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Comment Lena Dunham a convaincu HBO de se lancer dans Girls

Comment Lena Dunham a convaincu HBO de se lancer dans Girls

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Par Marion Olité

Publié le

À quelques semaines du retour de Girls sur HBO pour son ultime saison, Lena Dunham dévoile les secrets de fabrication d’un show déjà culte. 

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Le mois de février sera placé sous le signe de Girls, qui va entamer son dernier tour de piste. Lena Dunham et son équipe font donc logiquement le tour des médias US pour des interviews où pointe la nostalgie d’un temps presque révolu. On en apprend encore sur la façon dont la jeune femme, alors âgée de 23 ans, a su séduire la chaîne câblée, plutôt habituée aux shows d’anti-héros violents qu’aux émois des millenials, une cible commerciale qui ne l’intéressait pas outre-mesure (car fauchée).

Et Lena Dunham n’a pas convaincu HBO de lui confier les rênes de son show en envoyant bêtement le script des premiers épisodes de Girls ou en détaillant les différents personnages qui allaient peupler sa dramédie. Non, elle a écrit un joli texte, parfois un peu prétentieux (elle l’avoue elle-même), parfois maladroit, mais toujours plein de sincérité et de détermination sur ces filles, celles qu’elle connaît. On sent en lisant ces mots, récupérés par The Hollywood Reporter, pointer sa vision forte de ces filles twentysomething, qu’elle avait envie de voir vivre dans une série.

On a traduit ses mots :

Sex and the City dépeignait des femmes aux carrières brillantes, désormais paniquées par le tic-tac de leur horloge biologique. Gossip Girl parle de perdre sa virginité et de gagner en cote de popularité, dans un monde où personne n’est assez vieux pour voter ou n’a à se préoccuper de comment subsister à ses besoins. Mais entre l’adolescence et la vie d’adulte, il existe un entre-deux inconfortable, où les femmes sont éjectées de l’université et plongent dans un univers dénué de glamour et de structure. Le résultat de cette période est à la fois déchirant, hilarant et tellement humain.

Produit de la récession, ces filles sont surdiplômées et sous-employées, certaines d’être trop intelligentes pour leur métier d’assistante, de nounou ou de servante mais pas nécessairement assez motivées pour tenter de le prouver (ou même pour bien gérer leur job histoire d’avancer). Elles sont un mélange de “madame je-sais-tout” et d’un terrible auto-dénigrement. C’est la marque de tous les grands comédiens juifs et de nombre de jeunes femmes de 24 ans possédant un diplôme en art.

Elles n’ont pas toutes le même niveau d’ambition mais elles ont été élevées pour les réaliser. Elles savaient qu’elles voulaient avoir du succès avant même de savoir dans quoi.

Ce sont les derniers enfants des baby-boomers et la première génération à avoir des mamans sachant écrire des textos [AS-TU ETE VACCINEE POUR LE VPH [le papillomavirus, ndlr] ? EST-CE QUE TU EN AS UN ? JE T’AIM, MAMAN]. Ces mamans ont probablement pris plus de plaisir dans leurs vies sexuelles endiablées lorsqu’elles avaient 20 ans que leurs filles ne pourraient jamais en rêver.

Elles sont sous Ritaline depuis leurs 12 ans, et sous pilules contraceptives depuis leurs 15 ans (même si elles n’ont pas eu de relations sexuelles avant l’université).

Elles peuvent très bien coucher avec leur boss de 40 ans ou fricoter comme des gamines de 4e avec un mec de 20 ans, rencontré à une soirée dans un loft.

Elles ne recherchent pas un partenaire romantique avec de l’argent ou du pouvoir. Juste des mecs qui les font se sentir minces, drôles ou supérieures. 

Certains de leurs petits-amis se sont avérés homosexuels. D’autres, Républicains (ces filles ne sont pas nécessairement politisées, mais elles veulent être sûres que l’avortement reste une possibilité. Toujours. Après tout, qui se souvient de mettre une capote à chaque fois ?)

Elles envoient encore, en tout cas au moins l’une d’entre elles, des textos à leurs ex quand elles sont tristes ou saoules.

Elles sont la génération Facebook, et ironiquement, elles sont isolées par toutes ces possibilités de connectivité (et enclines à stalker sur Facebook, à envoyer des messages instantanés bourrées, à chercher un plan cul sur Twitter, à déchiffrer les sms comme s’il s’agissait d’anciens hiéroglyphes et à poster tout ce qu’elles mangent).

Elles sont en pleine transition avec la période post-université, où elles vivaient en complète codépendance, mais elles s’appellent encore pour annoncer que leur règles ont commencé, ou pour dire qu’elles ont vu un homme se masturber dans le métro, ou qu’elles ont vu un gars qui ressemble au garçon de leur colonie de vacances (est-ce que ça pourrait être lui ? Et est-ce qu’il est sur Facebook ?).

Elles sont magnifiques et exaspérantes. Elles ont consciences d’elles-mêmes, et sont égocentriques. Ce sont vos petites amies, vos filles et vos employées. Ce sont mes amies et je ne les ai jamais vues à la télé.”