Sweetbitter, une série enivrante entre récit d’apprentissage et descente aux enfers

Sweetbitter, une série enivrante entre récit d’apprentissage et descente aux enfers

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Par Florian Ques

Publié le

Adaptée du roman éponyme paru en 2016, Sweetbitter dépeint le milieu de la restauration comme on ne l’a encore jamais vu sur le petit écran.

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Tout plaquer et prendre la route direction la Grosse Pomme, baluchon sur l’épaule (métaphoriquement du moins), on a tous rêvé de le faire. Le besoin viscéral de renouveau, le désir ardent de se perdre dans la jungle new-yorkaise pour mieux se trouver. C’est ce qui a poussé Tess, 22 ans, jolie brune aux yeux de biche et à la frange inégale, à emménager dans la fameuse ville qui ne dort jamais. Ce nouveau départ nous est dépeint à travers les six épisodes de Sweetbitter, un récit d’apprentissage qui dérape vite en descente aux enfers.

En galère de thunes, notre héroïne vingtenaire enchaîne les entretiens d’embauche et finit par dégoter un job dans un restaurant huppé de la ville. Sans aucune véritable expérience, Tess va devoir carburer pour apprendre les rouages du service, tout en essayant de nouer des liens avec les autres employé·e·s. À commencer par la sophistiquée et indéchiffrable Simone, mais aussi Jake, le bad boy à l’accent britannique pour qui elle semble avoir un léger béguin. Tant de personnages, ses collègues, qui vont lui faire découvrir l’envers de la Big Apple, entre drogues dures et soirées d’ivresse générale.

À l’origine, avant de faire ses débuts au format épisodique sur la chaîne Starz, Sweetbitter est un best-seller publié en 2016, particulièrement salué par la critique littéraire. Et le moins qu’on puisse dire, c’est que la transition en série se fait avec brio. Stephanie Danler, l’autrice, s’est servie de ses expériences en tant que serveuse à l’Union Square Cafe [la toute première enseigne du magnat de la restauration Danny Meyer, ndlr] pour écrire son bouquin, et s’est également chargée de l’adaptation pour la petite lucarne.

Composée de seulement six volets d’une demi-heure, Sweetbitter essaie de caser un maximum d’informations et de développement en un temps minime. Et, franchement, la série s’en tire avec les honneurs, prenant son temps pour nous présenter ce microcosme frénétique et les différents protagonistes qui y gravitent. Dernièrement au casting d’UnReal, Caitlin Fitzgerald montre une tout autre facette de son talent sous les traits de la fascinante Simone, tandis que Tom Sturridge (Sur la route) fait son possible dans un rôle un peu plus cliché.

Mais la vraie révélation de cette courte série, c’est bien Ella Purnell. Peu connue du grand public (hormis sa contribution au long-métrage Miss Peregrine et les Enfants particuliers), elle brille dans ce rôle d’ingénue qui ne demande qu’à être pervertie. Entre deux services effrénés où elle virevolte d’un invité à un autre (car ici, il n’y a pas de clients, seulement des invités), Tess reçoit des leçons d’œnologie et de gastronomie de la part de son patron, le stoïque Howard, et de Simone, de facto son modèle dans le restaurant et au-delà.

Sucré, acide, salé, amer. Au fur et à mesure que Tess se familiarise avec ces sensations gustatives, notre héroïne candide apprend à développer son palais. Le parallèle entre cet apprentissage sensoriel et son immersion dans les coulisses oppressantes de la restauration est rapidement mis en évidence, surtout via les expressions faciales de Tess qui oscillent entre crainte et émerveillement. Tandis qu’elle est fascinée par ce monde nouveau qui la happe lentement, on est fascinés, nous aussi, par sa propre expérience.

Au bout du compte, Sweetbitter est une série bien trop courte, mais son format expéditif nous pousse à savourer chaque épisode, un peu comme si les scénaristes voulaient eux aussi aiguiser notre palais de sériephile. Cette première saison est l’équivalent d’une mise en bouche, un simple amuse-gueule qui nous met en appétit et donne envie d’en engloutir davantage.

Sweetbitter est diffusée sur Starz outre-Atlantique depuis le 6 mai, et reste inédite en France.