In the Dark, un sous-Veronica Mars qui voit trouble

In the Dark, un sous-Veronica Mars qui voit trouble

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Par Florian Ques

Publié le

En voulant être sur tous les fronts, cette nouvelle série de la CW peine à trouver son identité.

Au terme de 2019, la chaîne américaine The CW devra se séparer, pour de bon, de ses deux dramédies phares portées par des femmes : Jane the Virgin d’un côté, Crazy Ex-Girlfriend de l’autre. Pour éviter d’être alors submergé par les productions super-héroïques de l’Arrowverse et autres séries fantastiques à la Supernatural, le network misait sur une nouvelle héroïne, ou plutôt antihéroïne pour le coup, avec la méconnue In the Dark (à ne pas confondre avec l’anthologie horrifique Into the Dark).

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Murphy est une vingtenaire lambda. Elle bosse dans la même boutique que ses parents, vit en colocation, fume des clopes et cumule les plans cul sans lendemain selon son bon vouloir. Ce qui la différencie des autres, c’est qu’elle est non-voyante.

Comme si son quotidien n’était pas assez compliqué, elle tombe un soir sur le cadavre d’un jeune dealer, Tyson, avec qui elle avait sympathisé… mais lorsque les flics débarquent, le corps n’est plus là et on l’accuse d’avoir halluciné. Persuadée d’avoir reconnu au toucher le visage de Tyson, Murphy s’improvise détective et se donne pour mission de résoudre cette sordide affaire.

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Opter pour un personnage principal aveugle, il fallait oser. Alors oui, on peut évoquer Matt Murdock, le justicier non-voyant qui défendait Hell’s Kitchen dans Daredevil, mais ses autres sens sont ultradéveloppés. L’héroïne d’In the Dark, elle, n’a aucune aptitude surhumaine particulière. La série s’en amuse d’entrée de jeu en démontant le cliché qui veut que les personnes non-voyantes aient une meilleure ouïe ou un odorat plus puissant par exemple. Et ça, c’est déjà un bon point.

L’autre bon côté d’In the Dark, c’est son antihéroïne. Durant le pilote, Murphy nous est dépeinte comme un personnage ouvertement je-m’en-foutiste, nonchalant au possible, abonné aux comportements autodestructeurs. Elle réussit à être rapidement touchante, notamment à travers la relation houleuse qu’elle entretient avec sa mère. Bien qu’elle soit justement incarnée par Perry Mattfeld (croisée dans Shameless), elle aurait tout de même mérité d’être jouée par une comédienne réellement malvoyante ou non-voyante, car Dieu sait que les opportunités ne courent pas les rues pour les personnes atteintes de ce handicap.

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Au-delà de ça, In the Dark paraît aussi bordélique que la vie de son personnage central. En une quarantaine de minutes, on peine à cerner l’ADN de cette série, qui oscille entre plusieurs genres – comédie, drame, thriller… – sans jamais parvenir à trouver un équilibre. Pire encore, le souci majeur qu’on décèle, c’est sa tonalité convenue au possible et son manque de prises de risques.

Par moments, on a l’impression que cette dramédie de la CW veut suivre les pas d’une autre série de la chaîne, j’ai nommé Veronica Mars. Une volonté à peine masquée qui se trahit par le tempérament un tantinet misanthrope du protagoniste, ainsi que la dimension enquêtrice en herbe déterminée à résoudre l’affaire de meurtre d’un de ses proches (Tyson est ici l’équivalent de Lilly Kane, en somme). Malheureusement, n’est pas Rob Thomas qui veut, la sauce ne prend pas aussi bien et, au final, le rendu est assez douteux.

Bien que son visionnage ne soit pas désagréable, In the Dark souffre de grosses ficelles scénaristiques qui viennent desservir son propos général. On aurait de loin préféré une dramédie centrée sur une antihéroïne non-voyante et ses tribulations quotidiennes plutôt qu’un thriller bancal vraiment pas nécessaire. C’est une occasion manquée pour la CW, qui ne devrait a priori pas prolonger les mésaventures de Murphy au-delà d’une première saison, et on comprend bien pourquoi.

In the Dark est diffusée sur la CW aux États-Unis depuis le 4 avril 2019, et reste inédite en France.