Les justicières de Sweet/Vicious allient humour et féminisme pour un début convenable

Les justicières de Sweet/Vicious allient humour et féminisme pour un début convenable

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Par Florian Ques

Publié le

Jules et Ophelia, les héroïnes badass de la série, prennent la justice entre leurs mains et ne s’excusent même pas.

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Tandis que MTV s’apprête à faire ses adieux déchirants à Teen Wolf au terme de sa sixième saison, la chaîne câblée américaine se démène pour lui dénicher un successeur. Depuis plusieurs mois, des nouveautés (Mary+Jane, Loosely Exactly Nicole) ont été lancées, sans réellement trouver le succès. Même The Shannara Chronicles, avec un budget plus conséquent, n’a pas brillé sur le plan des audiences. Dans sa quête inespérée d’un hit en puissance, c’est vers Sweet/Vicious que MTV va devoir miser.

Sur un campus d’une université US fictive, Jules est une sorority girl exemplaire avec ses longs cheveux blond cendré et son minuscule sac à dos rose fuchsia. La nuit tombée, elle troque sa tenue de petite étudiante modèle pour un sweat à capuche et un legging noir. Plutôt qu’une pyjama party entre copines, ses soirées sont rythmées par des excursions au domicile de violeurs. À sa manière bien à elle, Jules rétablit l’ordre des choses et venge ses homologues féminins.

Sa double vie plutôt spéciale passait jusqu’ici inaperçue. Mais c’était sans compter sur Ophelia. Avec son look hipster et ses cheveux verts presque fluo, cette dernière est tout ce que Jules n’est pas de prime abord. Ophelia tombe par hasard sur une femme masquée en train de botter les fesses d’un mec dans une ruelle sombre. Elle met alors ses talents de hackeuse au service d’autrui et s’improvise investigatrice du dimanche pour découvrir la véritable identité de cette “social justice warrior“, qui n’est donc autre que Jules.

Ce pilote, qui ne dépasse même pas les quarante minutes, met en place les bases de cette amitié improbable entre ces jeunes étudiantes aux passes-temps radicalement différents. Là où l’une est adepte de drogues récréatives et de plans cul sans lendemain, l’autre prend la justice entre ses mains à coup de taser et de répliques bien senties. En dépit d’une idée originelle intéressante, ce duo éclectique est légèrement desservi par le jeu des actrices principales, qui ne vont probablement pas remporter un Emmy pour leur prestation.

L’une d’elle est, par ailleurs, la fille d’un dénommé Bryan Cranston. Si elle a sans aucun doute du chemin à parcourir pour atteindre le level de son paternel, la jeune Taylor Dearden signe ici son premier rôle principal à la télévision. La clémence sera donc de rigueur pour apprécier son interprétation un poil agaçante. Au rayon des visages familiers, les fans de You’re the Worst reconnaîtront Brandon Mychal Smith. Aux antipodes de son interprétation de thug complètement barré, il incarne ici Harris, étudiant en droit irréprochable et meilleur ami d’Ophelia.

À une époque où les Brock Turner (mais si, ce nageur de Stanford condamné pour viol et placé sous les verrous pour seulement quelques mois) sont légion, Sweet/Vicious arrive à point. Sa thématique, indéniablement sensible, pourra mettre mal à l’aise certains téléspectateurs. Pour cet épisode inaugural, l’équipe de la série a en outre pris soin de mettre un avertissement. Lorsque l’on comprend que Jules a elle-même été abusée sexuellement par un mec de son entourage, la série parvient à adapter un ton adéquat. Au moins l’espace d’un instant.

Le troisième acte de l’épisode est un enchaînement de twists et de réactions à la limite de l’incohérence. On réussit à esquisser un sourire ça et là, mais une incrédulité subsiste pour le reste du visionnage. À l’issue de ce pilote, grâce à un dernier retournement de situation, pas de place au doute : on a envie de découvrir la suite et en ça, le pari est réussi.

Avec des scènes de baston façon ninja et du vomi rose chewing-gum exagéré, le show possède un petit côté over-the-top délectable qui permet de dédramatiser la situation. Quoi qu’on en dise, le viol demeure un sujet tabou, complexe à traiter dans un format dédié au divertissement. Sweet/Vicious y arrive avec une facilité louable grâce à ce combo de super-héroïnes contemporaines. La série n’est pas exempte de défauts, mais les qualités viennent tout de même les compenser. Au bout du compte, ce pilote permet de mettre enfin cette culture du viol trop souvent ignorée sous les projecteurs, à travers un filtre résolument féministe et un humour décalé.

Sweet/Vicious est diffusé outre-Atlantique dès le 15 novembre sur MTV.