Riverdale tire avantage de sa superficialité avec brio

Riverdale tire avantage de sa superficialité avec brio

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Par Florian Ques

Publié le

Aujourd’hui, dans la petite ville de Riverdale : la série est-elle sponsorisée par une marque de sirop d’érable pour en parler autant ?

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Présentatrice de talk-show. Égérie de MAC. Participante à l’émission Yo Momma de MTV. Voilà quelques exemples de domaines où excellerait la génialissime Cheryl Blossom. Tout, mais pas magnat du sirop d’érable, par pitié. Cette semaine encore, Riverdale parle du sirop d’érable comme d’une affaire d’état dont dépend l’équilibre du monde entier, rien que ça. Qu’on soit clair, la mean girl de Riverdale mérite mille fois mieux qu’une carrière dans l’assaisonnement pour pancakes.

Ne jamais sous-estimer Cheryl Blossom

Avec sa longue crinière de feu et son rouge à lèvres écarlate, Cheryl “Bombshell” est loin de passer inaperçue. Ajoutez à ça sa répartie cinglante toujours au top et on tient là l’un des meilleurs personnages de tout Riverdale. En un seul épisode, elle a tout de même réussi à dire à papa Andrews qu’il faisait “très DILF” et s’en est aussi pris à Jughead en le traitant de clochard. Pour sa défense, Jughead a quand même élu domicile dans le cagibi du concierge de l’école, donc sa remarque n’était pas totalement gratuite.

Au-delà de cette façade froide et cassante, Cheryl se décide à révéler encore davantage sa facette plus émotive dans ce neuvième épisode. Bien entendu, on avait déjà pu entrevoir cet aspect de sa personnalité dès les premiers volets, lorsqu’elle repensait à son jumeau décédé. Cette fois-ci, la rouquine est tourmentée parce qu’elle peine à être appréciée à sa juste valeur. Tout d’abord par ses parents, les exécrables et cartoonesques Clifford et Penelope Blossom.

Tradition oblige, tout le clan Blossom se réunit pour faire la première récolte annuelle de sirop d’érable. Une horde de rouquins, tous âges confondus, débarque alors à Riverdale. La neige étant au rendez-vous, leur arrivée remarquée fait irrémédiablement écho aux Volturi dans la saga Twilight. Oui, on l’admet, il y a toujours mieux comme référence culturelle. En même temps, cette image représente bien les Blossom : des vampires impitoyables prêts à sucer le sang (et la vie) de leurs ennemis. Très vite, tout devient clair : ils veulent un héritier au business de sirop d’érable, et ça ne doit pas être Cheryl.

Depuis la mort de Jay B, elle peine à obtenir la reconnaissance de ses parents, lesquels devaient plutôt avoir leur défunt fils comme chouchou. Sans le soutien de son bro, Cheryl est obligée de se reposer sur l’autre rouquin de la ville, j’ai nommé Archie Andrews. Malheureusement, ce dernier a autant d’intégrité qu’un milkshake chez Pop’s et lui rend service principalement pour s’attirer les bonnes faveurs de son daron (et ses multiples contacts, car oui, bosser dans le sirop d’érable vous ouvre plein de portes, croyez-le ou non).

Riverdale, série superficielle

Cheryl est un personnage touchant. Cliché, certes, mais touchant par son besoin inassouvi de validation de le part de son entourage. Par moment, il semblerait que Riverdale veuille se doter d’une profondeur qu’elle ne parvient pas à maîtriser. Qu’on se le dise, la série fait pâle figure comparée à un récent hit de Netflix, l’excellente 13 Reasons Why. Si les deux shows ne partagent pas la même tonalité, ils abordent une poignée de thématiques similaires. Et pourtant, Riverdale le fait avec beaucoup de moins de crédibilité et certains développement scénaristiques sonnent faux.

Mais au fond, demande-t-on à Riverdale d’être un modèle d’authenticité ? Pas vraiment. Dès son pilote, le teen show s’est démarqué par son côté bigger than life et souvent exagéré, aussi bien par les tenues de personnages que par des storylines insensées (oui, le coup du sirop d’érable comme origine de tous les maux ne passe clairement pas). Ainsi, l’évolution de Cheryl, aussi plausible soit-elle, tombe à plat et peine à émouvoir. La superficialité (assumée, précisons-le) de la série dans son ensemble empêche le téléspectateur de s’investir émotionnellement dans ses protagonistes.

Cela n’enlève rien au plaisir de se retrouver dans son canapé devant un épisode de la série, bien entendu. Le divertissement est au rendez-vous, de la même manière que Gossip Girl aura su garder notre attention pendant six saisons auparavant. Vu l’engouement qu’elle suscite, Riverdale semble être partie pour marcher dans les pas de Blair Waldorf et ses copains pétés de thunes. À partir du moment où l’on se résout à percevoir la série pour ce qu’elle est, Riverdale est une œuvre ostensiblement distrayante et, surtout, un sacré bon plaisir coupable (dans le meilleur sens du terme).

Néanmoins, il serait temps que la série se mette à faire avancer la résolution du meurtre de Jason Blossom. Si certains épisodes sont parsemés d’indices çà et là, on est tout de même pas près de découvrir le pot aux roses. Pire, les indices fournis sont d’une prévisibilité navrante. Dans un monde couvert de sirop d’érable, Riverdale commence à s’engluer et peine à faire avancer son fil rouge. Too bad.

Ailleurs à Riverdale :

  • Après avoir réalisé que sous ses abdos dessinés ne se trouvait que du vide, Valerie s’est décidée à larguer Archie. C’était pas trop tôt.
  • Alice se fait virer par son propre mari. Heureusement, Betty et Jughead lui proposent de venir écrire pour le journal du lycée. Pas sûr que ça soit très bien rémunéré, par contre. Ni que ça soit légal.
  • Sur une échelle de 1 à 10 (1 étant moche et 10 étant à vomir), où se situe l’immonde bibi que Veronica tente de refourguer à Ethel ?
  • Où était la mamie creepy des Blossom ? Le sirop d’érable n’est pas assez hype pour elle ou bien est-elle trop occupée à soigner sa cataracte ?