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Marseille : pourquoi Gérard Depardieu représente si bien la France

Marseille : pourquoi Gérard Depardieu représente si bien la France

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Par Adrien Delage

Publié le

Passeport russe ou non, Gérard Depardieu reste la plus solide institution française vivante en cumulant tous les clichés qui font notre réputation à l’international.

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#1 Gégé, c’est un bon vivant

Restaurateur, caviste, critique gastronomique et ogre à temps plein, Gérard est le gourmet/gourmand ultime.

Gégé, il n’a pas peur de s’engager avec Arte pour découvrir les produits du terroir français. Dans le docu À pleines dents, il croque sans retenue ces produits frais et naturels. Comme un routard intrépide, Gégé a traversé l’Italie, l’Écosse, mais aussi Naples et la Bretagne pour se remplir la panse.

Et il n’y a rien de plus plaisant que de le voir se jeter sur des saints jacques sous nos yeux émerveillés, et remarquer la tendresse d’un homme qui aime la bouffe, concluant au terme du documentaire : “J’aime manger, rire et m’émouvoir.”

#2 Gégé, son meilleur pote c’est le vin

Gérard, il est autant vigneron que comédien. Plus testeur qu’œnologue, ne vous méprenez pas. Les soirs de vendange sont d’ailleurs ses fêtes préférées.

Sa soif démesurée, presque insatiable, lui donne envie de tout boire, tout essayer, un peu comme pour la bouffe. Il a fait de ces dégustations une passion aussi forte que son amour pour le cinéma.

Il a porté ce penchant pour la boisson jusqu’à son paroxysme. En 1989, Gégé fait l’acquisition du Château Tigné, cave datée du quinzième siècle, au coeur de l’Anjou. Il en profite pour lancer son propre cru, “son bijou” comme il aime l’appeler.

Taille Princesse, qui fait référence à sa grand-mère tailleuse de diamants, est un vin brut décliné en blanc et rosé. Gérard, c’est un grand romantique et le meilleur petit-fils qu’on aimerait tous avoir.

#3 Gégé, c’est Cyrano et tant d’autres rôles cultes

Gégé c’est un jouisseur de la vie. Une facette qui se ressent dans les rôles qu’il a incarnés depuis le début de sa carrière.

Depardieu, poète dans l’âme et créateur de punchlines médiatiques ô combien prisées, époustouflait le public français avec son Cyrano. Demandez-lui : rien n’est plus efficace qu’un monologue sur la taille du pif pour adoucir les mœurs.

Dès qu’il incarne Jean-Claude, le poto de Pierrot (Patrick Dewaere) dans Les Valseuses, l’acteur et son personnage ne font plus qu’un. On ne sait plus où l’un finit et où l’autre commence. Un épicurien fait sur mesure pour Gégé, qui se pavanait encore en taille 36 à l’époque.

En 2001, il devient l’exubérant Obélix aux côtés de Christian Clavier et Alain Chabat. Le rôle parfait pour ce bon vivant : de la bouffe, de la potion magique, quelques claques dans la gueule, et des dialogues cocasses.

Gégé c’est aussi des nanards cultes, qui ont fait marrer bon nombre de français : Tais-toi, Rrrr, L’Homme au masque de fer, Les 102 Dalmatiens voire les derniers Astérix et Obélix ou plus récemment Valley of Love.

On n’oubliera pas non plus cette salopette fuyante, point d’orgue de la sensualité de notre Gégé national, dans Green Card. Depardieu il était dans le game hollywoodien bien avant Omar Sy et Dujardin. Respect.

#4 Gégé, il est râleur comme tout Français qui se respecte

Gégé, c’est le boss quand il s’agit de s’énerver. Diction superbe, physique impressionnant, insultes à foison, il aboie sur les gens autant de fois qu’Obélix met de baffes aux romains. 

Ses coups de gueule légendaires par émissions interposées avec Jean-Pierre Coffe, son agacement sur les “145 millions d’euros d’impôts” qu’il aurait payés en 45 ans, ou ses violences envers les véhicules parisiens, ne sont que le symbole d’un comportement collectif : Gégé il râle, parce que les français sont jamais contents. #NuitDebout

Et ce, même quand il s’excuse d’uriner dans un avion Air France. Après tout, lui les bouteilles il les boit, il ne pisse pas dedans. On est tous dans ton camp Gérard !

#5 Gégé, il est provocateur

Gégé, il aime bien faire parler les médias. Et il adore qu’on l’écoute. Du coup, il fait l’étalage de sa verve quand on lui tend un micro. Récapitulons un peu les “drop the mic” de notre franchouillard préféré :

(À propos des acteurs) “Je pense qu’il y a beau­coup de narcis­sisme et de complai­sance. Il faudrait quand même qu’ils se lâchent un peu, qu’ils soient un peu sales. Mais vrai­ment : un mec qui a du vomi sur lui… qui pue… qui vient de chier un peu de peur. Là non, il n’y a pas de chie­rie, il n’y a rien” – Le Pari­sien, 2010

(À propos de Juliette Binoche) “S’il vous plaît, pouvez-vous m’expliquer le secret de cette actrice ? Je voudrais vrai­ment savoir pourquoi elle est telle­ment esti­mée depuis de nombreuses années. Elle n’a rien. Abso­lu­ment rien !” – The Guar­dian, 2010

“J’essaie d’être propre, je ne jette pas les choses, j’essaie de faire une culture raison­née dans mes vignes, mes animaux, je les respecte, les gens que je fais manger, je les respecte. Je ne suis pas comme Monsieur Coffe à vendre ses Leader Price pour un paquet de pognon, j’en ai rien à foutre.” – Émission 7 à 8 sur TF1, avril 2010

“Je suis comme je suis, je suis moi et je suis libre.”

“La poli­tique ne m’inté­resse pas. Ce n’est qu’une basse-cour avec des poules et des coqs qui se chient dessus.” – Le Journal du dimanche, 19 avril 2010

“Je suis un voyou ! Je ne braque pas, mais je fais mon métier en voyou et, ça, c’est la plus belle des liber­tés. Je ne me justi­fie pas, je ne m’ex­cuse pas, je fais ce que je fais. Je suis comme je suis, je suis moi et je suis libre.” – France Soir, novembre 2010

“Je ressemble de plus en plus à Obélix” – Émission Vivement Dimanche sur France 2, 7 octobre 2012

“Je ne jette pas la pierre à tous ceux qui ont du choles­té­rol, de l’hyper­ten­sion, du diabète ou trop d’alcool ou ceux qui s’endorment sur leur scoo­ter, je suis un des leurs, comme vos chers médias aiment tant à le répé­ter.” – Le Journal du dimanche, décembre 2012

#6 Gégé, il était fait pour être maire de Marseille

Gégé, il a jamais eu peur des rôles dark, ambigus, dramatiques voire vicieux. Son charme frenchy a fait des ravages quand il incarnait DSK dans Welcome to New York. La politique, il s’en contrefout. Lui ce qu’il aime, c’est le cinéma.

Gégé, c’est un dénicheur de saveurs. Toujours à la recherche de la bonne boustifaille, des plus beaux paysages, c’est un voyageur dans l’âme. Imaginez une escale à Marseille : pour peu qu’on lui présente la sardine qui a (soit-disant) bouché le Vieux-Port, et il en fait de belles grillades.

Au fond, qui d’autre aurait pu retranscrire à l’écran les valeurs de la ville de la culture par excellence qu’est Marseille, à part notre Gégé national ?

Allez Gérard, plus que quelques années et une dizaine de verres, et tu suis les traces de Coluche en te présentant aux présidentielles !