Avec Daybreak, l’apocalypse devient un délire chaotique et jouissif

Avec Daybreak, l’apocalypse devient un délire chaotique et jouissif

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Par Florian Ques

Publié le

Bien qu'elle soit peu subtile et nage dans les stéréotypes, la dernière série ado de Netflix est un binge-watching irréprochable.

En avril 2013, un remake de Zombieland – le film comique de morts-vivants sorti en 2009 – débarquait sur Amazon Prime Video. Ce n’était qu’un pilote, lequel confiait les rôles de Columbus, Tallahassee et les autres à un casting flambant neuf (et bien moins attrayant, on peut se l’avouer). Pour d’obscures raisons, une saison complète ne fut pas commandée et le projet fut tout logiquement tué dans l’œuf. Si cette annulation prématurée vous a attristé·e·s, réjouissez-vous, puisque la dernière production made in Netflix s’impose comme une héritière directe du long-métrage signé Ruben Fleischer.

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Adaptée des comics éponymes, Daybreak entreprend de revisiter l’apocalypse à sa sauce. L’action se situe à Glendale, ville fictive de Californie frappée par ce qui semble être une attaque nucléaire, causant la mort de tous les adultes et enfants à des kilomètres à la ronde. Enfin presque, étant donné que les adultes ayant miraculeusement survécu sont devenus des versions léthargiques d’eux-mêmes, ne s’activant que pour se nourrir de chair fraîche. Yes, ce sont désormais des zombies.

Au beau milieu de cette terre désolée, Josh, 17 ans, est l’un des nombreux ados à être sortis indemnes de ce désastre humain. Solitaire dans l’âme, il va néanmoins se lier d’amitié avec Angelica, gamine aussi précoce que pyromane, et Wesley, un harceleur repenti qui essaie de se racheter une conscience en devenant un samouraï pacifiste. Ensemble, ils tâchent de survivre alors que les ados restant·e·s sont divisé·e·s en cliques, toutes prêtes à s’entre-tuer. Mais Josh est au-dessus de tout ça : ce qu’il veut, lui, c’est retrouver sa bien-aimée, Sam Dean.

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Alors attention, avant de faire l’éloge de Daybreak, une mise au clair est de rigueur. Oui, cette série repose sur énormément de clichés. Certains qu’elle s’amuse à déconstruire, d’autres qu’elle renforce sans trop s’en rendre compte (et dont, franchement, on se passerait bien). Oui, la série est terriblement prévisible. On anticipe sans aucun mal les prétendus rebondissements disséminés au fil de cette première saison, surtout le twist final. En tout et pour tout, on peut le clamer haut et fort : Daybreak ne réinvente pas la roue. Mais bon sang, qu’est-ce qu’elle est fun à binge-watcher !

Ce teen drama postapocalyptique s’apparente à un mélange bordélique mais efficace de plusieurs œuvres déjà existantes. On s’empare des codes d’une série ado classique à la Glee pour mieux les croiser avec un univers destroy qui évoque la saga Mad Max. Saupoudrez un peu d’humour méta à la Zombieland, une légèreté ambiante façon Sex Education et ajoutez finalement un filtre Instagram aux teintes saturées sur le tout. Roulements de tambour : Daybreak est née.

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À bien des égards, on pourrait accuser la série d’avoir été conçue grâce à un algorithme tellement elle coche des cases pour happer un large public. Mais si elle se montre aussi jouissive à regarder (et à dévorer), c’est bien parce que ses showrunners, Brad Peyton (San Andreas) et Aron Eli Coleite (Heroes), s’éclatent et se donnent zéro limite. Daybreak se pare d’une mythologie vaste, brise fréquemment le quatrième mur, se permet de changer de narrateur en plein milieu d’épisode et tente même de se la jouer Buffy contre les vampires en proposant une moitié d’épisode sans aucun dialogue.

Mais quand ils sont là, les dialogues sont souvent réussis. À défaut d’être toujours finement écrits, ils sont criblés de références pop pour initié·e·s. Le personnage d’Angelica, incarné avec brio par la prometteuse Alyvia Alyn Lind, sort du lot, bénéficiant de répliques qui font souvent mouche. Le plus appréciable néanmoins, c’est sans doute l’inclusivité éminemment naturelle qui se dégage de Daybreak, aux antipodes d’idée de quotas à remplir qu’on repère dans d’autres séries contemporaines.

Addictive et barrée, Daybreak est une véritable leçon de binge-watching tant ses dix épisodes (d’une cinquantaine de minutes environ tout de même) se gobent à une vitesse inouïe. Faute de réel message à soutenir, la série ne risque pas de figurer dans les tops de fin d’année. On mise clairement ici plus sur la forme que le fond, avouons-le. Mais en matière de divertissement pur et dur, difficile de faire mieux.

La première saison de Daybreak est disponible dès maintenant sur Netflix.