Plaisir coupable : Dynasty, c’est le nouveau Gossip Girl (en mieux)

Plaisir coupable : Dynasty, c’est le nouveau Gossip Girl (en mieux)

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© Netflix / The CW

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Par Florian Ques

Publié le

Fallon Carrington is the new Blair Waldorf, n'en déplaise aux haters.

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On ne va pas se mentir, Gossip Girl n’aura jamais été une œuvre brillante. La réal’ des épisodes était classique au possible et certaines intrigues étaient parfois aussi plates que Nate Archibald, dont le charisme était fréquemment aux abonnés absents. OK, c’était un peu gratuit. Tout ça pour dire que, malgré ses (nombreux) défauts, la série créée par Josh Schwartz et Stephanie Savage aura su être sévèrement addictive tout au fil de sa diffusion. Ça, difficile de prétendre le contraire.

Et depuis son arrêt en 2012, une petite poignée de séries ont tenté de reprendre le flambeau, chacune à leur manière, comme All American, la méconnue Youth & Consequences ou encore la sensation ado de ces dernières années, j’ai nommé Riverdale. Pour autant, aucune n’est parvenue à reproduire le même côté jouissif qu’avait Gossip Girl à ses meilleures heures. La seule à y être arrivée, c’est Dynasty, et si vous ne la suivez pas encore religieusement chaque semaine, il est encore temps d’y remédier.

En vérité, si on veut être exact, on parlerait plutôt de Dynasty 2.0 étant donné qu’il est ici question du remake d’une série iconique des 80’s. Pour beaucoup de quinquagénaires, le show originel est resté mémorable pour ses crêpages de chignons en règle – d’ailleurs source de nombreux gifs bien sassy comme on les aime – et les brushings démesurés de ses personnages féminins. En 2019, ça s’est un peu calmé sur le plan capillaire, mais on ne peut pas en dire autant pour ce qui est des règlements de comptes et autres joutes verbales enflammées.

Remis au goût du jour, le Dynasty du XXIe siècle braque ses caméras sur le clan Carrington, une famille qui a fait sa fortune grâce au business des énergies, menée par son leader, le tout-puissant Blake. Ce dernier a deux enfants, Fallon l’insolente et Steven le responsable, qui sont tous les deux chamboulés en apprenant que leur père va épouser Cristal, une nobody qu’ils soupçonnent d’être surtout intéressée par le pactole familial. Enfin ça, c’est surtout le pitch du début de la première saison. Nous sommes présentement en cours de saison 2 et la roue a bien tourné depuis.

C’est précisément là que réside la force de Dynasty, soit dans sa faculté à constamment pousser ses pions dans de nouvelles directions, quitte à renverser totalement son échiquier dans la foulée. Et souvent, ça peut partir très, très loin. Des explosions, des kidnappings, des incendies volontaires… Non, Dynasty n’hésite pas à faire dans le too much, faisant ainsi honneur aux grosses ficelles des soap operas américains. Ici, tout est possible, un peu comme dans Gossip Girl. Mais ça, c’est surtout parce que c’est le même tandem de showrunners qu’on retrouve derrière les deux productions.

Seulement, au contraire de son aînée, Dynasty repousse parfois ses propres limites, que ce soit à travers des éclairs de génie méta ou en se challengeant sur le plan créatif. On pense, par exemple, à un épisode de la deuxième saison où la majorité de l’intrigue s’apparente à une scène rêvée se déroulant dans le monde hypercoloré du Magicien d’Oz. Autrement dit, Dynasty s’amuse et ne se prend absolument pas au sérieux. Au-delà de la diversité présente dans son cast, la série n’est pas spécialement politique, sauf à de rares occasions, et assume à 100 % son statut de plaisir coupable.

© Netflix / The CW

Plus qu’aucune autre série du même acabit, Dynasty a conscience de ce qu’elle est et, plus important encore, de ce qu’elle veut être. C’est un soap pur et dur, et elle accepte son genre à bras ouverts, allant toujours plus loin avec des histoires parfois tellement capillotractées qu’on se dit que les scénaristes se sont franchement fait plaisir. Oui, la série fait du neuf avec du vieux, et certaines dynamiques entre les personnages peuvent paraître déjà vues. Mais on en vient à s’en ficher totalement à tel point que mater son épisode hebdomadaire devient un véritable kif.

Cela dit, s’il vous fallait une seule bonne raison de plonger tête la première dans Dynasty, ça pourrait tenir en deux mots : Fallon Carrington. Réelle héroïne de la série avec ses tenues haute couture et son rouge à lèvres indémodable, Fallon s’est tout de suite démarquée de ses pairs, principalement grâce à ses répliques cinglantes, et sa resting bitch face peut rivaliser avec celle d’Emma Roberts. Vous l’aurez pigé, c’est en quelque sorte la Blair Waldorf du programme, avec un tantinet plus de maturité peut-être. On salue pour ça la prestation impeccable d’Elizabeth Gillies, dévoilée dans la sitcom Victorious au côté d’Ariana Grande, qui semble prendre son pied à incarner ce personnage impertinent.

En prenant un peu de recul, on pourrait dire que Gossip Girl était le brouillon, là où Dynasty est le travail fini, plus soigné et hautement plus décomplexé. La série s’affranchit des aspects problématiques de son aînée – remember la scène du pilote où Chuck tente d’abuser de Jenny sur un toit pour ne plus jamais en reparler, ou presque, par la suite – pour proposer un soap assumé qui vit en adéquation avec son temps. Jouissif, on vous dit !

En France, Dynasty est proposée chaque semaine en US+24 sur Netflix.