The Punisher : Frank Castle repart défendre la veuve et l’orphelin dans une saison 2 énervée

The Punisher : Frank Castle repart défendre la veuve et l’orphelin dans une saison 2 énervée

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© Cara Howe/Netflix

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Par Adrien Delage

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La saison 2 du Punisher marche dans les pas de la première, avec un cocktail explosif composé d’hémoglobine, d’armes de gros calibre et de méchants impitoyables.

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Et ils ne furent plus que deux. Sur les six séries Marvel de Netflix lancées à partir de 2015, Jessica Jones et The Punisher sont les dernières debout suite à la récupération de ses licences par Disney. Avec un certain pessimisme, on prédit au reste de la clique un avenir similaire, même si la plateforme de streaming n’a encore rien officialisé. Sauf que l’heure n’est pas aux regrets mais plutôt à la colère puisque Frank Castle est de retour dans une saison 2 pour casser des gueules et employer ses méthodes expéditives afin de sauver sa peau et celle de ses (rares) proches encore en vie.

Ce nouveau chapitre du vigilante au crâne de mort débute quelque temps après la fin de la première saison, qui s’était conclue sur le massacre de Billy Russo (Ben Barnes) et la disparition de Frank Castle dans la nature suite à sa liberté retrouvée. Désormais incognito, celui qui se fait surnommer Pete traverse les États-Unis en quête d’apaisement et de reconstruction. Mais ses pulsions meurtrières vont rapidement reprendre le dessus lorsqu’une jeune femme est attaquée dans un bar et que les souvenirs de son ex-compagnon d’armes refont surface sur son lit d’hôpital.

Un vengeur taiseux pour une vengeance sanglante

Autant être aussi direct qu’une droite de Frank Castle. Tous les fans de la première saison du Punisher seront comblé·e·s dès les deux premiers épisodes de la saison 2. La série reprend sur un season premiere calme en apparence, où l’on retrouve un justicier anormalement flegmatique et souriant. Mais il retrouve vite la voie de la violence dans un premier épisode admirablement bien mené, où la tension monte progressivement. Une fois la rage de Frank libérée, on se prend en pleine tronche une séquence de vingt minutes jouissive et ultrabrutale, où il massacre un groupe de malfaiteurs un à un.

Comme depuis la saison 2 de Daredevil, Jon Bernthal est impérial dans ce rôle. Glacial quand il a le visage ensanglanté, très touchant lors des rares scènes de confidence sur son passé cauchemardesque, l’acteur américain livre sa partition avec une assurance palpable. Mais occultés par son aura, les personnages secondaires peinent à vraiment exister. C’est le cas d’Amy (Giorgia Whigham, lumineuse et convaincante), l’énigmatique adolescente pour laquelle Frank se prend d’affection. Leur relation n’a pas l’alchimie et le dynamisme qu’avait celle de Micro (Ebon Moss-Bachrach, malheureusement aux abonnés absents dans ce chapitre) et du justicier en saison 1.

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Toutefois, la série se rattrape avec ses méchants un poil caricaturaux mais qui sentent bon la référence aux comics. Entre un prêtre conservateur, mafieux typique du film noir des années 1950 (un inquiétant Josh Stewart, vu dans Shooter), et la naissance de Jigsaw, némésis du Punisher avide de vengeance, Frank et le spectateur n’ont pas une seconde de répit. Même si la saison 2 n’échappe pas au traditionnel syndrome de ventre mou des séries Marvel de Netflix (des épisodes bouteilles qui approfondissent certains personnages secondaires mais cassent complètement le rythme), on profite de chaque goutte de sang versé et de chaque douille utilisée tant les chorégraphies de combat sont puissantes.

On appréciera également le road trip du tandem principal, qui insuffle une tonalité western à cette nouvelle intrigue et lui confère un rythme percutant. Le Punisher retourne à ses origines en parcourant l’Amérique profonde, allant d’un motel miteux du Michigan à un autre dans le Missouri. Si la série évite de prendre parti politiquement (alors même que son sous-texte avait dérangé la critique sur la question de l’usage des armes à feu en saison 1), elle se fait le miroir d’une détresse et d’une pauvreté grandissantes dans les régions rurales, enclavées et laissées pour compte des États-Unis. Si la première saison scrutait la façon dont la violence cause des traumatismes sur l’esprit humain, la deuxième nous plonge dans les conséquences de la solitude et le fait avec une dose d’émotion qu’on ne soupçonnait pas chez un personnage aussi imperturbable.

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Cette nouvelle saison surprend également par l’humour qui traverse certains épisodes. Le décalage entre l’absurdité de cet univers ultraviolent et l’humanité qui se dégage de ce surhomme aux mille cicatrices fait sourire, notamment quand Frank se prend une balle dans la fesse droite et tente de l’extraire lui-même. Bref, le showrunner Steve Lightfoot et son équipe tentent de nouvelles approches dans cette saison et, si elles restent classiques dans la forme, ces nuances apportent une profondeur à la série et l’homme derrière le crâne de mort.

Au final, la force de cette deuxième saison réside principalement dans la particularité du Punisher version Jon Bernthal, personnage qui détonne dans le Marvel Cinematic Universe et même parmi les autres séries Netflix de la Maison des Idées. L’arc narratif développé dans ces treize nouveaux épisodes aurait pu être celui d’une saison 3 voire 4 tant il fonctionne comme un vrai standalone nerveux. Si jamais cette saison 2 était la dernière, alors le Punisher pourrait partir en paix. Pas de balles perdues ni de regrets pour ce justicier qui a ranimé la flamme des meilleurs antihéros du début du siècle sur le petit écran. Un drama brutal mais pertinent, sanglant mais dont la violence n’est pas (toujours) gratuite, vengeur mais jamais dictateur.

Les deux premières saisons de The Punisher sont disponibles en intégralité sur Netflix.