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The Aliens, c’est (vraiment) le nouveau Misfits

The Aliens, c’est (vraiment) le nouveau Misfits

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Par Marion Olité

Publié le

La chaîne anglaise E4, à qui l’on doit Skins et Misfits, vient de sortir sa dernière petite bombe, The Aliens. Premières impressions. 

Le genre de l’anticipation reprend des couleurs ces dernières années. Après Real Humans chez les Nordiques, Colony chez les Américains, ou encore Trepalium et Section Zero en France, les Anglais s’attaquent au genre avec la liberté de ton et le fond social qui caractérisent leur production.
Imaginée par l’auteur Fintan Ryan et la team créative de Misfists (les producteurs exécutifs Murray Ferguson, Petra Fried et Matt Jarvis), The Aliens dépeint un monde dans lequel les les petits hommes verts ont débarqué sur la Côte Irlandaise depuis 40 ans. Ils ont été intégrés à la société anglaise tout en étant considérés comme des sous-humains, et vivent dans une ville bien moche, baptisée Troy.

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L’histoire se centre sur les péripéties improbables de Lewis (Michael Socha, le frère de Lauren Socha vue dans Misfits), un type lambda, raciste ordinaire envers les Aliens, qui vit sans se poser de question et travaille au contrôle de la frontière entre Troy et le reste du pays. Son existence bascule quand il se rend compte avec effroi qu’il est à moitié alien. Il se retrouve alors mêlé à un trafic de drogue (les poils des Aliens se fument comme de la weed !) et doit tout faire pour cacher son identité auprès de ses collègues de boulot.
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Comme dans In the Flesh, la précédente série de Fintan Ryan où les zombies tentaient une difficile intégration dans la société britannique, le sous-texte politique et sociétal de The Aliens est omniprésent. L’autre, l’étranger (traduction littérale de “alien”) fait peur, subit le racisme quotidien de la part des humains et n’a quasiment aucun espoir d’ascension sociale. La campagne virale pour la série était centrée sur ce slogan “Fight Human Oppression”. Car évidemment, les Aliens ont fini par se regrouper et par créer leur mouvement révolutionnaire, The Alien League.
Derrière ses couleurs flashy et ses moments de pur délire, The Aliens évoque le racisme, mais aussi la crise des migrants qui frappe l’Europe depuis 2010. Un mur avec contrôles, barbelés et check point sépare Troy de la bonne société anglaise. De quoi évoquer les nombreuses barrières de séparation élevées partout dans le monde (Mexique / Etats-Unis, Turquie / Bulgarie, Espagne / Maroc…) pour contrôler les flux d’immigration.
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Ils sont malins ces petits anglais : on parie que The Aliens va attirer un public jeune qui n’a pas spécialement envie d’entendre parler immigration. Mais la série est tellement divertissante et bien foutue que le sous-texte passe alors comme une lettre à la poste.
Et puis au lieu d’imaginer de “grands méchants aliens” très premier degré comme le font les Américains, Ryan et sa team inversent les clichés. Ce qui ne veut pas dire que les “non-humains” sont tous des personnes très fréquentables. Lewis, qui tombe béatement sous le charme de l’une d’entre elle, la très badass et imprévisible Lilyhot (Michaela Coel), va en faire les frais. Dans les séries anglaises comme dans la vie, les héros sont rares. Chacun s’arrange avec sa conscience et fait montre de plus ou moins d’empathie et de sens moral.
Le pilote de The Aliens est un joyeux bordel punk, qui ne nous laisse pas le temps de nous ennuyer. Façonné dans le même moule que Misfits et In the Flesh, il apparait moins novateur que ses prédécesseurs. Mais dans un environnement sériel cerné par les reboot et adaptations en tous genres, l’originalité et la liberté de ton anglaise font toujours mouche. On ne boudera donc pas notre plaisir à suivre les aventures déjantées de Lewis, durant les six épisodes que compte la première saison du show.
Note : 3,5/5