump, totalement inexpérimenté, s’apprête à prendre les rênes de l’Amérique. Un parallèle qui n’a pas échappé à Kiefer Sutherland.

Personne ne me contredira quand je dis que nous vivons une période très étrange actuellement aux États-Unis. Je n’avais jamais vu de ma vie une élection pareille, et je me souviens du Watergate ! C’est tellement négatif et polarisant ce qui se passe. Ce qui m’alarme le plus, c’est le manque de flexibilité, cette incapacité à écouter un point de vue opposé. 

Dans le show, vous avez des points de vue de la gauche, du centre ou de la droite. Et cette idée de voir les gens en discuter de façon correcte, calme et intelligente, c’est très important pour moi. Nous avons presque une responsabilité, et en tout cas nous avons là une belle opportunité de redonner de la souplesse au discours politique aux États-Unis. Si nous pouvons accomplir cela, je serai très fier du show.”

Si les problématiques abordées – dans la série, les Musulmans deviennent la cible de persécutions – font écho au climat délétère actuel aux États-Unis, le personnage de Tom Kirkman est guidé par un “bon sens commun” comme l’explique Sutherland, qui lui fait prendre le plus souvent les bonnes décisions. La série, si elle débute par une catastrophe, se veut donc plutôt optimiste. Kirkman est un président juste et humaniste.

Autre parallèle inévitable, celui avec Jack Bauer, un homme aux méthodes autrement plus musclées mais qui a aussi à cœur de s’engager pour protéger son pays.

“C’est au moment d’interpréter le personnage que je me suis rendu compte des similarités qui existaient avec Jack Bauer. Je n’avais pas du tout anticipé cela. Ils ont évidemment des talents très différents. Tom Kirkman ne sait probablement pas comment tenir un flingue, encore moins tirer avec. Mais les deux personnages ont le désir de servir leur pays et sont prêts à se lancer dans des batailles qu’ils savent pertinemment perdues d’avance pour ça.

Cette ligne de conduite est manifestement quelque chose qui me touche. Au final, j’ai réalisé que si j’avais dit non à cette série, pour des raisons très valables en plus, je l’aurais vraiment regretté. Nous sommes au milieu de la première saison, et je ne regrette pas une seconde de m’être lancé là-dedans.”

Pour le moment, les Américains semblent plébisciter Kiefer Sutherland en tant que président. La série est la meilleure nouveauté d’ABC en termes d’audiences. Chez nous, elle est diffusée sur Netflix, à raison d’un épisode par semaine. Et si jamais le show venait à s’arrêter plus tôt que prévu, l’acteur ne serait pas contre un revival de 24 heures chrono : “Jack Bauer est un personnage très cher à mon coeur. Je l’ai incarné pendant si longtemps et il a tellement changé entre la saison 1 et la saison 9. Si jamais j’ai une opportunité de le revisiter, je serais intéressé.”