Alex Rider, le James Bond adolescent, est de retour dans une série explosive

Alex Rider, le James Bond adolescent, est de retour dans une série explosive

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Par Adrien Delage

Publié le

14 ans après le film de Geoffrey Sax, Alex Rider a droit à une nouvelle adaptation classe mais classique sur le petit écran.

Sur le modèle du James Bond de Ian Fleming, Anthony Horowitz avait créé son propre espion britannique au début des années 2000. Ses romans, vendus à plusieurs millions d’exemplaires à travers le monde, ont fait rêver une génération d’adolescents avides d’aventures extraordinaires. Mais ce succès littéraire avait été entaché par une adaptation ciné, portée par Alex Pettyfer et Ewan McGregor, en 2006. Du propre aveu de l’auteur au Financial Times en 2013, il s’agit même de la plus grosse déception de sa carrière, la franchise n’étant pas parvenue à s’étendre davantage dans le septième art.

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Support décidément clément avec les deuxièmes chances, le petit écran est devenu une opportunité pour Horowitz de faire oublier ce point noir de sa carrière. Avec le rachat des droits d’adaptation par Sony en 2018, une nouvelle adaptation fut mise sur les rails, cette fois avec la présence du romancier sur le banc des producteurs exécutifs. Créées par Guy Burt (The Borgias), les aventures d’Alex Rider 2.0 sont issues d’un mélange entre les deux premiers tomes de la saga, Stormbreaker et Pointe blanche. Alex Pettyfer a cédé sa place à Otto Farrant, jeune acteur britannique aperçu dans The White Queen et Marcella.

Comme l’agent 007, Alex Rider est un ado orphelin recueilli par son oncle Ian. Intelligent et débrouillard, le jeune homme vaque à ses activités lycéennes jusqu’au jour où son tuteur est assassiné. Rapidement, il découvre que l’affaire est étouffée par les services spéciaux britanniques, pour lesquels œuvrait son oncle, et commence à enquêter sur les véritables raisons du meurtre. Face à la maturité et au potentiel d’Alex, le MI6 décide de tout lui avouer et de lui proposer un job exceptionnel : reprendre la mission de Ian et faire tomber une dangereuse conspiration.

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Le style british de cette nouvelle adaptation s’inscrit dans un renouveau des séries d’espionnages pour ados et jeunes adultes, à la croisée de Pennyworth et de la saga Kingsman au cinéma. Alex Rider est une série élégante et bien produite, bien loin des clichés américains grossiers du film de 2006. Par ailleurs, Otto Farrant est un acteur au physique bien plus commun et réaliste qu’Alex Pettyfer, en faisant un lycéen identifiable et non un idéal masculin à atteindre, voire sur lequel fantasmer.

Dès le premier épisode, le héros, dont la coupe n’est pas sans nous rappeler les meilleurs personnages de Skins, est très attachant. S’il possède de nombreux points communs avec James Bond, Alex Rider doit aussi beaucoup à des justiciers plus contemporains de la pop culture tels que Kick-Ass et Artemis Fowl. Certes, son histoire d’espionnage complètement surréaliste s’adresse très clairement à une audience jeune, mais on est vite pris dans le rythme trépidant de la série, portée par un jeune acteur très convaincant.

L’écriture de Guy Burt fait aussi du bien à une saga littéraire qui avait besoin d’être dépoussiérée. Les nouvelles technologies (hologrammes, réalité virtuelle) et les réseaux sociaux ont fait leur entrée dans l’univers d’Alex Rider, tandis que le cast, très blanc à l’origine, s’est diversifié. On pense notamment à l’arrivée de l’actrice noire Ronke Adekoluejo pour interpréter Jack, la tutrice d’Alex, qui s’émancipe de son rôle de simple gouvernante dans la série.

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Si l’espion reste malgré tout un white savior très classique dans son traitement, on appréciera, sans trop en révéler sur l’intrigue, le début d’une critique du capitalisme et de l’élitisme en milieu scolaire dans l’Angleterre d’aujourd’hui. Non, Alex Rider ne va pas sauver le monde, mais plus ou moins semer la pagaille dans le microcosme des ultra-riches. Un sujet particulièrement actuel et débattu en Grande-Bretagne, où les milliardaires européens sont encore légion dans la capitale.

Pour les lecteurs d’Anthony Horowitz, la fidélité de la série représentera clairement un plus en comparaison du film Stormbreaker. Cette nouvelle version d’Alex Rider n’a pas peur de reproduire des moments emblématiques des romans, tout en proposant un paquet de scènes d’action (peu violentes, encore une fois en cohérence avec la cible de l’œuvre) pas toujours très inventives mais maîtrisées. Toutefois, les débuts du jeune espion sont un peu plus sombres voire réalistes que dans les pages des bouquins, notamment à travers une utilisation plus restreinte de ses gadgets farfelus. Un gimmick qui risque de manquer à certains fans pointilleux.

Dans son style, la série Alex Rider reste une production classique, de bonne facture, mais loin de révolutionner le genre de l’espionnage. Les spectateur·ice·s exigeant·e·s et plus adultes y trouveront sûrement une forme de naïveté désagréable, mais ceux et celles plus proches de leur âme d’enfant devraient passer un bon moment en compagnie de l’agent Rider. Anthony Horowitz et ses fans peuvent en tout cas se rassurer : leur héros a définitivement trouvé un meilleur support pour vivre ses aventures et faire tomber la terrible organisation SCORPIA, en attendant le retour de son mentor spirituel au cinéma en novembre 2020.

La première saison d’Alex Rider arrivera très prochainement sur Amazon Prime Video en France.