Ivar prend définitivement les commandes de Vikings dans un épisode final impressionnant

Ivar prend définitivement les commandes de Vikings dans un épisode final impressionnant

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Par Adrien Delage

Publié le

Une bataille mémorable, des morts choquantes, une menace d’exécuter l’Aigle de sang… “The Reckoning” comportait son lot de séquences marquantes. Attention, spoilers.

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C’est quelque peu frustrés que les scénaristes de Vikings nous avaient laissés dans “On the Eve”, stoppant l’épisode alors que les armées de Bjorn et d’Æthelwulf allaient charger l’une contre l’autre. Comme prévu, le season finale s’ouvre quasiment sur cette rixe sanguinaire remportée sans trop de surprises par les païens. En revanche, cet épisode n’a pas manqué de rebondissements, achevant sans pitié d’un coup de hache bien senti nos petits cœurs de spectateurs passionnés. La boue et le sang ont recouvert le champs de bataille, les boucliers ont volé en éclats et des figures majeures de la série (et de l’Histoire) ont passé l’arme à gauche dans un dernier râle victorieux pour certains.

Avec cet épisode, Michael Hirst et ses scénaristes referment, douloureusement pour une bonne partie des spectateurs, le chapitre sur Ragnar. De manière plus générale, comme peuvent le faire des séries comme Skins dans un tout autre registre, la saison 5 de Vikings marquera véritablement le début d’une nouvelle génération. Exceptée Lagertha, les plus anciens personnages du show laissent leur place aux fils de Ragnar et aux baroudeurs ambitieux comme le roi Harald. Mais s’il y a bien l’un d’entre eux qui sort du lot, c’est Ivar le Désossé, digne héritier de la frénésie belliqueuse de son père.

Passation de pouvoirs

Les petits porcelets ont bien grandi, surtout Ivar. Pourtant, c’est le seul qui n’arrive pas à tenir sur ses deux jambes sans un appui ferme. Depuis le voyage au Wessex avec Ragnar, Ivar a pris les rênes de Vikings. Malgré sa maturité, Bjorn est complètement obnubilé par le désir de découverte qui animait également son père. Ubbe et Hvitserk n’ont pas le charisme nécessaire pour mener les hommes au front. Ivar possède, lui, ce grain de folie qui brillait déjà dans les yeux de Ragnar. On a eu le droit à un aperçu de cette démence lorsqu’il a mis fin aux jours de son frère Sigurd dans un accès de colère.

De son père, Ivar tient ses qualités de fin tacticien. Il compense son manque de mobilité par une capacité de réflexion hors du commun, comme il l’a prouvé en jouant au jeu du chat et de la souris contre l’armée d’Æthelwulf dans l’épisode 19. La partition d’Alex Høgh Andersen, l’interprète d’Ivar, est impériale. Pour plus de crédibilité, l’acteur poursuit les mimiques irrésistibles que Travis Fimmel conférait à Ragnar pour transcender le personnage.

Pour en revenir à la superbe lutte opposant les forces des Vikings contre le Wessex, difficile de ne pas y voir des points commun avec la “Bataille des Bâtards” de Game of Thrones. Les chevaux qui s’écrasent au combat, la boue, le brouillard, ces plans aériens qui surplombent le champ de bataille… Si la séquence de Vikings était plus courte et insistait sur les passages en slow motion plutôt qu’un plan-séquence pour marquer le coup, on a retrouvé toute la férocité et la rage de vaincre de nos héros. Une bonne surprise quand on sait que la deuxième partie de la saison 4 comportait très peu de scènes d’action aussi grandioses.

Une autre rixe se joue en arrière-plan, comme souvent dans la série. Une bataille plus cérébrale, qui oppose depuis toujours deux rivaux qui se sont aimés autant qu’ils se sont haïs. Car même après la mort, Ragnar et le roi Egbert continuent de jouer leurs cartes pour aider leur peuple à survivre et se débarrasser de la menace qui plane sur eux.

Ragnar et le roi Ecbert, même combat

Si la passation de pouvoirs entre les plus jeunes et les plus vieux a eu lieu dans cette saison 4, les anciens comptent bien laisser leur trace avant de rejoindre le Valhalla ou le Paradis. Ragnar et le roi Ecbert avaient tous les deux un plan avant de mourir. Sans contestation, celui de l’ancien roi des Vikings a fonctionné. Ses fils ont rassemblé la plus grande armée de païens jamais vu auparavant, tuant au passage les deux commanditaires de la mort de leur père, le roi Ælle et le roi Egbert. Malheureusement, Ragnar n’avait pas percé à jour la combativité de son rival, qui a su nous duper.

Le roi de la Mercie et du Wessex semblait complètement abasourdi et abattu après la mort de Ragnar. Les scénaristes de la série voulaient physiquement marquer le coup, allongeant et grisant ses cheveux, alourdissant ses traits et ses cernes comme s’il était au bord de la mort. Mais comme le twist du décès de Ragnar en saison 3, tout n’était qu’illusion. Le roi Egbert était en réalité en pleine possession de ses moyens, contrairement à cette scène où il fait ses adieux à sa famille, en proie à une crise de démence et illuminé d’une révélation divine. Une séquence un poil surjouée par Linus Roache, mais suffisamment convaincante pour nous faire croire à sa déchéance.

Toutefois, le roi Egbert avait tout prévu. Il a volontairement baptisé son fils roi pour que les droits de propriété sur les terres de l’Est du Wessex donnés à Björn restent invalides. Il a ensuite semé la zizanie parmi les fils de Ragnar, événement imprévu par l’ancien roi des Vikings, et qui a finalement causé la dissolution de la grande armée. Chacun va aller de son côté, tandis qu’Ubbe et Hvitserk risquent de traîner une longue rancœur à l’encontre d’Ivar qui a assassiné Sigurd. Pire, le roi Egbert semble les mener tout droit vers une mort certaine puisque les terres faussement offertes appartiennent à Bishop Heahmund (Jonathan Rhys-Meyers), un mystérieux personnage introduit dans la dernière minute de l’épisode.

Finalement, le roi Egbert a tout fait comme Ragnar : il a joué sa dernière carte en manipulant son propre fils et ceux de Ragnar. C’est bien pour ça que la relation qui liait les deux seigneurs reste si importante dans la série. Ils ont douté ensemble, viennent de religions différentes, mais se ressemblent comme personne. Ils agissent tous les deux pour le bien commun de leur peuple, pour une cause qu’ils ont embrassée mais qui a fini par les dépasser. Tous les deux ont choisi de mourir pour servir un plus grand but et être glorifiés jusqu’à la fin des temps.

Ragnar restera comme le plus grand de tous les conquérants Vikings, Egbert comme un roi qui s’est sacrifié pour sa patrie et est mort en n’abandonnant pas un lieu sacré aux yeux des Chrétiens. Même dans la tombe, ils continuent de déplacer leurs pions sur ce géant échiquier. Que la partie se joue dans le Wessex ou près de la mer Méditerranée, la saison 5 de Vikings ne pourra pas se passer de Ragnar et du roi Egbert, puisque les âmes des deux défunts planent toujours sur les conquérants de demain.