Avec “Scars”, The Walking Dead livre l’un de ses plus sombres (et meilleurs) épisodes

Avec “Scars”, The Walking Dead livre l’un de ses plus sombres (et meilleurs) épisodes

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Par Adrien Delage

Publié le

Un nouvel épisode traumatisant avec des enfants. Attention, spoilers.

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On se doutait, en tant que fan de The Walking Dead depuis la première saison, que les Chuchoteurs ramèneraient l’ultraviolence et la terreur au cœur de la série. En revanche, on n’avait pas prévu qu’un épisode flash-back surviendrait en deuxième partie de saison pour nous prendre aux tripes et nous ramener aux heures les plus sombres du show zombiesque. C’est pourtant le cas avec “Scars”, sorte d’épisode filler revenant sur la période entre la disparition de Rick et la foire des communautés, qui renoue une relation tumultueuse avec les personnages enfants de The Walking Dead.

Depuis l’épisode 7 de la saison 9, Angela Kang et ses réalisateurs insistent sur des cicatrices en forme de croix mystérieusement apparues sur le dos de Daryl et celui de Michonne. Comme son nom l’indiquait, “Scars” a donc révélé l’origine de ces marques douloureuses à travers un récit macabre, digne des plus grandes atrocités de Game of Thrones. On parle ici de voir à l’écran la détresse d’une femme enceinte, une scène de torture et surtout plusieurs meurtres d’enfants, séquence intense et cauchemardesque qui va longtemps hanter les fans de la série.

Croix de bois, marquage au fer

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The Walking Dead n’a jamais eu peur d’en faire voir de toutes les couleurs aux enfants de la série. Ils sont des survivants comme les autres, souvent privés d’innocence et bien sûr d’une enfance normale, baptisés par leur premier meurtre de rôdeur. Carl a été défiguré par une morsure de zombie, Beth a connu une fin tragique dans les bras de Daryl tandis que tout le monde se souvient encore de “The Grove”, épisode culte où Carol se résout à abattre la jeune Lizzie d’une balle dans la tête. Les enfants du show sont traités comme des personnages adultes, qui peuvent donc connaître l’amour, haïr et saigner si la situation l’impose.

D’une certaine manière, la saison 9 poursuit son exploitation du trope du “child hater” : l’annihilation de toute forme de candeur et d’innocence chez un enfant, pour en concentrer la haine et la violence à la place. Mais le scénario conçu par Angela Kang, Corey Reed et Vivian Tse pour cet épisode est encore plus tordu. Quand Michonne massacre les bambins de Jocelyn (Rutina Wesley, vue dans True Blood), elle le fait en tant que mère protectrice car la sabreuse porte un enfant et qu’elle est menacée par les enfants entraînés par la psychopathe. Dans l’imaginaire des survivants de la série, certains sont donc prêts à commettre l’irréparable pour protéger les leurs.

La thématique de la fin justifie les moyens est un peu essoufflée dans la série, traitée à répétition au cours des huit saisons précédentes (Lizzie, Carl…). Mais cette séquence traumatisante – on n’avait plus vu pareil violence depuis le season premiere de la saison 7 – est sublimée pour deux raisons. Premièrement, grâce à Danai Gurira qui nous brise le cœur dans les scènes où Michonne est en détresse. La femme du shérif est devenue la leadeuse de la série et personne ne peut contredire son règne. L’actrice américaine brille par son intensité et nous fait réaliser une fois de plus combien Michonne va nous manquer après la saison 9.

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Ensuite, parce que Millicent Shelton, la réalisatrice de l’épisode, a opté pour un montage hors champ des plus glaçants. Une alternance entre les scènes du présent où Michonne massacre des rôdeurs à coups de sabre, juxtaposées avec les flash-back où les enfants tombent un à un sous la même méthode expéditive. On ne voit pas les gamins se faire transpercer voire trancher, mais l’imagination fait le reste. C’est dérangeant, pour ne pas dire choquant, mais la séquence est d’une incroyable puissance alors que Michonne, son ventre de femme enceinte entaillé par une lame, met tout en œuvre pour sauver Judith et ses compagnons d’Alexandria.

En revanche, grosse interrogation voire déception sur les cicatrices des deux personnages. Les croix ne représentaient pas un symbole spécifique, qu’on pensait d’appartenance voire de soumission à un groupe étranger au premier abord, et la raison d’une telle torture nous échappe. C’est une violence plutôt gratuite, si ce n’est que Jocelyn veut ainsi rendre sa jeune communauté plus forte, soutenant une doctrine darwinienne où “seuls les plus forts survivent”, ce qui n’est pas sans rappeler l’époque tyrannique de Negan et plus récemment la vision autoritaire d’Alpha chez les Chuchoteurs.

Le sens de toute cette séquence brutale se retrouve finalement bien plus tard, dans les répercussions et la politique protectionniste de Michonne. Depuis la pseudo-mort de Rick, la leadeuse d’Alexandria est montrée comme particulièrement méfiante, même vis-à-vis de ses plus proches alliés. On comprend donc que l’histoire avec Jocelyn l’a traumatisée, la menant à une forme de paranoïa et à un isolement extrême pour protéger ses suiveurs et sa famille, quitte à rejeter le Royaume, la Colline et Oceanside.

Il lui faudra finalement le courage et l’honnêteté de raconter cette histoire à Judith, une enfant donc, pour laver ses pêchés et rejoindre ses camarades à la foire des communautés. La boucle est bouclée. Du moins, jusqu’à ce que The Walking Dead décide une nouvelle fois de martyriser ses plus jeunes héros.

En France, la saison 9 de The Walking Dead est diffusée tous les lundis en US+24 sur OCS Choc.