Mathieu Kassovitz : “Le Bureau Des Légendes est une série forte et nécessaire”

Mathieu Kassovitz : “Le Bureau Des Légendes est une série forte et nécessaire”

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©️XavierLahache/Canal+

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Par Marion Olité

Publié le

“Malotru trahit tout le monde pour ne trahir personne”

Quel souvenir marquant gardez-vous du tournage ?
Le tournage au Maroc était super. On était avec des marocains géniaux, qui portaient de fausses barbes pour incarner les terroristes de Daech (rires). Ils étaient d’une gentillesse absolue et ne connaissaient pas vraiment Daech d’ailleurs.
Je me souviens d’un mec qui était dans le fond dans une scène. Je lui demandais d’avoir l’air méchant, il en était incapable (rires). En même temps, c’est triste de se retrouver dans des endroits magnifiques avec des gens aussi intéressants et gentils pour jouer des choses aussi dures.
J’ai été scotché par leur capacité à jouer des méchants sans être intimes avec leurs personnages. Ils jouaient juste un rôle dans leur tête. Leur approche était très saine.

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Le thème de cette saison est-il pour vous la loyauté ou la trahison ?

Je ne me suis pas posé la question en ces termes en fait. Malotru ne se pose pas vraiment ce genre de questions. Il fait ce qu’il a à faire selon son code moral. Il veut réparer ce qu’il a contribué à créer. Au final, il trahit tout le monde pour ne trahir personne.

Les dialogues semblent assez stricts dans Le Bureau Des Légendes. Comment intégrez-vous cette contrainte ?
Pas toujours avec un grand plaisir, parce qu’on a parfois envie de les changer… pour exister !! (rires) Mais c’est essentiel pour la tenue de la série de bien rester dans les dialogues. Ces personnages sont dans une situation dramatique, mais ils évoluent dans un univers très sobre.
Je me souviens d’une anecdote toute bête en saison 1. Sur un dialogue, il y avait noté “effectivement”, et en le jouant, je dis à la place “oui, oui”. Éric est alors descendu de son bureau, il est arrivé et m’a dit : “non, non, ce sont des militaires, on ne dit pas ‘oui’, on dit ‘effectivement ‘.” Effectivement (rires). À partir de là, tu sais quoi faire.
C’est moins agréable à dire mais on est là pour faire du bon boulot. Finalement, c’est une contrainte par la fonction du personnage. Je comprends le devoir de précision. Ce sont des gens qui ne bafouillent pas.

“Le travail de la DGSE consiste à ne pas passer aux infos”

“Avant, je me disais : ‘putain, ils ont laissé passer quelque chose’. Je ne peux plus penser comme ça.”

“La DGSE est un jeu d’échec que l’on retrouve dans la série”

C’est très important que les gens se rendent compte : pendant qu’on vit tous les jours, ça travaille derrière. Tout part de personnes, et de petits détails. Sur plusieurs années, on change le monde. Le travail de la DGSE, c’est de choper ce petit truc avant qu’il ne grandisse et devienne incontrôlable.
Les mecs développent des angoisses pas possibles tout en maîtrisant leurs émotions. Ils ont du sang froid et en même temps ils doivent rester très humains.Ce sont des gens exceptionnels. La DGSE n’engage pas des fanatiques ou des ultra-patriotes, mais des gens qui ont de la réflexion et sont fins psychologues. C’est un jeu d’échec que l’on retrouve très bien dans la série.
Propos recueillis par Marion Olité