Nos 10 séries coups de cœur dénichées à Séries Mania

Nos 10 séries coups de cœur dénichées à Séries Mania

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Par Marion Olité

Publié le

La huitième édition du Festival Séries Mania a refermé ses portes dimanche 23 avril après 10 jours d’intenses découvertes sérielles. La rédac de Biiinge a choisi ses pépites. 

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Juda

C’est le coup de cœur des blogueurs, qui lui ont décerné un prix mérité. Créée par Zion Baruch, cette série israélienne ravira les amateurs d’histoires de vampires. Elle raconte les aventures surréalistes d’une petite frappe, Juda, qui vit de trafics en tous genres. Sa vie bascule à la suite d’un voyage en Roumanie, qui se termine par une vilaine morsure infligée par les légendaires vampires des Carpates. Mais ce n’est pas tout. Selon une vieille prophétie, Juda pourrait causer l’extinction des suceurs de sang…

Il faut d’abord accepter le bordel visuel qu’est la série pour réellement l’apprécier. On effectue des allers-retours constants entre des scènes réalistes dans la banlieue grisâtre et des moments beaucoup plus baroques quand les vampires s’invitent dans la danse. La rencontre des deux univers est aussi dingue qu’improbable. L’autre point fort de Juda est d’avoir imaginé une nouvelle mythologie qui joue avec l’histoire des juifs et le mythe de Dracula. Voilà un objet fun, original et décomplexé qui prouve que les séries de vampires ont encore de beaux jours devant elles.

 Bientôt sur SFR Play.

The Swell

Jusqu’à aujourd’hui, les superproductions catastrophes où la planète Terre et l’humanité sont ravagées par une succession de cataclysmes naturels étaient réservées au cinéma. C’était sans compter sur la surprise sérielle nordique The Swell. Créée par Johan Nijenhuis, cette production hollandaise place ses personnages face à une tempête sans précédent et très mal prise en charge par le gouvernement.

Contrairement à 2012Le Jour d’après, The Swell est un drame intimiste qui se passe presque en temps réel. Ainsi, on observe les réactions des différents protagonistes qui suivent le schéma d’une descente aux enfers : les médias s’emballent, le plan d’évacuation tombe à l’eau, les décisions gouvernementales sont désastreuses…

Si les effets spéciaux restent assez décevants, les scénaristes n’ont pas oublié d’apporter de la profondeur à leurs personnages qui se retrouvent en situation de survie. Ces derniers font face à l’eau qui monte en même temps que le gouvernement se retrouve inondé par la mauvaise gestion de la catastrophe. Tendue, réaliste mais jamais trop héroïque contrairement aux films signés Roland Emmerich, The Swell saura nous porter tout au long de son récit haletant. La série reste pour le moment inédite en France.

Ride upon a Storm

Le créateur de Borgen, Adam Price, a pris son temps pour revenir sur le devant de la scène après le succès de sa série politique. Il faut dire que Ride upon a Storm est une série ambitieuse qui lui a demandé de nombreuses recherches. Elle se penche sur la vie d’une famille de pasteurs de père en fils. Si l’Église et la recherche de la foi y tiennent une place importante, la série au sublime générique (tout comme son titre) propose une réflexion résolument contemporaine. On y aborde des sujets aussi variés que la foi en temps de guerre (et le syndrome de stress post-traumatique), l’adultère, l’alcoolisme ou les relations entre père et fils.

Dans le rôle du paradoxal patriarche Johannes, Lars Mikkelsen fait évidemment des étincelles, même si on pourra reprocher au personnage de s’inscrire sans originalité dans la lignée des antihéros torturés. Les personnages des enfants, incarnés par Morten Hee Andersen et Simon Sears, sont finalement les plus intéressants, bien que moins mis en avant. Ride upon a Storm reste néanmoins une série extrêmement prometteuse. Elle chevauche plusieurs genres – le drame familial, la série sur la religion et la quête du sens de la vie, sur la guerre – avec dextérité. 

Bientôt sur Arte.

Kim Kong

Créée par Simon Jablonka et Alexis Le Sec, Kim Kong était la seule série française en compétition officielle cette année à Séries Mania. Elle raconte l’histoire improbable de Mathieu Stannis (Jonathan Lambert), un réalisateur de blockbusters un peu déprimé par ces tournages de longue haleine et à gros budgets. Un jour, il est kidnappé par un dictateur asiatique fan de son travail. Ce dernier demande à Mathieu de réaliser un remake de King Kong dont il est l’auteur, sans quoi il sera exécuté.

Kim Kong expose un comique de situation irrésistible, bien aidé par l’interprétation de Jonathan Lambert. On rit franchement de voir Mathieu se frotter aux contraintes du totalitarisme, à la claque culturelle qu’il se prend en tournant en Asie. Le pitch n’est pas sans rappeler la comédie délirante Tonnerre sous les tropiques, où Ben Stiller et ses potes tournaient en dérision le milieu du cinéma. Mais Kim Kong sait aussi se montrer touchante quand, entre deux vannes bien senties, ses personnages déclarent leur amour au septième art.

Bientôt sur Arte.

I’m dying up here

Les seventies vous gonflent ? Passez votre chemin. Pour ceux qui ont compris que c’était une décennie incroyable, I’m dying up here, nouvelle dramédie sur le monde impitoyable du stand-up américain, se pose là. On aura compris depuis la géniale Louie que les humoristes sont souvent des clowns tristes qui ont le chic pour tourner en dérision leurs propres névroses. C’est exactement ce que montre I’m dying up here, en suivant une petite troupe de comédiens avec plus ou moins de bouteille, qui évoluent sur une scène gérée par Goldie (Melissa Leo), faiseuse de stars au caractère bien trempé. Tout le monde rêve de passer sur la grande scène et de finir le cul posé dans l’émission de Johnny Carson, The Tonight Show.

Gros warning à ceux qui pensent venir voir une comédie indolore : I’m dying up here raconte la vie d’aspirants humoristes à la répartie qui tue, mais aussi pour la plupart assez mal dans leur peau. On y rit jaune ou malaise. Le superbe pilote, signé Jonathan Levine, est plein de promesses. En une heure à peine, on entre dans cette famille de substitution complètement dysfonctionnelle, mais déjà attachante. Et pour celles qui auraient peur que ce milieu réputé masculin donne une série “entre couilles”, la série possède au moins deux protagonistes féminines dignes de ce nom : la tenancière des lieux Goldie et Cassie (Ari Graynor), une humoriste qui commence à en avoir marre d’attendre son heure.

Bientôt sur Canal+. 

I Love Dick

Ce n’est pas la première fois que l’on vous parle de I Love Dick sur Biiinge, et ce ne sera pas la dernière ! Il faut dire que la série de Jill Soloway (Transparent) et Sarah Gubbins s’inscrit dans le mouvement révolutionnaire du “female gaze“, soit (pour vous la faire courte) la réponse au “male gaze”, un concept qui pointe du doigt les œuvres (innombrables) qui objectifient les femmes et ne les représentent que dans le but d’exciter le désir masculin.

Adaptation sérielle de l’autofiction épistolaire de Chris Kraus, culte aux États-Unis, I Love Dick raconte la folle passion d’une femme réalisatrice pour Dick, un écrivain un peu cow-boy qu’elle rencontre lors d’un colloque où elle et son mari Sylvère sont invités. Les deux vont commencer à écrire des lettres enflammées à Dick, qu’ils n’ont vu qu’une seule soirée. Cette série sur le désir féminin, la déliquescence d’un couple et la trajectoire intime d’une femme a déjà reçu le prix spécial de jury à Séries Mania. C’est un must-see.

Sparta

Aussi bien sur le grand que le petit écran, les dérives des nouvelles technologies fascinent et inspirent. Dans la lignée du thriller Nerve sorti en 2016, la Russie se penche aussi sur l’influence néfaste que peuvent avoir les technologies 2.0 avec la prometteuse Sparta. Son pitch ? Une jeune professeure dans un lycée huppé met fin à ses jours, sautant du deuxième étage de l’établissement. Très vite, un flic au passé trouble hérite de l’investigation, soupçonnant une affaire bien plus grande qu’un simple suicide. Le blâme pourrait même se porter sur Sparta, un jeu vidéo sans règles auquel s’adonnent les meilleurs élèves de l’école.

En une petite poignée d’épisodes, Sparta se présente comme une œuvre hybride, mélangeant les archétypes de la série pour ados avec les codes du thriller. Étrangement, la série n’est pas si dépaysante que ça, se calquant sur le modèle américain. Cela dit, le synopsis est plutôt novateur et tient suffisamment en haleine pour aiguiser notre curiosité et donner envie d’en voir davantage. Sparta reste pour le moment inédite en France.

Les Simone

Rien ne va plus pour Maxim. Son mec veut investir dans une baraque et mettre en route leur premier enfant, et ses parents la poussent aussi vers une vie ordinaire et bien rangée. Sur un coup de tête, cette trentenaire blasée déserte son repas d’anniversaire et se tire à Montréal. Flanquée de Laurence, sa BFF un brin égocentrique, et Nikki, la barmaid grande gueule et féministe, l’héroïne des Simone est prête à reprendre sa vie en main et repartir de zéro.

En version courte, cet import canadien francophone devrait plaire aux adeptes de Lena Dunham et ses Girls, s’intéressant également à des femmes en quête de leur identité. La série se frotte à des thématiques épineuses, notamment l’idée que la société contemporaine cloisonne plus qu’elle ne libère. Jonglant habilement entre instants cocasses et prises de conscience mélodramatiques, Les Simone est une dramédie réussie et une jolie ode à l’émancipation féminine. La série reste pour le moment inédite en France.

Below the surface

Depuis plusieurs années maintenant, nos camarades scandinaves ont donné naissance à toute une flopée de drames néo-noirs dans la veine de The Killing ou encore Borgen. La nouvelle venue, Below the Surface (connue au Danemark sous son titre original Gidseltagningen), est une digne descendante du genre. Elle nous entraîne dans les souterrains du métro de Copenhague alors qu’une quinzaine d’individus est prise en otage par un groupe terroriste.

Avec une tension omniprésente et des prestations crédibles, les premiers chapitres de Below the Surface posent les bases d’une série d’action prometteuse. En misant sur le climat de terreur actuel, le show danois s’ancre dans la réalité et captive par sa facilité à nous immerger dans cette histoire qui pourrait assurément avoir lieu IRL. Un divertissement puissant. Below the Surface reste pour le moment inédite en France.

Mercur / Something’s Rockin’

On termine notre tour d’horizon par un vent de liberté, qui souffle à la fin des années 1950 à Copenhague, où se rencontrent deux passionnés de rock. Lassés de n’écouter que la vieille radio officielle danoise qui détient un monopole d’état, les fougueux Flemming (Andreas Jessen) et Jan (Jon Lange) se mettent en tête de créer leur propre radio. Pour contourner la loi, ils vont devoir émettre depuis les eaux internationales. Il fédèrent autour d’eux un groupe d’idéalistes pour mener à bien leur projet.

Produite par Adam Price (encore lui !) qui en a eu l’idée, cette histoire vraie mais peu connue nous plonge dans le Copenhague des fifties, vu par une nouvelle génération qui a soif de liberté et de créativité. On peut reprocher à la série d’être un poil légère et indécrottablement optimiste. Le film Good Morning England (pitch similaire mais en Grande-Bretagne) est passé par là, mais cette ode à la bonne musique, peuplé de personnages sympathiques et plein d’espoir face au conservatisme ambiant, apporte un bol d’air frais bienvenu. Les mélomanes et amateurs de rock en auront pour leur compte.

Un article écrit par Marion Olité, Adrien Delage et Florian Ques