C’est toujours quand The Walking Dead dépose les armes qu’elle se bonifie

C’est toujours quand The Walking Dead dépose les armes qu’elle se bonifie

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Jeffrey Dean Morgan as Negan – The Walking Dead _ Season 8, Episode 1 – Photo Credit: Gene Page/AMC

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Par Adrien Delage

Publié le

Negan et le complexe de la divinité

Le passage le plus important de l’épisode est bien entendu le huis clos entre Negan et Gabriel. Au lieu de s’entre-tuer, les deux hommes décident de discuter, et même de se confesser l’un à l’autre : les plans resserrés sur les deux personnages qui alternent entre les deux pièces, séparées par un mur, renvoient l’image d’un confessionnal.
Ainsi, c’est l’occasion pour les spectateurs d’en apprendre plus sur les origines du leader des Sauveurs. On découvre notamment qu’avant de massacrer des innocents, de devenir un tyran et de gérer un harem, Negan était amoureux d’une femme qu’il n’a pas eu le courage d’abattre lorsqu’elle s’est transformée en rôdeur.
Sa “Lucille” IRL représente une forme de faiblesse pour cet homme au cœur de pierre. Et qui dit faiblesse, dit humanité. Car c’est à travers son discours fataliste et particulièrement noir que l’épisode humanise Negan. Même si notre colère à l’encontre du tyran ne tarit pas (R.I.P. Glenn et Abraham), Jeffrey Dean Morgan transcende complètement son rôle dans ce huis clos et rend son personnage fragile. Au-delà de ses vannes vulgaires et de ses punchlines acérées, Negan n’a jamais cessé d’avoir la foi, quitte à pervertir ses croyances pour s’imposer comme une forme de divinité à l’égard de son peuple.
Le monde de The Walking Dead est empli de désespoir et de désolation. Pour avancer dans le noir, les survivants ont besoin d’un guide. Certains ont trouvé cette flamme en Rick, d’autres en Ezekiel ou en Maggie. D’une certaine manière, Negan remplit ce rôle pour ses Sauveurs. Il les protège et les nourrit en échange d’un dur labeur, voué à une quête essentielle pour l’humanité : reconstruire la civilisation. C’est bien pour cette raison qu’il considère les hommes comme “une ressource”.

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Comme un monarque du temps des Francs, Negan a la sensation d’être l’élu, brandissant sa batte comme un sceptre royal personnifiant ses pouvoirs divins. Sa méthode d’exécution n’est pas non plus innocente : il supprime les menaces à son régime à l’aide de Lucille, symbolisant une forme de châtiment divin. La comparaison avec l’époque de Clovis Ier n’est pas non plus hasardeuse : rebâtir une civilisation, c’est repartir de zéro. Derrière sa mégalomanie et sa cruauté, Negan poursuit un but au demeurant assez noble, même si la dureté de ce monde zombiesque a perverti sa nature.
Le complexe du messie incarné par Negan est à la fois une destinée qu’il a embrassée et qu’on l’a forcé à accepter. S’il n’a jamais refusé le pouvoir et unifié des centaines de gens sous son seul nom, comme une doctrine collectiviste, qui nous dit que ce n’est pas le peuple qui a plié le genou en premier avant de le faire à sa demande ? Sur ce plan, Negan est comparable à Rick, tous deux animés par cette dualité qui font d’eux des leaders désignés.
Le shérif s’est réveillé de son coma pour guider une communauté d’inconnus d’Atlanta jusqu’à Alexandria, sacrifiant des vies et une partie de son identité au profit de leur survie. L’homme à la batte est le reflet de cette quête vouée à l’échec, qu’il a gérée par ses propres moyens – et avec ses propres abus, comme pour s’évader de cette mission quasi absurde tant l’humain n’est pas préparé pour une situation apocalyptique, qui le dépasse et dont on ignore toujours (et à jamais ?) les origines.

Miséricorde et pénitence