The Bold Type : on a discuté empowerment, millennials et journalisme avec Katie Stevens

The Bold Type : on a discuté empowerment, millennials et journalisme avec Katie Stevens

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Par Marion Olité

Publié le

À l’occasion de l’arrivée de la géniale The Bold Type sur Amazon Prime en France, on a discuté avec Katie Stevens de son personnage Jane, d’empowerment et des millennials. Attention, actrice audacieuse !

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Qu’avez-vous pensé de The Bold Type quand vous avez lu le script pour la première fois ?

C’était incroyable ! J’avais eu un rendez-vous avec la chaîne avant d’avoir le script. J’étais assise dans une pièce, entourée de femmes puissantes qui travaillent à la tête du diffuseur. Elles m’ont parlé de la série, comme d’un mélange entre Le diable s’habille en Prada et Sex and the City avec de jeunes femmes vingtenaires, qui vivent à New York et tentent de trouver leur voie. J’adore ces deux références et j’étais complètement surexcitée.

Donc, elles m’ont finalement fait passer le script et m’ont demandé si j’avais une affinité avec un des personnages. J’ai tout de suite senti que Jane était pour moi. J’ai demandé à auditionner pour elle. J’ai juste adoré le fait de pouvoir tourner dans une série qui parle d’amitié féminine d’une façon aussi positive. Il y a tellement de shows qui ne font pas ce travail et montrent des filles en train de médire les unes sur les autres ou de se planter des couteaux dans le dos.

Au contraire, The Bold Type parle de trois véritables amies, qui se soutiennent et s’encouragent les unes les autres. Parce que c’est comme ça que fonctionne l’amitié féminine en réalité [rires, ndlr] ! Je n’ai pas d’amie perfide, qui me trahit, parce que je ne garde pas ce genre de personne dans ma vie. Je pense que c’est vraiment une bonne chose de montrer aux jeunes femmes à quoi ressemble l’amitié entre femmes.

Jane, Kat et Sutton appartiennent à la génération des millennials. Elles sont censées être libres dans leur tête et dans leur sexualité. Mais la série montre que c’est plus compliqué que ça. Par exemple, Jane se rend compte qu’elle cherche juste un mec avec qui être monogame et exclusive. Pensez-vous qu’elle soit plus conservatrice que sa génération ou au contraire qu’elle la représente davantage qu’on ne peut le penser ?

Je pense que les gens ont une fausse image de cette génération des millennials. J’ai participé à un panel sur ce sujet juste la semaine dernière. Il y a tellement de fantasmes et de clichés : ils détruisent tout, sont paresseux, ne croient pas dans les relations amoureuses sérieuses et refusent toute forme d’engagement… Je pense que The Bold Type montre exactement l’inverse. Ces filles sont de grosses bosseuses, elles croient en l’amour et elles se battent pour ce qu’elles veulent. Cette génération travaille plus que les précédentes en réalité, et la série le montre bien.

Il peut aussi y avoir des jeunes qui n’ont pas envie de se lancer dans une relation amoureuse ou de développer une carrière. Ce choix appartient à chacun d’entre nous. Les gens veulent des choses différentes dans la vie. Je trouve que The Bold Type permet de mettre en avant toute la complexité des millennials.

“Les gens ont une fausse image de la génération des millennials”

The Bold Type s’attaque avec pertinence et humour à la sexualité des jeunes femmes. Mais j’imagine que ces scènes ne sont pas simples à tourner.

J’ai effectivement dû tourner quelques scènes de sexe dans la première saison. Et ce n’est jamais simple parce qu’évidemment, ce n’est pas comme dans la vie. Je n’en pince pas pour mon partenaire. Et il y a toutes ces caméras et vous êtes dans une position un peu vulnérable, peu habillée… C’était difficile pour moi.

Heureusement, mon partenaire de jeu, Dan Jeannotte, a été vraiment respectueux et gentil. Il voulait s’assurer que je me sentais bien et en sécurité. C’était définitivement instructif en tout cas ! Je n’avais jamais tourné de scènes de sexe avant.

La série évoque plusieurs sujets de société sensibles, comme le mouvement “Free the nipple”, le cyberharcèlement ou encore la culture du viol. Y a-t-il un épisode qui vous a particulièrement touchée ?

Je pense que nous avons fait un très bon travail, effectivement, en prenant à bras-le-corps des sujets de société complètement dans l’actualité, sans submerger nos fans pour autant. L’un des épisodes qui m’a le plus marquée, c’est le sixième, “The Breast Issue”, qui parle du cancer du sein, de la mutation du gène BCRA, et du test possible pour savoir si on est porteuse de ce gène. Je trouve ça très important. Je n’étais pas au courant moi-même de l’existence de ce test. Faire un épisode qui permet d’éveiller les consciences sur un sujet comme celui-ci, c’est super.

Personnellement, j’ai été touchée par cette maladie : la mère de mon fiancé est décédée d’un cancer du sein, tout comme la mère de Jane dans la série. Quand j’ai tourné cet épisode, j’avais un peu l’impression de raconter d’une certaine manière l’histoire de ma belle-mère. Je voulais tout donner, encore plus que d’habitude, pour faire le meilleur job possible.

The Bold Type est une série qu’on peut qualifier d’empowering, c’est-à-dire qu’elle encourage les femmes à être audacieuses dans tous les domaines de leur vie. Vous êtes-vous aussi sentie plus intrépide vous-même en tournant dans ce show ?

Oui, complètement ! À travers les storylines, on a appris tant de choses, que ce soit sur nos personnages ou sur nous-mêmes. Par exemple, je n’avais aucune idée de ce qu’était un œuf de yoni [rires, ndlr], ou à quoi ça servait. Maintenant, on en a toutes un ! La série encourage les jeunes femmes à poursuivre leurs rêves, et c’est ce que nous faisons aussi, nous les actrices. Et je pense qu’elle me pousse à réfléchir à ce que je veux vraiment faire et non à ce que cette industrie attend de moi.

Et puis, j’ai eu de si nombreuses réponses de fans féminines de la série qui me disent qu’elles veulent être journalistes comme Jane. Le fait que Jane prenne son destin professionnel en main, c’est vraiment inspirant pour elles. C’est la chose la plus importante et c’est ce pourquoi j’adore mon métier, pour faire ressentir des choses aux gens à travers mon personnage. Et j’ai la chance de pouvoir leur donner envie de poursuivre leurs propres rêves. Faire partie de cette série nous a définitivement inspirées.

“Faire partie de cette série nous a définitivement inspirées”

Votre personnage est journaliste et la série se déroule dans une rédaction Web. Que pensez-vous de ce métier, il vous aurait attirée ?

Je ne pense pas que j’aurais été capable d’être journaliste. Respect à toutes les personnes qui ont choisi ce métier ! En incarnant Jane, j’ai réalisé à quel point c’était difficile. Il faut être une sorte de combinaison entre avant-gardiste et téméraire dans la façon dont tu choisis tes sujets. Il faut aussi être très attentive à la personne sur laquelle tu écris, comment tu vas la dépeindre… Il faut parfois rester politiquement correct.

C’est un métier fascinant pour moi mais aussi complètement effrayant [rires, ndlr] ! On voit bien que Jane fait face à des soucis suite à ce qu’elle écrit. Rien ne se passe comme elle l’espérait. C’est compliqué et je pense que tu peux te retrouver à deux doigts d’être virée suite à un article. Donc, je pense que ce que vous faites, les journalistes, c’est incroyable !

Justement, dans quel état d’esprit va-t-on retrouver Jane dans cette saison 2 tant attendue de The Bold Type ?

Je n’ai pas encore lu un seul script de la saison 2. Le tournage commence dans deux semaines, et je suis excitée au plus haut point ! Vu la fin de la saison 1, je sais que Jane va explorer de nouvelles opportunités. Elle est partie vers un potentiel nouveau job. Je pense que nous allons voir pour la première fois Jane faire face à un échec, et devoir se retrousser les manches pour rebondir. Je pense que ça va toucher tous les aspects de sa vie. Je suis super impatiente de jouer tout ça, car on n’a encore jamais vu Jane échouer vu que c’est une telle perfectionniste. J’ai un peu hâte de la voir se lâcher un peu.

On a parlé de l’impact du show sur les jeunes femmes. Mais avez-vous eu aussi des retours de la part des hommes ?

Oui, absolument ! L’autre soir, on dînait au restaurant avec les filles. Un homme est venu vers nous et nous a demandé : “Vous êtes les actrices de The Bold Type ?” On répond donc que oui, et là il nous dit : “Oh mon Dieu ! Attendez !!” Et le mec va chercher sa copine : “Dites-lui qu’il faut absolument qu’elle regarde cette série !” [rires, ndlr]. C’était drôle parce que, pour une fois, c’était le mec qui regardait The Bold Type et pas la fille. Si d’un point de vue marketing, on peut se dire que la série n’est a priori pas pour eux, je connais pas mal d’hommes qui lui ont donné une chance et qui l’adorent !

Les fans masculins me disent souvent que c’est leur plaisir coupable. Et je leur réponds qu’ils ne devraient pas se sentir coupables [rires, ndlr] ! Et quand ils disent qu’ils ne sont pas la cible, je leur dis, si vous l’êtes maintenant, alors allez répandre la bonne parole et dire aux autres hommes de regarder notre show.

Ma dernière question concerne votre série précédente, Faking It : qu’arrive-t-il à Amy et Karma après le final de la saison 3 selon vous ?

Le cocréateur Carter Covington a réalisé que la fin de la série avait attristé par mal de fans et il a donc écrit un article pour expliquer ce qu’il se serait passé s’il avait pu tourner d’autres épisodes. Pour lui, Amy et Karma auraient essayé d’être ensemble mais elles auraient finalement compris qu’elles étaient de meilleures amies qu’amoureuses.

L’idée était de satisfaire les fans tout en faisant passer ce message : au final, c’est la relation d’amitié sur le long terme la plus importante. Car au-delà d’Amy qui découvre sa sexualité et tombe sous le charme de Karma, Faking It est l’histoire de leur amitié et comment elle peut les aider à surmonter tous les obstacles qui se sont mis sur leur chemin.

La première saison de The Bold Type est disponible sur Amazon Prime Vidéo en France depuis ce vendredi 8 février.