Sherlock conclut sa saison 4 par un face-à-face familial intense et divertissant

Sherlock conclut sa saison 4 par un face-à-face familial intense et divertissant

photo de profil

Par Marion Olité

Publié le

Qui n’a pas d’histoire de famille compliquée ? 

À voir aussi sur Konbini

Après un deuxième épisode mémorable, la saison 4 de Sherlock s’est (déjà) achevée dimanche 15 janvier par une ultime livraison, baptisée “The Final Problem”. L’épisode fait directement suite au cliffhanger qui avait laissé John Watson entre les mains de la sœur psychopathe de Sherlock. Il est un peu vite résolu (elle n’a fait que l’endormir pour le rendre gentiment à son frérot ?!), mais peu importe. Car Eurus Holmes n’a pas fini de faire des siennes. Elle a mis en place tout un jeu mortel bien élaboré auquel Mycroft, Sherlock et John Watson vont devoir se prêter s’ils veulent sauver des vies. Au-dessus de ce sinistre plan plane l’ombre de Jim Moriarty, qui semble faire autant de dégâts mort que vivant.

Family Matter

Voilà pour les (très) grandes lignes de l’intrigue de ce quatrième épisode des aventures du détective. Dans cet épisode, davantage construit comme un huis-clos, Sherlock est cette fois pris dans un piège tendu par sa sœur. Interprétée par Sian Brooke, Eurus et son look à la The Grudge est une antagoniste plutôt réussie et bien flippante. En opposition à son frère qui prend plaisir à résoudre des énigmes, elle se délecte à les mettre en place et à proposer des solutions impossibles à ses victimes, dans le but d’analyser leurs réactions. 

L’intelligence à haute dose rend donc psychopathe, Eurus étant présentée comme un génie qui surpasse largement l’intellect déjà pas dégueu de Mycroft et Sherlock. Que peut vouloir faire un génie, si ce n’est expérimenter sur ce qu’il ne comprend pas, les émotions humaines ? Cet épisode a ainsi le mérite de pousser les deux frères dans leurs retranchements émotionnels. Sherlock va devoir se confronter à une certaine Molly (incarnée par Louise Brealey, clairement sous-exploitée dans le show, elle a ici l’occasion de briller dans une scène assez déchirante) et son amour fraternel pour Mycroft n’a jamais été aussi mis en avant. On pense à cette réplique en fin d’épisode : “Prenez soin de Mycroft, il n’est pas aussi fort qu’il le pense”, demande le détective à Greg Lestrade (que par ailleurs il appelle enfin par son bon prénom, “Greg”).

À travers son amitié avec John Watson (encore prouvée par cette belle scène en début d’épisode où Mycroft demande à Watson de sortir pour parler avec son frère : “C’est une affaire privée”, “John reste”, “C’est la famille!”, “C’est pourquoi il reste !” lui répond Sherlock) et l’épreuve de la mort de Mary, l’anti-héros s’est définitivement humanisé. Et c’est cette humanité que recherche Eurus, piégée par son propre cerveau, incapable de ressentir quoi que ce soit, détaché du reste de l’humanité. Seul Sherlock saura l’atteindre.

Show must go on

Cette plongée au cœur de la famille Holmes, dans des souvenirs traumatisants, a son charme mais aussi ses limites en termes de cohérence. Mark Gatiss et Steven Moffat ont clairement opté pour le divertissement à la limite de la parodie (la façon dont les trois débarquent sur l’île d’Eurus par exemple est drôle mais totalement WTF, on se croirait dans les orphelins Baudelaire) au détriment de la vraisemblance.

Après avoir laissé John Watson tranquille pour on ne sait quelle raison, Eurus est donc repartie sur son île pour attendre tranquillement ses balourds de frères tomber comme des bleus dans la gueule du loup. Sherlock n’a aucun plan, si ce n’est celui de rencontrer sa sœur, capable de retourner des cerveaux en moins de deux minutes. Le tout se fait avec la bénédiction de Mycroft, qui gère le cas Eurus depuis des années, connaît son niveau extrême de dangerosité, mais a accepté sans sourciller qu’elle rencontre Moriarty sans surveillance… Mouais. Sans compter que dans cet épisode, Sherlock ne fait que subir le jeu de sa sœur. Son légendaire flair s’est fait la malle et il est incapable d’anticiper la prochaine énigme.

Malgré ces faiblesses, ce quatrième épisode a le mérite de rester extrêmement divertissant, et nous donne l’occasion de revoir le meilleur des bad guys de l’histoire de Sherlock, l’inénarrable Jim Moriarty, interprété avec gourmandise par Andrew Scott. On n’oubliera pas de sitôt son entrée magistrale en musique, sur “I Want to Break Free” de Queen. Et pendant ce flashback, on se prend à rêver d’un twist (qui aurait des airs de jump the shark) où Moriarty aurait trouvé le moyen de tromper Sherlock et d’être encore en vie. Mais les scénaristes ont eu la présence d’esprit de ne pas sauter ce requin-là.

Enfin, le retour du personnage de Mary Watson sur magnéto, pour un dernier message, est un peu forcé : c’est une façon de donner une vraie/fausse fin aux téléspectateurs, au cas où les plannings surchargés de Benedict Cumberbatch et Martin Freeman ne permettent pas de les revoir en Sherlock et Watson avant quelques années. Cette saison 4, certes inégale, reste un meilleur cru que la troisième. En s’attaquant aux drames intimes de ses deux héros, Gatiss et Moffat ont remué le duo, l’ont fait évoluer et nous ont gratifiés de quelques twists mémorables.