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Après 6 saisons, Orange Is the New Black a-t-elle encore des choses à raconter ?

Après 6 saisons, Orange Is the New Black a-t-elle encore des choses à raconter ?

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© Netflix

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Par Florian Ques

Publié le

Un temps RDV immanquable de l’été, la série carcérale de Netflix s’embourbe et semble faire du surplace. Est-elle vouée à se répéter jusqu’à épuisement ? Attention, spoilers.

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Orange Is the New Black et moi, c’était une grande histoire d’amour. On enchaînait les dates passionnés, on s’invitait à dîner (les offres promo de Domino’s ne se refusent pas), et on se faisait même des week-ends à deux sans voir personne d’autre. Une pure alchimie. Le truc, c’est qu’on est tombés dans le piège Beigbeder. À la différence près que, dans notre cas, l’amour n’aura pas duré trois ans mais quatre. Voire cinq, avec un petit effort. Aujourd’hui, en août 2018, je peux le dire : les prisonnières (originairement) de Litchfield et moi, on est sur la pente descendante et notre relation est sérieusement compromise.

Parce qu’Orange Is the New Black a sombré dans la routine et a cessé de vouloir m’impressionner, je me pose une question. Le hit de Netflix a-t-il encore des choses à me raconter ? Avec six saisons inégales au compteur, la série – adaptée des mémoires de Piper Kerman, on le rappelle – montre de sérieux signes d’essoufflement. On semble avoir fait le tour de la relation, ou devrais-je dire grand huit émotionnel, entre Chapman et Vause. L’arc narratif engagé, inspiré du mouvement Black Lives Matter, est vraisemblablement bouclé. Les détenues de la série, sauf rares exceptions, ont cessé toute évolution.

En changeant de décor, abandonnant l’atmosphère trop familière de Litchfield pour une prison haute sécurité, j’avais bon espoir. Orange Is the New Black allait relancer la machine, faire des efforts et notre idylle pourrait reprendre comme si de rien n’était. Au lieu de ça, la série s’est auto-rebootée, repartant de zéro avec les mêmes ingrédients, la saveur en moins. Les intrigues développées durant la saison 6 font irrémédiablement écho à celles de saisons passées, alors que certains nouveaux personnages rappellent des ex-détenues de Litchfield, disparues sans laisser de trace.

En réalité, si Orange Is the New Black continue d’avoir des fidèles, c’est probablement grâce à sa tonalité hybride. Après tout, c’est ce qui m’a séduit chez elle lors de notre première rencontre en juillet 2013. Au carrefour entre comédie et drame, l’écriture de Jenji Kohan et sa team de scénaristes oscille toujours entre ces deux extrêmes, parfois avec justesse, parfois tout le contraire. Malgré quelques flash-back qui m’ont fait esquisser un léger sourire, cette saison 6 a fait fausse route. Elle n’est ni vraiment drôle, ni vraiment émouvante. Serait-ce le début de la fin ? On dirait bien que oui.

Au bout du compte, je pense qu’Orange Is the New Black a fait le tour de son propos. Le quotidien de femmes incarcérées ? Check. Les abus de pouvoir des gardiens et la déshumanisation des détenues ? Check. Les conflits raciaux et la mise en place d’un fonctionnement communautaire ? Check. Les failles du système pénitentiaire américain ? Encore une fois, check. Oui, la série de Netflix pourrait encore plus creuser ces thématiques-là, mais elle risquerait surtout de tomber dans la redondance.

Avec du recul, le point noir de la série est peut-être son cadre. Parce que restrictif, le milieu carcéral offre peu d’opportunités d’évolution à ses personnages et engendre une sorte de cycle où les histoires interpersonnelles sont forcément vouées à se répéter. Malgré ces points négatifs, je ne peux pas nier être encore attiré par Orange Is the New Black. Par le bagou de Nichols, par la candeur Bisounours-esque de Morello, par la vulnérabilité de Pennsatucky. Je ne peux pas le nier, les femmes du show auront toujours une place dans mon cœur de sériephile.

Quand on aime, on se doit d’être exigeant. Dans le cas d’Orange Is the New Black, je ne sais pas s’il est encore temps pour la série de se rattraper, car je ne suis pas certain qu’elle en ait les moyens. La boucle semble être bouclée, et on en viendrait presque à se dire qu’OITNB aurait peut-être été plus percutante en mini-série ou, du moins, avec un nombre plus réduit de saisons. Comme tout vieux couple qui reste ensemble plus par habitude qu’autre chose, Orange Is the New Black et moi allons continuer de nous fréquenter. En attendant la rupture ou la réconciliation ? Seule la saison 7 nous le dira.

Orange Is the New Black est disponible en intégralité sur Netflix à l’international.