La saison 8 de Shameless prouve que l’âge de raison est possible pour les Gallagher

La saison 8 de Shameless prouve que l’âge de raison est possible pour les Gallagher

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Par Florian Ques

Publié le

Après sept saisons chaotiques, se pourrait-il que cette huitième salve d’épisodes soit le virage dont la fratrie Gallagher avait besoin ? Attention, spoilers.

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Que ce soit avec les funérailles de Monica, la matriarche indigne des Gallagher ou avec le mariage complètement foiré de Fiona, les saisons de Shameless se clôturent traditionnellement par un événement cataclysmique venant chambouler le quotidien de la fratrie. A contrario des fournées précédentes, ce huitième tour de piste est à contre-courant dans le sens où le dénouement n’offre rien de grandiose ou d’extraordinaire. Et étrangement, ce n’est pas un reproche, bien au contraire.

Pour leur huitième année (déjà !) sur nos écrans, les Gallagher se la jouent Bridget Jones et s’approchent progressivement de l’âge de raison. Enfin, pour la majorité, étant donné que certains persistent à faire du surplace, voire reculer de quelques pas. Cette saison aura clairement permis à Fiona, l’aînée mais aussi la “maman intérimaire” de la famille, de s’émanciper. Car oui, après sept années à se laisser embrigader dans les embrouilles de ses frères et sœurs, Fiona a compris qu’elle ne changerait jamais si elle ne prenait pas un minimum de distance.

Plus que jamais, la véritable héroïne de Shameless avance et s’améliore. Bien qu’elle conserve le tempérament de feu qui est devenu la marque de fabrique des Gallagher (notamment pour lutter contre des squatteurs abusant de sa gentillesse), Fiona s’est nettement calmée. En la faisant devenir propriétaire de son propre immeuble, les scénaristes de la série ont trouvé la direction adéquate pour le personnage. Et, si un rapprochement d’ordre sentimental a lieu dans le dernier quart de la saison, Fiona reste globalement célibataire et c’est un mode de vie qui lui réussit, étant trop habituée à s’accrocher aux hommes de sa vie.

En parallèle, Carl est définitivement à la dérive, surtout sur le plan romantique alors qu’il est passé de célibataire endurci à jeune homme marié avec une ex-junkie décérébrée. De prime abord, son union paraît incompréhensible : pourquoi Carl s’infligerait-il la compagnie d’une fille aussi instable et imprévisible que Kassidi ? Leur relation semble insensée.

Et pourtant, lorsqu’on revisite le contexte familial de Carl, on comprend aussitôt. Il ne fait que reproduire le schéma relationnel involontairement inculqué par Frank et Monica, ses parents, qui ont eu le même type de relation toxique. Néanmoins, au terme de la saison, Carl revient à la raison et laisse son épouse désemparée pour s’envoler vers l’école militaire : un choix calculé, logique, qui montre que Carl a fait du chemin.

Il en est de même pour Debbie, qui a troqué sa personnalité de gamine capricieuse pour enfin devenir une mère célibataire responsable. Jusqu’ici très axée romance et gent masculine, la cadette des Gallagher se focalise davantage sur sa carrière professionnelle. Carrière qui se voit légèrement altérée en fin de saison après un accident de travail (on fera l’impasse sur son intervention médicale DIY pour le moins répugnante). Il n’empêche qu’en seulement douze épisodes, Debbie a énormément gagné en maturité, à l’instar de son aîné, Lip.

Si l’on devait décerner une palme au personnage ayant le plus évolué, elle reviendrait à Lip. Cette saison, le deuxième Gallagher a dû faire face à pléthore de problèmes, à commencer par la descente aux enfers de son mentor/ami, l’alcoolisme persistant de son coach de sobriété mais également ses imbroglios amoureux qui ne se terminent jamais réellement. Malgré tout ça, Lip sort de cette saison 8 grandi et délivre d’ailleurs un speech final touchant, où il est enfin honnête sur sa situation actuelle et sur le fait qu’il soit totalement paumé. Shameless excelle dans le traitement de son personnage et continue de le creuser à chaque saison.

Le seul protagoniste dont on peine à saisir les enjeux, c’est Ian. Toute la saison, ce dernier s’est trouvé une vocation de sauveur des opprimés, devenant le messie de la communauté LGBTQ+ des quartiers chauds de Chicago. Une cause qui lui est chère et qui va notamment le placer en concurrence avec Fiona, ce qui aboutit d’ailleurs à un face-à-face déchirant entre les deux en milieu de saison. Celle-ci s’achève avec un Ian hors de contrôle, finalement placé sous les verrous. La question de sa bipolarité reste évidemment en suspens, en espérant que cela soit évoqué l’année suivante.

Au bout du compte, Shameless grandit et la majorité de ses personnages centraux aussi. Au-delà de Frank (qui, lui, ne changera jamais, on a compris), le reste de la fratrie ne stagne pas et tente constamment d’évoluer. C’est un peu ça, la magie de la série, qui avec huit saisons au compteur continue de surprendre et d’opter pour des directions qui savent nous prendre de court. Rares sont les œuvres du petit écran à savoir autant se réinventer sans perdre l’essence même de ses protagonistes. Encore une fois, merci Shameless pour ta qualité inébranlable. Rendez-vous d’ici à fin 2018 (on espère) pour la neuvième saison.