Safe, la nouvelle série d’Harlan Coben, ne prend pas (assez) de risques

Safe, la nouvelle série d’Harlan Coben, ne prend pas (assez) de risques

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Michael C. Hall et Audrey Fleurot

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Par Marion Olité

Publié le

Comme un air de déjà-vu.

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Présenté en avant-première lors de la première édition de Canneseries, le nouveau thriller d’Harlan Coben est construit dans le même moule que Five, précédente création proposée en 2016 sur Canal+. Comme pour ses romans à succès, l’auteur applique une recette qui fonctionne, basée sur le principe du whodunit, à savoir une intrigue qui s’articule autour de la disparition ou du meurtre d’une personne. On y mélange une galerie de personnages avec des secrets à cacher et c’est parti pour une enquête où s’enchaînent les fausses pistes avant de trouver le coupable.

Si en leur temps, Broadchurch ou The Killing ont su sublimer le genre du whodunit, Harlan Coben n’a pas pour but d’innover mais plutôt de proposer un divertissement efficace à ses spectateurs avec des têtes d’affiche prometteuses. Et effectivement, donner le rôle principal d’une série à Michael C. Hall est toujours une bonne idée a priori (même s’il a eu la main lourde sur l’accent british). Alléché par la perspective de jouer en Grande-Bretagne, comme il nous l’a confié, l’acteur a dit oui au rôle de Tom, un père de deux enfants, récemment veuf, qui habite dans un quartier résidentiel huppé, façon Desperate Housewives. Son équilibre fragile vacille quand sa grande fille, ado, disparaît mystérieusement. La star américaine est secondée par la Française Audrey Fleurot et l’Anglaise Amanda Abbington, qui incarnent respectivement une prof de français (ouf, il y a une cohérence) accusée de détournement de mineur et une détective aguerrie.

Un vieux loup de mer dans les eaux sombres du polar

On comprend aisément le sens du mot “safe” : derrière les barrières de cette petite communauté ultrasécurisée où chacun se connaît et où la transparence est censée régner en maître, les résident·e·s cachent des secrets peu reluisants : adultères, soirées hors de contrôle, meilleur ami au comportement énigmatique, passé honteux… Oui, Safe a vraiment des airs de petite sœur dark de nos fameuses Desperate. On y pense en particulier à travers un arc narratif secondaire mettant en scène une famille d’origine latino, qui va devoir gérer à sa façon une situation d’urgence.

Elle représente la respiration comique bienvenue dans un univers qui se prend plutôt au sérieux, notamment à travers le personnage de Tom. Mâchoire serrée et détermination à la Jack Bauer, ce chirurgien et vétéran s’improvise détective du jour au lendemain, et se retrouve vite meilleur flic que ceux qui bossent sur l’affaire.

Votre jugement de Safe dépendra de ce que vous attendez d’une série. Assurément, Harlan Coben sait imaginer des thrillers addictifs et bien troussés, aux codes qui nous sont familiers. Ici, il se laisse séduire par un ton plus soap que sur ses précédents travaux. Chaque épisode fait avancer le schmilblick, et comporte son lot de révélations et son petit cliffhanger. Sa nouvelle création est un produit de divertissement industriel, vite consommé, vite oublié, qui peut aussi bien s’adapter à une bonne vieille diffusion linéaire comme c’est le cas en France – où C8 la propose à un rythme de deux épisodes par soirée – qu’à un bon binge-watching des familles sur Netflix, qui la propose en dehors de nos frontières.

De la part d’un vieux routier du polar comme Harlan Coben, on était en droit d’en attendre un peu plus. L’homme a potentiellement toutes les clés en main pour tenter de réinventer la roue dans ce domaine, ou du moins, pour lui mettre un bon petit coup de polish. Mais avec Safe, il se contente de recycler ses vieilles recettes, de moins en moins efficaces à une époque où le spectateur croule sous les propositions sérielles alléchantes.

Composée de huit épisodes, Safe est diffusée tous les mardis soir sur C8 à compter du 10 mai.