Laverne Cox : “Orange Is the New Black ausculte un système oppressif, misogyne et géré par des Blancs”

Laverne Cox : “Orange Is the New Black ausculte un système oppressif, misogyne et géré par des Blancs”

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Par Marion Olité

Publié le

“Comment gère-t-on un deuil et un traumatisme quand il est lié à une injustice ?”

“Nous devons toutes continuer à résister et nous battre comme les femmes de Litchfield !”

Je pense qu’il est très important de continuer à garder espoir. Il y a toujours des mouvements de résistance, des gens qui répliquent et se battent contre les politiques et les régimes oppressifs. Et je crois sincèrement que sur le long terme, on finira par rejoindre le bon côté de l’Histoire.
Nous découvrons en ce moment qui nous sommes vraiment. De nombreuses femmes sont agressées, qu’elles soient transgenres ou noires. Et puis il y a celles qui sont, comme moi, transgenres et noires, et c’est très important de discuter d’intersectionnalité. Nous devons toutes continuer à résister et à nous battre comme les femmes de Litchfield !
Vous êtes devenue en quelques années une icône pour beaucoup de monde. Comment gérez-vous ce statut ?
C’est beaucoup de pression ! Quand je commence à parler et que j’en arrive à dire des mots comme “suprémacistes blancs”, je me dis “Oh Mon Dieu ! Mais les gens vont me détester, ils n’ont pas envie d’entendre ça [rires], ils veulent juste que je parle de ma série !” Mais j’ai de la chance parce qu’en fait, Orange Is the New Black fait justement face à ces questions. La série ausculte un système oppressif, misogyne et géré par des blancs. Il y a évidemment une grosse pression sur vos épaules quand vous êtes une figure publique et qu’en plus vous décidez de parler de sujets sociétaux et politiques.
Certaines personnes prendront mal ce que je vais dire. Mais en ce qui me concerne, ce que je dis vient toujours avec beaucoup d’amour. Quand je compare Trump à Hitler, je sais que c’est très sérieux, et je le fais avec beaucoup de précaution. L’idée n’est pas de le diaboliser, mais d’apporter un contexte historique. Dans ces moments, oui, j’ai peur que mon message soit perdu au milieu d’une polémique. Mais même si cette administration me met très en colère, j’essaie toujours de discuter avec amour et empathie. Et de rester authentique, de dire ce que je pense.
Je n’oublie pas que je suis une actrice à qui on a donné une superbe tribune d’expression. J’essaie de l’utiliser avec responsabilité. Mais je ne suis pas parfaite. Les gens ne seront pas toujours contents, mais j’espère qu’ils comprennent le principal.

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“Quel est le but d’avoir une tribune d’expression si tu n’en profites pas pour te battre pour une cause plus grande que toi ?”

Quand avez-vous décidé de vous exprimer sur des sujets politiques et sociétaux ? Y a-t-il eu un point de bascule ?
Ça fait un moment en fait. J’ai participé à une émission de téléréalité [TRANSform Me, 2010, ndlr] à une époque où il n’y avait quasiment pas de personnes transgenres à la télévision américaine. J’ai commencé à en parler avec mon frère car évidemment, j’étais déjà très politisée. Je me suis demandé si je ne devais pas en profiter pour prendre la parole. Mon frère m’a alors dit : “Quel est le but d’avoir une tribune d’expression si tu n’en profites pas pour te battre pour une cause plus grande que toi ?” Ça m’a vraiment décidée.
J’ai lentement trouvé le courage de m’exprimer plus souvent, et de bien choisir mes sujets pour qu’ils soient entendus.
Vous avez accompli beaucoup, avec vos documentaires, vos discours et votre rôle dans Orange Is the New Black. Avez-vous un grand rêve en tête ?
Sur le long terme, j’ai toujours eu pour projet de produire du contenu scripté pour la télévision et le cinéma. Il faut dire que pendant longtemps, il n’y avait tout simplement pas de rôles pour quelqu’un comme moi. Donc je me disais qu’il fallait que je me les crée. J’ai été très chanceuse ces cinq dernières années de pouvoir travailler sur les projets passionnants des autres. En ce moment, j’ai en tête plusieurs films, une série télé que je veux développer… Je pense que le temps est venu pour moi de prendre les rênes et de produire des histoires.
La saison 5 d’Orange Is the New Black est disponible sur Netflix depuis le 9 juin.